Le sort du quartier de Sid El Houari suscite l'intérêt, notamment auprès des universitaires. Après coup, nous sommes tentés de le dire, car ce quartier est depuis au moins deux ans au centre de l'actualité locale. Tout récemment, une gigantesque opération de relogement a concerné les habitants de ce quartier. Certains l'ont qualifiée de «dévitalisation». Suite à cela, des opérations de démolition d'immeubles jugés menaçant ruine a soulevé l'indignation de certains acteurs militant pour la conservation du patrimoine. Auparavant, le quartier, grâce au combat de certaines associations, avait bénéficié d'un projet de classement comme patrimoine national. Ces questions ont fait l'objet de débats lors de deux rencontres successives à Oran. Mercredi, lors de la présentation de la revue Madinati au TRO, dont le numéro un a été consacré à Sid El Houari, et la seconde lors d'une rencontre à la bibliothèque Sofia, dans l'après-midi de jeudi. Animée par des architectes, dont l'enseignant Ben Chérif, entièrement impliqué dans la restauration au niveau de la wilaya, la rencontre a été des plus passionnées. Les architectes, animateurs de la rencontre, se sont contentés de commenter une série de photos diapos immortalisant les richesses architecturales de ce quartier menacé par les engins après l'évacuation de ses habitants. On retiendra des propos de Ben Chérif concernant un projet de restauration de onze immeubles qui a été présenté aux autorités publiques et qui a été rejeté. On n'en saura pas plus, sauf que l'étude de restauration remonte à six ans. Soulignons que cet architecte est accusé par les connaisseurs, notamment par ses pairs, d'être derrière le massacre des Arènes d'Oran, un autre monument historique unique à Oran. Des interventions de l'auditoire, on retiendra celle de Kouider Metayer, président de l'association Bel Horizon, qui a essayé de replacer le débat dans son véritable cadre. Se montrant très réaliste parce qu'il n'a pas d'autre intérêt que le devenir de ce quartier, il plaidera pour un compromis avec les pouvoirs publics pour avancer et sauvegarder ce qui mérite de l'être. Il signalera que l'abandon de Sid El Houari remonte en fait à la période coloniale , quand il y a un déplacement du centre-ville. Il évoquera l'existence d'un plan d'urgence datant de 2010, avec une enveloppe financière qui peut être réactualisée. Malheureusement et parce que se situant à contre- courant de ceux qui se veulent les chantres de la sauvegarde de Sid El Houari, Metayer n'a pas eu l'occasion d'aller jusqu'au bout de sa démonstration. Nourredine Benamar remarquera, lui, la conception étriquée de la notion de sauvegarde du patrimoine chez les intervenants, des architectes pour la plupart. Il notera l'absence du patrimoine immatériel dans leur entendement et leur focalisation sur la pierre uniquement. Pour lui, la mort programmée de Sid El Houari signifie aussi la disparition d'un patrimoine culinaire, d'un savoir-faire, d'un savoir-vivre, de traditions de voisinage, de métiers. Mais on retiendra la présence à cette rencontre de certains habitants de ce quartier qui ont refusé d'être délocalisés, envisageant de rester chez eux. Ils jouent en ce moment le rôle de lanceurs d'alerte sur ce qui se trame contre ce quartier très convoité par le lobby de la promotion immobilière.