L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a décrété jeudi une alerte maximum de niveau 6 face à l'expansion de la grippe A (H1N1), qui a fait 27 737 malades dans 74 pays, et 141 morts à travers le monde, selon le dernier bilan diffusé par l'OMS dans l'après-midi de jeudi. Les pays les plus affectés par le virus auront, selon l'OMS, à faire face à une deuxième vague. Le déclenchement de l'alerte par l'OMS s'accompagne d'une série de recommandations à tous les pays, qu'ils soient affectés ou non. Le but de ces recommandations est de réduire d'une façon efficace l'impact de la pandémie. Depuis le 29 avril, date à laquelle l'OMS avait relevé le niveau d'alerte de 4 à 5, la pandémie est devenue imminente, alors qu'aujourd'hui, le monde est appelé à conjuguer ses efforts pour réduire l'impact de la pandémie. Le passage au niveau 6 d'alerte correspondant, en effet, à une pandémie, c'est-à-dire que deux foyers de contamination autonomes ont été identifiés. Certains experts dans le domaine s'accordent à dire que ces conditions, strictement géographiques, étaient déjà réunies depuis quelques jours. L'OMS a hésité à le déclarer, pour éviter la panique dans l'opinion publique. Le système d'alerte de l'OMS est reproduit sur le modèle des épidémies de grippe très meurtrières du siècle dernier et sur celui de la virulente grippe aviaire. Le Mexique, épicentre de l'épidémie de grippe porcine, a décidé de maintenir son alerte au virus A(H1N1). Le dernier bilan publié jeudi fait état de 109 morts et 6294 malades dans le pays, contre 108 morts et 6133 cas mardi. Selon le ministre de la Santé du Mexique, la prochaine vague de la maladie est attendue au Mexique en novembre et décembre, alors que «le vaccin ne sera probablement prêt qu'en décembre». Les dispositions énergiques prises par les USA restent, par ailleurs, inchangées. Le président Barack Obama a relevé que la décision annoncée jeudi par l'OMS était davantage motivée par des raisons géographiques que par une intensification de la maladie. «Notre réaction sera donc aussi énergique qu'avant quand il s'agit de tout faire pour minimiser la propagation». La majorité des nouveaux cas sont, par ailleurs, recensés au Mexique avec 524 nouveaux et deux nouveaux morts ont été comptabilisés. Le Royaume-Uni vient en deuxième position avec en plus 156, l'Australie avec en plus 83, la Chine avec en plus 32, l'Espagne avec en plus 26 et les Philippines avec en plus 23 cas. La grippe A/H1N1 est cependant la première pandémie déclarée depuis près de 40 ans. Trois grandes épidémies grippales ont été cependant enregistrées durant le siècle écoulé, dont la grippe espagnole survenue en 1918-1919 et qui a fait au moins 40 millions de morts. Le virus A/H1N1 se propage par voie aérienne par l'intermédiaire de la toux, de l'éternuement ou des postillons qui projettent des sécrétions respiratoires contaminées, par le contact des mains salies par des sécrétions respiratoires infectées, par contact rapproché avec une personne infectée ou par des objets contaminés par une personne malade. L'OMS appelle à la production du vaccin Et comme la pandémie est déclarée, l'OMS vient de lancer un appel à tous les laboratoires pharmaceutiques pour entamer rapidement la production de vaccin contre le virus A(H1N1) de la grippe porcine, juste après la finalisation de la production du vaccin pour la grippe saisonnière. La directrice de l'OMS, Margaret Chan, a affirmé que les producteurs de vaccin sont très près de terminer leur production de vaccin contre la grippe saisonnière, et qu'ils sont prêts à démarrer la production à plein régime de vaccin pandémique. L'OMS avait relevé à 6 son niveau d'alerte sur la grippe porcine, ce qui équivaut à une pandémie, la première déclarée depuis plus de 40 ans. Il y a lieu de préciser qu'aucun vaccin n'existe contre ce virus. Les scientifiques de l'OMS ignorent si les vaccins existants contre la grippe saisonnière peuvent conférer une protection. Les personnes présentant les symptômes de la grippe A(H1N1) sont traitées actuellement avec des inhibiteurs de la neuraminidase des virus grippaux tels l'Oseltamivir ou le Zanamivir. La grippe mexicaine est une maladie respiratoire aiguë contagieuse provoquée par l'un des quelques virus de la grippe A, l'influenzavirus A sous-type H1N1, réapparue en 2009 sous une forme génétique nouvelle transmissible d'homme à homme. Ban Ki-moon met en garde contre les réactions discriminatoires Après l'alerte donnée, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a appelé la communauté internationale à garder son sang-froid et à faire preuve de solidarité face à l'épidémie. L'élévation de l'alerte au niveau maximal de 6 par l'OMS est, dira-t-il, «une déclaration formelle sur l'expansion géographique de la maladie» et n'est pas en soi «une cause d'alarme même si nous devons être sur nos gardes». Selon lui, «notre meilleure réponse est une démonstration ferme de solidarité». Le chef de l'ONU a insisté sur la nécessité d'assurer un accès le plus large possible aux vaccins et aux antiviraux. Dans ce cadre, il a déclaré que lors d'une réunion tenue le mois dernier à Genève entre l'OMS et des compagnies pharmaceutiques, ces dernières ont accepté de fournir une partie de leur production de vaccin aux pays pauvres vulnérables, sur demande de l'OMS. Les premières doses seront disponibles, selon la même source, en septembre. Toutefois, il a mis en garde contre «les réactions brusques et discriminatoires, comme les interdictions de voyager ou les restrictions commerciales». Et de conclure : «Notre réponse à n'importe quelle pandémie doit être fondée sur la science.» La FICR appelle à la mobilisation La Fédération internationale de la Croix-Rouge (FICR) a appelé, de son côté, les sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à se mobiliser pour faire face à la pandémie de grippe A/H1N1. La FICR, basée à Genève, a souligné que l'annonce par l'OMS «doit mettre en avant le caractère urgent de la nécessité de mobiliser des fonds» pour lutter contre le virus A(H1N1). La FICR considère, par ailleurs, qu'«elle est encore loin d'être parvenue à collecter l'argent nécessaire pour répondre aux besoins détaillés dans l'appel préliminaire de 3,3 millions d'euros lancé le 30 avril». L'Algérie double ses mesures sanitaires L'Algérie a réagi également, après que l'OMS ait décrété le niveau d'alerte à la phase 6. Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière vient, en effet, d'annoncer le renforcement des mesures sanitaires concernant la pandémie de grippe porcine A/H1N1. Dans un communiqué spécial repris par l'APS, le ministère de la Santé a indiqué que l'objectif de ces mesures sanitaires est de «limiter les risques d'importation du nouveau virus en Algérie, détecter le plus précocement possible l'arrivée sur le territoire des premiers cas d'infection humaine pour mettre en place les premières mesures et stopper ou ralentir la transmission locale». Dans le cadre de ces mesures, il a été, selon la même source, décrété la mobilisation totale de l'ensemble des services de contrôle sanitaire aux frontières ainsi que des hôpitaux de référence. Il y a lieu de rappeler que les mesures déjà en vigueur en Algérie portent sur le renforcement des mesures de surveillance avec mise en œuvre notamment d'enquêtes épidémiologiques par les services concernés du ministère afin d'identifier la chaîne de transmission et de prendre les mesures de contrôle les plus adaptées, à savoir celles de prophylaxie et d'isolement ainsi que sur la prise en charge médicale de chaque cas au niveau de la structure de santé de référence de proximité. Le ministère indique également que tous les services de contrôle sanitaire aux frontières (ports, aéroports et voies terrestres) sont en alerte pour identifier tout cas suspect et des prospectus d'information sont distribués aux passagers arrivant en Algérie ou quittant le territoire national. Le ministère de la santé appelle, par ailleurs, l'ensemble de la population à respecter «les règles d'hygiène». En ce qui concerne les voyageurs qui sont obligés de se rendre dans une région touchée par ce virus, «ils doivent se conformer aux recommandations sanitaires émises par le pays d'accueil». En termes de médicaments qui pourraient réduire la virulence de la maladie, l'Algérie dispose à ce jour de plus de 6,5 millions de boîtes de Tamiflu, et près de 50 mille de Saiflu produit localement par Saidal. La tutelle a élevé le niveau d'alerte pour tous les comités de contrôle sanitaire des aéroports, ports et postes frontaliers, et renforcé les stocks des médicaments dans différentes wilayas pour traiter d'éventuels cas de la maladie en attendant leur transfert à l'hôpital spécialisé d'El Kettar à Alger. Premier cas au Maroc Un premier cas de grippe porcine a été diagnostiqué jeudi au Maroc chez une jeune fille qui revenait mercredi du Canada. L'information a été rendue publique hier par le ministère de la Santé du Maroc. Dans un communiqué repris par l'APS, le ministère de la Santé algérien a précisé que la jeune fille, âgée de 18 ans et étudiante, rentré de Montréal a fait une escale à Casablanca pour se rendre à Fès à bord d'un vol de la Royal Air Maroc. «Des résultats approfondis ont confirmé l'existence du virus A(H1N1) chez la jeune patiente», a indiqué le ministère de la Santé dans ce communiqué. Selon le ministère de la Santé de Rabat, le détecteur thermique n'a pas décelé de fièvre chez la jeune fille à son arrivée à l'aéroport de Fès, mais son état de santé a tout de même attiré l'attention d'un médecin de l'antenne médicale locale. Après l'avoir examinée, ce médecin lui a conseillé de le contacter en cas d'apparition de symptômes suspects. Le père de la jeune fille a appelé ce médecin pour signaler une poussée de fièvre. La procédure prévue a été déclenchée et le CHU de Fès alerté pour se préparer à recevoir la jeune fille, selon le ministère. Un premier examen a révélé de la fièvre et une rougeur de la gorge évoquant une rhinopharyngite. Des résultats approfondis ont confirmé l'existence du virus A(H1N1) chez la jeune patiente, a encore indiqué le ministère de la Santé dans ce communiqué. La jeune fille et les membres de la famille entrés en contact avec elles ont été mis en quarantaine pour une durée de 8 à 10 jours. Le ministère de la Santé va également contacter les passagers des vols Montréal-Casablanca et Casablanca-Fès pour s'assurer qu'ils ne présentent pas de symptômes de la grippe porcine. Le directeur du centre hospitalo-universitaire (CHU) Hassan II de Fès, où la jeune fille suit un traitement de cinq jours, a déclaré que l'état de santé de la malade commence à présenter des signes d'amélioration, notamment une baisse de la fièvre.
