Bien que son passage fût court et au tout début du film Le Puits de Lotfi Bouchouchi, il n'en demeure pas moins important puisque fort marquant et troublant. D'origine marocaine, Layla Metssitane est une actrice et comédienne établie en France qui a beaucoup travaillé avec les artistes algériens. Nous l'avons rencontrée à Oran, à l'issue de la projection du long métrage Le Puits, alors qu'elle tremblait encore d'émotion suite au triomphe qu'a eu le film auprès du public. Elle a accepté de nous parler de son rôle de Khadidja et de ses rêves… Le Temps d'Algérie : Parlez-nous du rôle de «Khadija» que vous avez interprété avec brio... Layla Metssitane : J'avais déjà travaillé avec Lotfi B. en 2011. C'était pour une publicité. C'était d'ailleurs la première fois que je tournais dans une publicité ! À cette époque, j'étais en France et c'est Lotfi qui m'a contactée ; j'ai tout de suite accepté. Pourvu que je travaille avec lui, pour mieux le connaître. En 2013, Lotfi m'a contactée alors que j'étais à Sao Paulo au Brésil où je jouais dans une pièce de théâtre. Il m'avait dit qu'il compter réaliser un projet qui lui tenait beaucoup à cœur, et auquel il voulait me faire participer. Il m'a remis donc le scénario du film en me disant que je jouerai le rôle de Khadidja, cette femme, considérée comme la folle du village, puisque étrangère. N'empêche, c'était une femme forte, courageuse, déterminée et fragile. Ayant perdu son mari tombé au champ d'honneur, elle s'occupe seule de son fils que personne n'aime… Encore une fois, dès que j'ai lu le scénario du film, j'ai accepté d'y jouer, sans aucune hésitation. C'est la première fois que vous tenez un rôle important dans un film algérien ? En fait, j'ai commencé ma carrière d'actrice ici en Algérie. Et de ce fait, au cinéma, j'ai plus travaillé en Algérie qu'au Maroc. Par ailleurs, en France, j'ai fait beaucoup de théâtre et de téléfilms pour la télévision… Vous encouragez la collaboration artistique algéro-marocaine ? Ce film n'est même pas une collaboration algéro-marocaine vu que toute l'équipe technique était tunisienne. Sur ce projet du Puits, c'est tout le Maghreb qui a été réuni. C'est même un travail universel, puisqu'il y avait aussi des acteurs franco-algériens. Que vous a apporté cette expérience cinématographique avec Lotfi Bouchouchi ? Lotfi B. est comme un père pour moi. Il ne va pas aimer que je dise cela, mais j'ai besoin de le dire. Le fait de m'avoir associée à son premier long métrage, d'autant plus que je sais que c'est un projet qu'il porte en lui depuis très longtemps, m'a énormément émue. Pour moi, jouer dans ce film, c'était m'offrir un cadeau inoubliable. C'est un film qui n'affiche pas la femme en tant que victime, mais qui montre sa force et son engagement durant la guerre de libération algérienne. Lotfi le montre d'une façon encore jamais traitée dans le cinéma. Même en France, les scénarios que l'on reçoit ne font pas valoir la femme, surtout quand elle est d'origine maghrébine.
Y a-t-il un rôle précis que vous souhaiteriez jouer au cinéma ? Je ne peux pas encore me prononcer, car ce n'est un rôle que je souhaite jouer, mais des rôles, que ça soit au cinéma ou théâtre. Cela dit, c'est vrai que El Kahina (Dihya, la reine berbère) est un rôle que je souhaite énormément interpréter, mon père étant à moitié chleuh. La culture berbère m'importe énormément… Entretien réalisé