En quelques jours, plusieurs attentats ont été perpétrés par des terroristes dans l'axe Jijel-Skikda, ancien fief de Madani Mezrag, «émir» national de l'ex-armée du salut (ex-AIS). Curieuse coïncidence tout de même… Plusieurs terroristes ont été éliminés par l'Armée nationale populaire (ANP) dans cette région, attestant de l'existence de maquis terroristes dans l'ancien quartier général (QG) de Madani Mezrag. Des interrogations s'imposent face à la recrudescence terroriste dans l'ancien repaire de l'«émir» national de l'ex-AIS. Etait-il au courant de la présence de terroristes dans cette région ? Participe-t-il par le renseignement à la lutte antiterroriste ? Cet ex- «émir» de la branche armée du parti dissous semble plutôt préoccupé par son ambition de créer un parti politique que par la volonté de participer aux côtés de l'armée à la lutte contre le terrorisme. Les terroristes auteurs d'attentats et ceux éliminés par l'ANP dans l'ancien QG de l'ex-AIS occupaient-ils des casemates et caches utilisées par l'organisation de Madani Mezrag ? Cette question coule de source quand on sait qu'il est difficile pour les groupes armés d'aménager de nouvelles casemates dans cette conjoncture caractérisée par le renforcement de patrouilles de l'armée dans le cadre de la stratégie élaborée pour faire face à la menace terroriste provenant de la Libye. Il paraît difficile pour les terroristes d'aménager de nouvelles casemates dans l'ancien fief de Madani Mezrag sans que ce dernier soit au courant. Assiste-t-on aujourd'hui à de la surenchère de la part de Madani Mezrag qui semble défier l'Etat en tenant son «université d'été» sans autorisation et en insistant sur «son droit» de créer un parti politique «pour son ex-organisation armée ? Madani Mezrag, qui se présenterait comme «alternative» pour mettre fin aux attentats terroristes dans son ancien fief, cherche-t-il à marchander son «coup de main» ? Curieuse coïncidence... Les «repentis» de l'ex-AIS et du Groupe islamique armé (GIA) sont-ils tenus de participer à la lutte antiterroriste de par les négociations engagées avec l'ANP ? On ignore jusqu'à présent les devoirs des repentis puisque les dossiers ne sont pas connus de l'opinion publique. La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, vient d'appeler au terme de l'université d'été de son parti politique à «une nouvelle Charte pour la paix et la réconciliation nationale». «Il est temps maintenant de réactualiser la Charte pour la paix et la réconciliation nationale (…) ; les dossiers ne sont pas totalement fermés et n'ont pas été réglés et traités», plaide-t-elle. La patronne du PT réclame également l'ouverture d'un débat «entre les Algériens sans aucune ingérence étrangère pour poser les questions afin de savoir comment on en est-on arrivé là. Quelles sont les raisons de la crise et quels en sont les responsables ?» 10 000 «repentis» On ne sait pas, cependant, si les «repentis» ont coopéré avec l'Armée nationale populaire contre le terrorisme, mais on sait que nombre de «repentis» ont rejoint les maquis après avoir bénéficié des dispositions de la Charte sur la réconciliation nationale. En 2011, à l'époque où il était ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci avait estimé à 10 000 le nombre de terroristes «repentis». S'exprimant au symposium sur la coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme, tenu dans le cadre de la 66e Assemblée générale de l'ONU, cet ancien ministre des Affaires étrangères avait évoqué cette charte en disant que cette politique ambitieuse de réconciliation et de dé-radicalisation, qui a été consacrée par la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, approuvée massivement par référendum populaire, a connu un franc succès puisqu'elle a permis la reddition et le retour dans la société et l'intégration en son sein du nombre important de 10 000 terroristes». Plusieurs de ces terroristes ont été assassinés par leurs anciens acolytes», qui leur reprochaient leur»repentir», tandis que d'autres ont décidé tout simplement de remonter au… maquis. Il est à noter que dans l'ancien fief de Madani Mezrag, aucun «repenti» de l'ex-AIS n'a été tué depuis quelque temps par les terroristes qui sévissent toujours dans cette région et ciblant plutôt les éléments de l'Armée nationale populaire.