Tous les regards sont braqués aujourd'hui sur Vienne où les membres de l'Organisation des pays exportateurs du pétrole (Opep) se réunissent dans le but de fixer les quotas en vue de stabiliser les prix de l'or noir. Expert qu'il est, le professeur Mourad Preure, a refusé de s'aventurer sur une quelconque piste, à savoir si les membres de l'Organisation parviendraient ou non à concrétiser l'accord d'Alger. Toutefois, l'expert en pétrole, qui était hier l'invité du forum du quotidien arabophone Ech-Chaâb, a avancé trois scenarii probables : le premier est que les ministres de l'Opep ne parviennent pas à un accord de plafonnement de la production est les prix vont alors finir l'année en cours avec 40 dollars et se maintenir au cours du premier trimestre 2017 à 50 dollars. La deuxième hypothèse, la plus probable, estime Preure, consiste à dire que l'Opep tombe sur un accord et les prix passeront progressivement de 50 à 60 dollars. Quant au troisième scénario, le plus improbable, d'après le conférencier, c'est qu'un événement particulier vienne se produire au Moyen-Orient. A ce moment-là, il faudrait s'attendre à un baril qui pourrait avoisiner les 80 dollars/baril. En exposant ces trois éventualités, l'invité d'Ec-Chaâb a insisté sur le fait que la réunion ordinaire de Vienne ne sera «de toutes les manières qu'une réponse à une situation conjoncturelle». Dans son exposé, l'expert explique que le marché retrouvera son équilibre à l'horizon 2017/2018 avec la reprise de la croissance mondiale qui sera poussée par la consommation chinoise et la dynamique qui se poursuit dans d'autres pays émergents. Sur la question des hydrocarbures de schiste développés aux Etats-Unis et qui viennent concurrencer le pétrole et le gaz conventionnels, Mourad Preure a appelé les pays producteurs, notamment l'Algérie, à «garder leur sang-froid» prédisant que les puits en exploitation en Amérique du Nord vont vite s'épuiser étant donné que leurs réserves ne représenteraient que 44 milliards de barils sur un total de 1 700 milliards que renferment les sous-sols de la planète. Revenant sur les facteurs qui ont pesé sur les prix ces quelques dernières années, Preure les ampute à la forte progression du dollar, à la baisse de la dynamique de la demande et aussi à la croissance mondiale qui est passée de 5% à 3 %. Des indices qui vont, selon lui, finir par s'estomper, laissant place à une nouvelle ère pour les marchés pétroliers. A propos de l'Algérie et sa dépendance aux hydrocarbures, l'expert a vivement recommandé que le pays passe d'un statut d'observateur à celui d'acteur dans le domaine des énergies. Pour ce faire, il y a lieu, selon lui, de développer toutes les filières en lien avec le raffinage et les transformations pétrochimiques ainsi que le passage à d'autres énergies renouvelables, dont le solaire. A condition, a-t-il averti, qu'il ne s'agisse pas d'une dépendance envers d'autres pays de la rive nord de la Méditerranée qui souhaiteraient que nous leur fournissions cette énergie aux conditions qu'ils souhaitent.