Le Sénat américain a voté hier, à une large majorité, pour passer outre un veto de Barack Obama, que le président avait mis contre une loi autorisant les victimes des attentats du 11 septembre à poursuivre en justice l'Arabie saoudite, une première depuis son arrivée au pouvoir en 2008. Le Sénat, à majorité républicaine, a voté presque à l'unanimité pour faire passer ce texte, qui devrait à présent être également accepté sans problème par la Chambre des représentants. Une femme dépose des fleurs au Mémorial national en l'honneur des victimes du 11 septembre, à New York, le 10 septembre, la veille du 15e anniversaire de la tragédie. Le président américain Barack Obama a opposé, il y a quelques jours, son veto à la loi qui autoriserait les proches des victimes du 11 septembre à poursuivre en justice l'Arabie saoudite, engageant sur ce dossier sensible un bras de fer périlleux avec le Congrès. Washington estime que cette loi affaiblirait le principe d'immunité qui protège les Etats (et leurs diplomates) de poursuites judiciaires et risque, par un effet boomerang, d'exposer les Etats-Unis à des poursuites devant divers tribunaux à travers le monde. Mais les défenseurs du texte, baptisé «Justice Against Sponsors of Terrorism Act», insistent sur la nécessité pour les victimes des attentats du 11 septembre de pouvoir réclamer justice et affirment que l'opposition de l'administration Obama est avant tout liée à la crainte de provoquer la colère de Riyad. Le candidat républicain Donald Trump, qui répète que le président démocrate et sa rivale démocrate Hillary Clinton manquent de poigne dans la lutte contre le terrorisme, a immédiatement dénoncé cette décision. «Que le président Obama puisse empêcher les parents, les épouses et les enfants de ceux que nous avons perdus (..) de refermer ce douloureux chapitre de leurs vies est une honte», d'après lui. L'Arabie saoudite a dépêché un ministre à New York pour tenter d'empêcher la promulgation de la loi qui permettrait aux citoyens américains d'attaquer la monarchie pétrolière en justice pour les attentats du 11 septembre, revendiqués par Al Qaïda. En Syrie, et ailleurs, l'Arabie saoudite est accusée de soutenir des organisations extrémistes et au Yémen des organisations non gouvernementales imputent à la monarchie saoudienne des crimes de guerre. Des milliers de civils, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées, ont été tués par la coalition dirigée par l'Arabie saoudite dans ce pays.