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«Alger fut aussi, avec Londres, la capitale de la France libre» Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'Etat français chargé des Anciens combattants et de la Mémoire :
Dans un discours prononcé lundi soir à la résidence Les Oliviers d'Alger, Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'Etat français auprès du ministre de la Défense, chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, a tenu à rendre un vibrant hommage aux milliers d'Algériens qui ont combattu durant les deux Guerres mondiales. L'hôte de l'Algérie n'a pas omis aussi de saluer la mémoire de ceux qui ont été tués le 8 mai 1945 et durant la guerre d'indépendance 1954-1962. «C'est dans un lieu chargé d'histoire que je vous parle aujourd'hui. Car c'est ici que vivait, il y a 70 ans, le général De Gaulle et sa famille, lorsque le Comité français de libération nationale siégeait à Alger», ainsi a entamé son discours Todeschini, rappelant qu'Alger est «une des rares villes étrangères décorées de la légion d'honneur qui témoigne des liens singuliers qui existent entre la France et l'Algérie». Le représentant du gouvernement français qui s'est rendu à Oran, dans les nécropoles de Mers El Kebir et du Petit Lac, a rendu hommage aux 11 000 soldats et marins français tombés en Algérie, au service de la France. «En venant en Algérie, je suis d'abord venu rappeler ce que furent les sacrifices de tous les soldats algériens qui ont combattu sous le drapeau français», a-t-il ajouté. «J'ai une pensée pour les 175 000 soldats d'Algérie qui ont participé à la Première Guerre mondiale, fraternellement confondus avec les millions de soldats venus de toutes les provinces de France. Au total, 26 000 tués et disparus ne rentreront jamais en Algérie», a-t-il appuyé. Selon le ministre français, les unités de tirailleurs et de spahis algériens ont participé à tous les grands combats, de l'offensive de Champagne à la Bataille de la Somme. A la fin de la guerre, les unités de tirailleurs algériens figuraient, selon lui, parmi les plus décorées de l'armée française. Durant la Seconde Guerre mondiale, 150 000 Algériens ont été mobilisés. «Beaucoup sont tombés lors de la campagne de France, dans la poussière des collines de Monte Cassino ou encore sur le sable des plages du débarquement de Provence d'août 1944», a tenu à souligner Todeschini. «(…) Alger fut aussi, avec Londres, la capitale de la France libre». Mais le 8 mai 1945, la France qui célébrait la victoire totale contre le nazisme, manquait aux idéaux qui n'avaient cessé de l'animer. Ce jour-là, en Algérie, des milliers de manifestants pacifistes ont été tués à Sétif, Guelma et Kherrata. A ce propos, le secrétaire d'Etat français a rappelé les mots du président Hollande employés en décembre 2012 lors d'une visite à Alger : «Les massacres de Sétif, de Guelma et de Kherrata demeurent ancrés dans la conscience des Algériens, mais aussi des Français. Parce qu'à Sétif, le 8 mai 1945, le jour-même où le monde triomphait de la barbarie, la France manquait à ses valeurs universelles.» Ces milliers de victimes qui s'ajoutent à celles de la guerre 1954-1962 entachent à jamais l'histoire de la France. «Ces pages noires, qui font partie de notre histoire, nous obligent à la lucidité sans laquelle il n'y a pas d'avenir commun possible», a reconnu l'hôte d'Algérie. Cette histoire commune dicte, selon lui, de bâtir un destin fraternel pour la France et l'Algérie, notamment dans le cadre du Comité intergouvernemental de haut niveau. Parmi les sujets qui seront pris en charge en ce sens, la question des disparus de la Guerre d'Algérie. Ensuite, la valorisation des hauts lieux de mémoire commune, dont le mémorial du débarquement de Provence, au mont Faron. Le président français a demandé sa rénovation pour mieux rappeler le rôle de ces soldats venus d'Algérie et du reste de l'Afrique – mais aussi des territoires français du Pacifique et d'Amérique – pour libérer la France. Le secrétaire d'Etat français a annoncé la remise au président Hollande, dès son retour en France, le premier exemplaire du livre que les élèves du lycée international Alexandre-Dumas d'Alger ont rédigé sur la place de l'histoire de l'engagement algérien dans les deux guerres mondiales. C'est ainsi que Todeschini a insisté sur la fraternité franco-algérienne, en citant la défunte écrivaine Assia Djebar, algérienne et membre de l'Académie française et Germaine Tillion, militante infatigable du dialogue franco-algérien, qui va entrer le 27 mai au Panthéon de la République française. «Elles étaient des femmes de culture, d'engagement, d'ouverture. Elles nous montrent la voie, celle de l'amitié franco-algérienne, celle de la fraternité, celle d'un avenir partagé pour le peuple français et le peuple algérien», a tenu à préciser le secrétaire d'Etat français. A l'issue de son discours, le haut responsable français a remis la légion d'honneur à six anciens combattants algériens, des combattants qui représentent aujourd'hui les liens profonds qui unissent et uniront toujours les deux peuples. «A travers cet hommage, j'ai aussi voulu saluer tous les soldats d'Afrique du Nord et des anciennes colonies venus rendre à la France son honneur et sa fierté, et à l'Europe sa liberté», a-t-il lâché.