Le lancement de l'emprunt obligataire dimanche semble être bien accueilli par des opérateurs économiques. Il est plus question de «patriotisme» que d'opportunité d'investissement. Mais d'autres intervenants estiment que rien n'est encore acquis. Le président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (CNPA), Abdelaziz M'henni, pense que «l'Etat a tardé à lancer l'emprunt obligataire national pour la croissance économique car il est nettement préférable à l'endettement extérieur». M'henni fera appel, à cet égard, au «patriotisme des opérateurs car le pays a beaucoup donné». Un retour d'ascenseur est attendu de la part des patrons qui ont bénéficié de nombreux avantages fiscaux et parafiscaux. Tout en souhaitant le succès à cette opération, il a souligné que la souscription à l'emprunt obligataire «permettra de financer des projets rentables». A propos de l'intérêt qu'accordent les opérateurs membres de la CNPA à cet emprunt, le président M'henni a noté qu'ils sont intéressés dans la mesure où il s'agit d'«un emplacement sûr, surtout en cas de dévaluation du dinar». Les entreprises peuvent réaliser des gains qui généreront les titres, exonérés d'impôts et payables chaque année à la date anniversaire de leur souscription. Les titres de l'emprunt souscrits sont librement négociables et peuvent être notamment achetés et/ou cédés à des personnes physiques ou morales, soit par voie de transaction directe, soit par endossement par le biais d'intermédiaires légalement habilités. Ils peuvent également être donnés en nantissement pour tout crédit bancaire, explique-t-on. Selon un chef d'entreprise, l'acquisition des titres anonymes peut intéresser les intervenants de l'informel et ceux qui ont mal acquis leurs fonds du fait que «l'Etat ne cherche pas l'origine de cette manne financière». «Tout l'argent de l'informel fera son entrée dans le circuit formel», sans passer par le fisc, relève-t-il, considérant que c'est «une chance inouïe pour les propriétaires des importants fonds gagnés illégalement». Le FCE prêt à participer Pour le Forum des chefs d'entreprise, la participation à l'emprunt est envisagée. Son président Ali Haddad a indiqué à ce propos que «nous allons participer. Néanmoins, l'emprunt vient d'être lancé, laissez-nous y réfléchir». Appréciant la rémunération fixée pour les bons souverains, il a noté qu'elle est «très conséquente comparée aux taux d'intérêt bancaires». Pour sa part, l'expert financier Lyès Kerrar considère qu'un «Etat peut toujours emprunter localement. Il n'y a pas de raison pour qu'il n'y arrive pas, car c'est juste une question de conditions et il y a toujours un taux auquel l'Etat peut emprunter de ses propres concitoyens». Il ajoute que «la question de risque et de confiance ne se pose pas car c'est l'Etat qui émet la monnaie, il n'y a donc pas d'inquiétude à propos de la réussite de l'opération». Néanmoins, «si les conditions (taux et durées) ne correspondent pas aux anticipations d'inflation des épargnants, l'Etat aura la possibilité de réajuster et d'émettre d'autres tranches», a-t-il prévu. Lyès Kerrar note, par ailleurs, que «formellement, il ne semble pas qu'il y ait une amnistie fiscale, comme il semble qu'il y ait des obligations anonymes. Et si elles peuvent être souscrites en cash, il se peut que les acheteurs n'aient pas à justifier de la provenance des fonds lors de l'achat». De ce fait, cela «ne les amnistie toutefois pas de leurs obligations fiscales», a-t-il expliqué.