Depuis des décennies, le Mossad dispose d'une unité spéciale de quelques dizaines d'agents spécialisés dans les coups tordus. Depuis de nombreuses années, le Mossad se ballade en Tunisie avec une facilité déconcertante et il y commet les meurtres les plus invraisemblables, en toute impunité. Evidemment, on peut supposer qu'il y dispose d'une logistique conséquente et surtout permanente et qu'il puise dans la communauté juive qui vit paisiblement dans le pays, en particulier à Djerba, des réseaux dormants activés au moment opportun. Sinon comment expliquer l'assassinat de Mohamed Zouari, cet ancien pilote de Tunisair et ingénieur aéronautique, tué de trois balles dans le thorax dans une obscure ruelle de Sfax? Membre des Frères musulmans et partisan actif du Hamas palestinien, il aurait conçu des drones pour la résistance armée. Souvent présent en Syrie et au Liban, avec ses contacts du Hezbollah entre autres, il aurait été ciblé par les tueurs israéliens pour avoir offert au Hamas l'opportunité d'espionner des sites de l'entité sioniste avec ses drones même peu sophistiqués. C'est en tout cas l'hypothèse avancée par les médias tandis que les chroniqueurs de l'armée sioniste jouent au «qui ne dit rien consent». Depuis des décennies, le Mossad dispose d'une unité spéciale de quelques dizaines d'agents spécialisés dans les coups tordus. Baptisée Kidon, cette unité intervient en dernier ressort, dès que les dirigeants de l'Etat hébreu estiment en jeu la «sécurité nationale» d'Israël. C'est ainsi qu'en 1990, ses éléments ont assassiné Gérald Bull, ingénieur balisticien canadien chargé de la fabrication d'un supercanon pour l'Irak, abattu à Bruxelles de deux balles de 7,65 dans la nuque. Cinq ans plus tard, c'est le leader du Jihad islamique Fathi Chekaki qui fut ciblé par deux tueurs à moto qui l'avaient logé, à Malte. Ce sera ensuite le cas de Mahmoud Al Mahbouh, fournisseur d'armes iraniennes au Hamas de Ghaza, qui sera étranglé dans une chambre d'hôtel à Dubaï. Et, en 2013, Hassan Lakis, responsable du développement de l'armement du Hezbollah, sera victime d'une exécution similaire à Beyrouth. Tous ces meurtres montrent à quel point le Mossad ne s'embarrasse d'aucun principe quand il s'agit d'atteindre une cible jugée «dangereuse» pour Israël. Mais la question se pose de savoir comment son action peut avoir lieu avec autant de facilité dans une Tunisie déjà visée à plusieurs reprises par ses commandos. Pour l'heure, l'enquête suit son cours et le véhicule des tueurs, dans lequel on a retrouvé leurs armes, va peut-être fournir quelques indices sur la piste qu'ils ont empruntée.