Le Mossad a-t-il frappé en Tunisie ? Les palestiniens du mouvement Hamas accusent les services de renseignement israéliens d'avoir tué dans la province de Sfax un tunisien chef de son programme de drones. Les pistes de Daech et du grand banditisme ne sont pas écartées par les enquêteurs. Le scientifique tunisien Mohamed Zouari (Alzoari) a été tué, jeudi 15 décembre, dans la province tunisienne de Sfax, d'après la presse tunisienne et israélienne. Une première en Tunisie depuis de longues années. «La main sioniste lâche a tué le commandant Zouari le 15 décembre 2016», d'après les Brigades Ezzedine El Qassam, branche armée du Hamas. Les combattants du Hamas ont communiqué que le concepteur de drones s'était joint au mouvement il y a 10 ans, «à l'instar de nombreux citoyens de pays islamiques et arabes». Les Brigades Ezzedine El Qassam ont publié sur leur site une photo de Mohamed Zouari tenant un drone qui ressemblait aux appareils utilisés par le Hamas dans sa confrontation avec Israël. Les autorités israéliennes n'ont pas commenté les accusations à leur adresse, et les médias israéliens ont annoncé l'élimination de Zouari, se référant à des collègues étrangers. Un journaliste tunisien accuse le Mossad d'être l'auteur de l'assassinat. La Tunisienne résidant en Autriche, soupçonnée d'être impliquée dans le meurtre de Mohamed Zouari, dans la province de Sfax, a été arrêtée, hier soir, à l'aéroport de TunisCarthage, écrit un média tunisien.La dame s'est rendue elle-même après sa convocation, hier, par la police judiciaire de Sfax, précise le ministère de l'Intérieur dans un communiqué rendu public, samedi 17 décembre 2016. Elle a été maintenue en détention, d'après le média tunisien Kapitalis. Le ministère a, par ailleurs, appelé les médias à ne diffuser que les informations vérifiées auprès de ses services afin de ne pas entraver l'enquête en cours. La suspecte avait récemment rencontré Mohamed Zouari dans la province de Sfax. Elle s'était présentée comme journaliste et était accompagnée d'un cameraman et d'un assistant. Elle l'aurait interviewé à propos d'un prototype d'avion sans pilote de sa conception. C'est la 6e arrestation dans cette affaire en deux jours, mais le présumé meurtrier principal, un Belge d'origine marocaine, est toujours en cavale. L'affaire rappelle, même si la piste du Mossad dans le décès de l'ingénieur tunisien n'est pas encore confirmée, l'élimination en 1988 d'un important responsable de l'OLP, Abou Djihad. Le quotidien israélien Yediot Aharonot a publié en 2012 des détails sur l'assassinat. Khalil El Wazir, alias Abou Djihad, né en 1936, avait fui le Liban encerclé par l'armée israélienne en 1982, et s'est établi en Tunisie. Israël accusait Abou Djihad d'être directement impliqué dans l'Intifadha et décidé de le tuer. Le Mossad est passé à l'action et tué le responsable de l'OLP (Organisation de Libération de la Palestine). En 2012, Ronen Bergman, journaliste d'investigation du quotidien israélien Yediot Aharonot, auteur des révélations sur l'élimination de ce responsable palestinien, a précisé : «C'est faux, Abou Djihad a été tué pour un acte dont il n'est pas responsable». Le substitut du procureur général, Mourad Turki, a précisé que la radio tunisienne Mosaïque FM, privilégiait une «affaire de droit commun», sans toutefois écarter la piste terroriste. Civils, militaires, touristes, opposants et éléments des forces de sécurité ont été ciblés par des attentats en Tunisie revendiqués par Daech. Ennahda dénonce Mohamed Zouari, un père de famille de 49 ans, avait fui la Tunisie en 1991, après avoir fait l'objet d'un mandat d'amener pour son activisme au sein d'une organisation estudiantine relevant d'un mouvement «islamiste» radical. Son long exil l'a amené en Libye, en Mauritanie, au Soudan, en Syrie et en Turquie. Marié à une Syrienne, il a bénéficié de l'amnistie générale après la révolution de janvier 2011, et a pu rentrer en Tunisie, écrit un média tunisien. Le parti Ennahda, une des principales forces politiques de Tunisie, a dénoncé vendredi «l'assassinat» par balle la veille à Sfax d'un homme présenté par des médias comme un ancien sympathisant islamiste, affirmant que ce meurtre menaçait la stabilité du pays. «Le bureau exécutif exprime sa vive condamnation après cet acte qui a ôté la vie à un citoyen (...) et menace la sécurité des Tunisiens et la stabilité de la Tunisie», a réagi Ennahda dans un texte.