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«La normalisation avec les USA est un objectif stratégique»
Bernard Hourcade(*) au Temps d'Algérie :
Publié dans Le Temps d'Algérie le 12 - 06 - 2009

Le Temps d'Algérie : Pourquoi le dialogue entre Washington et Téhéran donne-t-il des sueurs froides aux alliés arabes des Etats-Unis ?
Bernard Hourcade : Pendant 30 ans, l'Iran, qui était le «gendarme du Golfe» sous le shah, a été marginalisé.Cette puissance régionale, étant donné sa population, sa taille, son pétrole
son armée et son économie, a vécu sous un embargo international renforcé par la volonté iranienne de ne pas avoir des relations normales avec le reste du monde (interdiction légale d'investissements étrangers jusqu'en 2002). Le fait que l'Iran revienne trouver sa place «normale» va changer les habitudes. Les pays arabes du Golfe, qui n'existaient quasiment pas en 1979, notamment les EAU, vont devoir abandonner leur monopole de l'amitié américaine. Leur situation est d'ailleurs tout à fait comparable à celle d'Israël qui craint de faire les frais d'une normalisation avec l'Iran.

Ce dialogue que tente de mener Washington avec Téhéran peut-il être perçu comme un signe à l'opposition iranienne face à ces élections dans ce pays ?
Non, la normalisation avec les USA est un objectif stratégique qui est au cœur de la politique iranienne depuis des années. Tous les candidats à l'élection sont favorables à des discussions directes avec Washington. Même le Guide n'est pas contre. Par ailleurs, il n'y a pas de véritable «opposition» en Iran. Tous les candidats sont issus de la révolution de 1979.

En s'intéressant de près à cet hypothétique dégel américano-iranien, est-il patent, selon vous, ou s'inscrit-il dans la continuité ou conséquence de la guerre en Irak ?
La guerre d'Irak n'est qu'un élément de la décision américaine. Obama a opéré un changement à 180° de stratégie et de méthode envers les pays «émergents» et en particulier ceux du monde musulman. Cela dit, d'autres pays sont aussi concernés, comme Cuba. Washington ne veut plus se trouver dans des situations similaires à celle du conflit irakien. Bien sûr, l'Iran comme puissance régionale peut jouer un rôle pour sortir de la crise irakienne, mais ce n'est plus l'essentiel.
Les conflits en Afghanistan et au Pakistan sont, sur les plans militaire et sécuritaire, plus importants, et leur règlement sera traité par la nouvelle politique engagée par l'équipe Obama. Maintenant, les USA veulent «changer le paysage». Ils ne se lancent pas dans cette politique pour échouer et mieux faire la guerre, mais pour réussir.
Ceux qui, en France ou ailleurs, pensent comme un fait établi qu'Obama va échouer et qu'il faut donc dès maintenant préparer les sanctions radicales ou même la guerre qui devra suivre cet échec, se trompent d'époque et se marginalisent.

D'après vous, que représentent les questions énergétiques dans ce nouveau tournant que pourraient prendre les relations entre l'Iran et les Etats-Unis ?
Dans 50 ans, l'Iran sera un des rares pays ayant encore des réserves de pétrole et de gaz. Il est urgent de gérer ce capital de façon rationnelle. Mais ce n'est pas une priorité immédiate. Les compagnies pétrolières ont d'autres opportunités pour le moment, notamment en Irak. Cependant, beaucoup de temps a été perdu et l'approvisionnement en gaz de l'Europe impose des investissements urgents pour ne plus dépendre de la Russie.

Justement, quelle influence auront ces relations sur le pipeline BTC (américain entre l'Asie centrale et la Méditerranée visant à contourner la Russie) ?
Le projet Nabucco est vraiment stratégique. Et la montée en puissance de la Russie dans le domaine pétrolier et gazier est un fait nouveau et durable. L'opposition ou compétition entre la Russie et les USA, elle aussi, sera durable, donc il faut contourner la Russie et le Moyen-Orient, cela est un moyen important. Mais maintenant, les USA (et les Britanniques) ne sont plus seuls au Moyen-Orient : la Russie, la Chine, l'Inde, l'Europe et le Japon sont également sur place et influents. C'est pour cela que les USA sont décidés à changer de politique avant que les autres aient pris totalement leur place.

Et l'importance qu'a ce pipeline fera-t-elle renoncer Israël à ses intentions de guerre qu'elle n'écarte pas avec Téhéran ?
Israël sait qu'elle ne peut pas vivre sans le soutien sans faille des USA. Donc, elle restera prudente, malgré les discours guerriers à usage interne... Le changement vient de la politique des USA qui n'est plus à refaire en Israël. Les intérêts des USA passent désormais avant ceux d'Israël. Donc Israël doit rapidement régler la question palestinienne qui empoisonne la vie du Moyen-Orient depuis 50 ans sans que cela soit au bénéfice de la sécurité de l'un ou de l'autre.

Les enjeux de ces tentatives de dégel entreprises par Washington avec Téhéran sont-ils les mêmes qu'avec Damas ?
Même s'ils sont plus importants avec l'Iran, sur le plan symbolique et politique, notamment par rapport aux situations au Liban et en Palestine, la Syrie joue un rôle central. Tout est donc lié. En ce sens qu'il n'y aura pas de solution en Iran sans solution en Palestine, et le règlement de ces deux questions est indispensable pour régler l'immense question afghano-pakistanaise qui peut déstabiliser tous les pays musulmans, l'Inde et même le monde entier, si la bombe atomique pakistanaise tombait entre les mains de dirigeants radicaux.

Pour revenir à l'Iran, Bernard Hourcade, c'est un pays qui compte diversifier son économie, notamment à travers le développement de son énergie nucléaire avec ou sans l'accord de l'Occident (non sans avoir signé le TNP) ; cela risque-t-il de susciter des rivalités avec les autres pays orientaux à l'instar de la chine ou de l'inde par exemple ?
L'Iran est un pays émergent comme le Brésil, l'Indonésie, l'Afrique du Sud ou l'Algérie, etc. Pendant 30 ans, il a été en marge du monde, mais il revient. Ses ambitions économiques, nucléaires, politiques ou culturelles sont légitimes. Les problèmes éventuels sont à régler dans le cadre des relations et règlements internationaux. L'Iran n'est pas une exception. Il n'y a aucune raison d'avoir plus peur de l'Iran que du Brésil...
Le Pakistan détient aussi une technologie nucléaire et ce pays ne perçoit pas la menace des talibans du même œil que l'Irak. Cette divergence d'optique sur les talibans peut-elle constituer une autre menace qui plane sur le pays persan ? Pour l'Iran, le danger «Afpak» est le seul : un bombardement israélien ou des sanctions très sévères seraient un problème, mais ne changeraient pas le gouvernement ni le régime iranien.
Par contre, si le Pakistan avec ses 180 millions d'habitants tombait entre les mains des talibans ou de leurs alliés, ce serait pour la république islamique d'Iran un réel danger représenté par une instabilité avec une frontière laissant passer des groupes terroristes (à l'exemple de l'attentat qui a lieu en fin mai à Zahedan et qui a fait 25 morts), en rapport avec le trafic de drogue et une liaison possible avec les diverses minorités sunnites d'Iran, notamment les Kurdes, si bien que la sécurité nationale serait en jeu.
Sur le plan islamique, ce serait une compétition directe et ouverte entre sunnites et chiites, mais surtout deux conceptions radicalement différentes de l'Islam moderne. D'autres répercussions sont à craindre aussi : cette situation de guerre ou de conflit bloquerait les possibilités de développement de l'Iran. Pays en guerre larvée, il assisterait
alors à l'arrêt du développement de ses investissements étrangers suivi d'un durcissement de sa politique, ce qui entraverait de fait sa volonté de devenir une puissance régionale moderne. Ce conflit est le plus grand danger auquel l'Iran doit faire face. C'est donc un point essentiel de convergence avec les intérêts américains. L'Iran a besoin des USA pour régler le problème pakistanais.

Perçue sous cet angle, cette nouvelle relation entre les Etats-Unis et l'Iran peut-elle être celle du deal ?
Oui ! Il est clair que l'Iran et les USA ont de multiples intérêts convergents. Les 30 ans de «guerre froide» étaient largement motivés ou plus précisément entretenus par des questions plus psychologiques que politiques. L'influence des royalistes réfugiés aux USA a fait croire que le fils du dernier chah allait revenir gouverner en Iran un jour ou l'autre et que la révolution islamique de 1979 était un simple accident de l'histoire.
Les USA sont enfin revenus à la réalité. Le rapprochement est dans l'intérêt stratégique des deux partenaires et de tous les pays du monde qui sont las de ce conflit, comme d'ailleurs du conflit israélo-palestinien, qui peuvent tous deux être résolus s'il y a une réelle volonté politique et pas trop de «sabotage». Cependant, il n'est pas simple de changer de mentalité et de façon de penser après des décennies de conflit.
Propos recueillis par D. A.
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(*)Géographe, spécialiste de l'Iran, Directeur de recherche au CNRS, Bernard Hourcade a dirigé l'Institut français de recherche en Iran de 1978 à 1993


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