Les Américains ne comptent pas lâcher l'Arabie saoudite de sitôt. La visite du président américain dans le royaume wahhabite, samedi et dimanche, confirme on ne peut plus clairement que l'Amérique de Donald Trump va renforcer davantage ses liens avec une Arabie saoudite minée par la crise et de plus en plus mal aimée. Exit les soupçons de soutien au terrorisme qui pesaient sur le royaume wahhabite. Finie la politique plus ou moins prudente de Barak Obama qui a pointé du doigt, même de manière indirecte, le jeu malsain de l'Arabie saoudite et ses interférences avec le terrorisme international. Donald Trump renoue avec les fondamentaux : foreign policy is a matter of costs and benefits, (la diplomatie est une question de coûts et de bénéfices). Et sur ce coup, le président américain ne peut que se réjouir. Des contrats gigantesques ont été signés samedi entre les deux pays. Pas moins de 380 milliards de dollars de contrats ont été conclus entre les deux Etats, dont 110 pour les ventes d'armements à Riyad dans l'objectif de «contrer les menaces iraniennes». «C'était une journée formidable», a lancé le président américain, samedi. «Des centaines de milliards de dollars d'investissements aux Etats-Unis et des emplois, des emplois, des emplois», s'est-il encore réjoui. L'Arabie saoudite continuera donc à être un allié privilégié et stratégique des Etats-Unis. Riyad ne manquera sans doute pas de tirer les dividendes du premier déplacement de Donald Trump à l'étranger. Mieux, toute relation avec le monde musulman passera inéluctablement d'abord par le royaume wahhabite, semblait dire hier le président Trump devant une cinquantaine de dirigeants arabes et musulmans, conviés pour assister au sommet arabo-islamo-américain. Guerre et paix Le locataire de la Maison Blanche qui tente de faire oublier ses soucis à Washington, passe, à travers ce sommet, à un autre registre : la morale, le mal et le bien, l'espoir, la paix dans le monde. C'est un homme pétri de foi et de bonne volonté qui s'est présenté au pupitre pour dire la messe ! Donald Trump a expliqué qu'il apportait avec lui un «message d'espoir et d'amour» de la part des Etats-Unis, et que c'est pour cette raison qu'il a choisi l'Arabie saoudite pour son premier voyage à l'étranger. Il a dit vouloir la paix, la sécurité et la prospérité au Moyen-Orient, et a appelé les pays musulmans à combattre la radicalisation. Mieux, le président américain ne veut pas imposer le «style de vie» américain au monde musulman. Promettant de faire tout ce qui est en son pouvoir pour construire des relations d'amitié avec le monde musulman, Donald Trump a revêtu un costume de prêcheur de la bonne parole. «Je suis ici devant vous en tant que représentant du peuple américain pour vous délivrer un message d'amitié, d'espoir et d'amour. C'est pour cette raison que j'ai choisi, pour ma première visite internationale, de me rendre ici en Arabie saoudite, le cœur du monde musulman. (…) notre vision est celle de la sécurité, de la paix et de la prospérité. Dans cette région et à travers le monde, notre but est de faire une coalition entre les nations qui partagent la même volonté de combattre les formes d'extrémisme et laisser à nos enfants un futur fait d'espoir», a affirmé Donald Trump. Il a exhorté les pays musulmans à n'offrir aucun «refuge aux terroristes» et a annoncé un accord avec les pays du Golfe pour lutter contre le financement du terrorisme. Volonté réelle ou discours de circonstance ? L'avenir nous le dira très prochainement. Mais il ne faut pas trop se faire d'illusions. Les conflits qui minent justement cette région du monde sont en effet là pour nous rappeler que la paix est orpheline de ses défenseurs. Les Etats-Unis sont directement impliqués dans la majorité des conflits. En Syrie, la politique étasunienne est loin de jouer en faveur de l'apaisement. Idem pour ce qui est de l'Irak et de l'Afghanistan. Difficile d'imaginer dans ce cas de figure un Donald Trump prêt à œuvrer pour la paix. Pourquoi est-il allé dans ce cas vendre ses armes à l'Arabie saoudite ?