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Tahar Hannache, un cinéaste de Ahcène Dafer : Hommage au pionnier du cinéma algérien
Publié dans Le Temps d'Algérie le 21 - 12 - 2015

Ces derniers temps, le cinéma algérien semble donner les signes d'un véritable retour. Des cinéastes algériens sont primés à l'étranger et des festivals organisés chez nous. Cela nous a menés à relire l'ouvrage écrit par Ahcene Dafer, consacré au premier cinéaste algérien, Tahar Hannache.
Tahar Hannache, un cinéaste dans l'oubli est le titre du livre sorti lors du Salon de l'audiovisuel et des métiers du spectacle (Sonim) 2015. Edité par Effectif Evénementiel, ce livre de 81 pages rend hommage à cet illustre cinéaste en retraçant toute sa vie et son parcours professionnel. Préfacé par Ahmed Bedjaoui, le livre contient des informations précises apportées par les quatre filles de Tahar Hannache (Thouraya, Souad, Nacéra et Shahrazed) ainsi que des membres de leur famille et entourage qui veillent à sauvegarder sa mémoire. On retrouve dans ce petit livre, petit par sa taille mais riche par son contenu, les débuts de Tahar Hannache, l'enfant de Constantine, sa filmographie non exhaustive et affiches de films de cinéma, des photos inédites, des correspondances ainsi que des articles de presse sur Tahar Hannache. Un travail authentique et remarquable qu'Ahcene Dafer a pris le temps de préparer et qui vaut le coup d'être lu et relu.

Enfance heureuse à Constantine

Tahar Benelhannache, qui se fera appeler Hannache, est né le 26 novembre 1898 à Constantine. «Il est né, comme on dit, avec une cuillère en argent dans la bouche. Khoudir, le père de Tahar, était propriétaire d'une manufacture de tabac et d'une tannerie qui employait près de 500 algériens. Rien ne manquait à ses enfants ni aux autres membres de sa famille», peut-on lire au début du livre. Ahcène Dafer raconte avec une grande aisance l'enfance de Tahar, le petit garçon docile, studieux à l'école et curieux de tout. Les trains, la mécanique, la photographie, tout le fascine, mais ce qui le captive le plus c'est le cinéma qui fait ses premiers pas en ce début de 20e siècle. D'ailleurs, il ne manque jamais, après l'école, d'aller sur les places publiques où des ciné-bus projettent sur grand écran des documentaires de propagande. Il était toujours parmi les premiers à prendre place dans le nouveau cinéma construit à Constantine, le Nunez, baptisé plus tard Le Rhumel. Malgré le coût du ticket d'entrée, 50 centimes, Tahar revient presque tous les jours pour les séances de l'après-midi, quitte à revoir le même film plusieurs fois par semaine. «Il décortique les films séquence par séquence, scène par scène, plan par plan. Il est très attentif aux éclairages, aux musiques de fond et d'accompagnement, aux jeux de rôle et aux décors. Il y a derrière tout cela des techniques que Tahar veut comprendre et connaître, non pas pour s'y adonner lui aussi, il n'y pense pas encore, mais pour assouvir une curiosité naturelle qui ne cesse de grandir», dira Ahcene Dafer dans le livre. Un jour, tout s'écroule autour de lui. Son père fait faillite et décède peu de temps après. Très affecté par cette perte, Tahar effectue son service militaire puis prend la route de l'exil, en France, où il espère réussir. Dans quoi et comment ? Il ne le sait pas. L'essentiel pour lui étant de partir. On est à Paris en 1922 lorsque commence la carrière de Tahar Hannache avec la rencontre d'un régisseur qui cherchait des figurants de type arabe. Il s'agissait, à l'époque, de réaliser L'Atlantide, de Jacques Feyder, à l'époque où le cinéma était encore muet. De simple figurant, Tahar est tout de suite engagé. Grâce à sa connaissance des mœurs et coutumes arabes, Max de Rieux le prend comme aide-opérateur et régisseur pour le tournage de La grande Amie, J'ai l'noir ou le suicide de Dranem et La cousine Bette. Et bien qu'il enchaîne les rôles aux côtés des plus grands acteurs de l'époque (Fernandel, Raimu, Viviane Romance), c'est dans le domaine technique qu'il s'illustre le plus, au point d'être sollicité par des réalisateurs de prestige à l'instar de Rex Ingram ou Abel Gance. Régisseur, opérateur, directeur de la photographie, metteur en scène, assistant-réalisateur puis réalisateur, il enchaîne les métiers liés au cinéma afin d'avoir une maîtrise complète du processus de fabrication d'une œuvre cinématographique.

Le premier arabe et africain à avoir une carte professionnelle de cinéaste

En 1938, Tahar est à l'apogée de sa carrière.
il crée alors sa propre boîte de production qu'il nommera TahaFilm et signe sa toute première réalisation, Aux Portes du Sahara.
«On dit que c'est une œuvre anticolonialiste mais on n'en saura pas plus car elle disparaît après avoir sommeillé pendant près de quatre ans dans les tiroirs du distributeur (La Société Générale des Travaux Cinématographiques) à qui il l'avait confiée pour sa commercialisation.
Las d'attendre, il adresse un courrier au distributeur, le sommant de respecter les engagements contractés ou de lui restituer les négatifs.
La réponse qu'il reçoit est un coup dur qu'il peine à encaisser.
Son film entreposé dans une usine à Boulogne Billancourt occupée par les troupes allemandes, a disparu dans un bombardement du site par les forces alliées, fera savoir Ahcene en page 21.
Par ailleurs, en 1942, il devient le premier arabe et africain à se voir attribuer une carte professionnelle de cinéaste.
A la fin de la Seconde guerre mondiale, il se rend au Maroc et signe Sérénade à Meriem, l'un des tout premiers films marocains réalisés en langue arabe. Tahar Hannache réalise de nombreux documentaires et films dont le célèbre Les plongeurs du désert où on retrouve Himoud Brahimi dit Momo comme acteur dans le film qui sera considéré plus tard comme la première production entièrement algérienne.
C'est également sous sa houlette que seront produits, dès 1954, les premiers sketches de la télévision. Deux ans plus tard, il se marie à l'âge de 58 ans, et a de sa jeune épouse quatre adorables filles.
A l'indépendance du pays, il est l'un des rares à demeurer en poste aux côtés d'autres techniciens algériens et permet ainsi à la toute nouvelle RTA de succéder à l'ORTF sans interruption d'émission des ondes. Il continuera à exercer jusqu'à son décès le 1er août 1972. A notre connaissance, à ce jour, aucune salle de cinéma ni institution culturelle n'a été baptisée en son nom.
Le ministère de la culture est appelé à remédier à cet oubli.


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