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patients, médecins et personnel décrivent une Situation dramatique au CPMC: Au pavillon des cancéreux
Publié dans Le Temps d'Algérie le 24 - 06 - 2017

La situation empire de jour en jour au centre Pierre et Marie curie (CPMC) de cancérologie du CHU Mustapha Bacha à Alger. Le manque de lits pour accueillir le nombre considérable de malades, l'insuffisance de médecins et d'infirmiers, l'étroitesse des structures compliquent les choses. Pis, la prise des rendez-vous pour soins s'étale entre trois mois et une année à l'avance. Lors d'une courte visite effectuée en fin de semaine à ce service, le constat s'est révélé édifiant.

À l'entrée principale de l'ancienne bâtisse qui date de la période coloniale, l'agent de sécurité se plaignait des bornes en acier implantées en plein milieu de la chaussée. «Nous avons toujours eu des problèmes avec les automobilistes, ils bloquent l'accès des ambulances. On dirait que nous sommes dans un parking et pas dans un hôpital. Ils garent leurs voitures ici, ferment ces espaces avec des chaînes et des cadenas», nous a-t-il dit, ajoutant que même des étrangers ne travaillant pas à l'hôpital Mustapha Bacha viennent stationner leurs véhicules durant toute la journée.
Une fois à la réception, nous nous sommes présentés comme étant les parents d'un patient atteint d'un cancer des poumons au stade terminal. La réceptionniste nous a demandé de quelle région le patient allait venir, et si nous avions son dossier médical. Elle voulait aussi connaître le type de cancer. Notre réponse était courte : «Nous voudrions réserver une place dans le service d'oncologie pour une chimiothérapie».
Elle rétorque que ça ne se passait de cette façon et qu'il fallait prendre un rendez-vous bien avant. «Les lits ne sont pas disponibles immédiatement. Les rendez-vous ici, au CPMC, se prennent 3 mois, 6 mois, voire une année à l'avance». Notre interlocutrice ne s'est pas retenue de nous dire d'emblée : «Si vous connaissez quelqu'un ici, à l'hôpital Mustapha Bacha, n'hésitez pas à lui demander un appui. La maârifa (le piston) est très utilisée par les parents des malades qui veulent accéder à n'importe quel service du CPMC». Elle ajoutera que «des cancéreux sont morts 2 mois avant la date de leur rendez-vous de chimiothérapie ou de radiothérapie».
Choqués, nous avons poursuivi notre tentative de réservation de place à notre pseudo-patient. Dans les escaliers, un médecin relevant du service de réanimation, que nous avons interpellé, a répondu : «Votre malade doit être admis au service d'oncologie, c'est là où on va décider si son cancer est radiosensible ou bien chimio-sensible», tout en affirmant qu'il serait impossible de le faire sans rendez-vous, vu la tension enregistrée dans ce service.
Nous avons insisté pour savoir aussi si les places au service de réanimation étaient accessibles facilement. La réponse du médecin a été catégorique : «Vous savez, le service de réanimation du CPMC est trop limité en termes de places. Il ne dispose en tout que de huit lits seulement». Et d'ajouter : «Les patients viennent des 48 wilayas ; ils sont très nombreux, surtout ceux qui sont orientés vers les services d'oncologie ou d'hématologie. L'accès d'un patient à la réanimation est plus qu'un rêve». Il s'explique : «Le manque de places nous pousse souvent, nous les médecins, à conseiller aux parents des malades dans un stade de métastases avancé, de les faire sortir pour finir leurs dernières heures chez eux. Alors que dans les pays qui se respectent, un cancéreux, quel que soit son type ou son stade, demeure à l'hôpital jusqu'à son dernier souffle».
Nous avons insisté encore pour savoir comment faire pour réserver une place au service réanimation. Le médecin nous a répondu : «ce sont les professeurs chefs de service qui commandent ici, et pas la nature de la maladie, ou les soins qu'elle nécessite».
Une fois au premier étage, un monde fou occupait les couloirs exigus du service oncologie. Une femme, la quarantaine, qui venait juste de passer sa séance de chimiothérapie, que nous avons interpellée, témoigne : «J'attends ici depuis une heure, pour un dernier contrôle par mon médecin. Je suis venue de Constantine. Et ça fait presque six mois que je viens ici. Je souffre trop».
Elle précise qu'elle aurait pu se traiter à Constantine ou à Sétif, mais pour elle, les médecins de la capitale sont les meilleurs en Algérie.
Nous avons essayé de voir le professeur chef du service oncologie au CPMC, Kamel Bouzid, dans son bureau. Après plusieurs tentatives, sa secrétaire nous a dit : «Le professeur est très pris par les rendez-vous cette matinée». Nous avons insisté. «Donnez- moi votre nom, et peut-être que vous allez pouvoir lui parler d'ici deux ou trois heures, sinon demain».
Au service d'hématologie, la catastrophe
Nous n'avons pas été surpris, puisque au niveau de la réception, on a appris que les malades atteints d'un cancer, même à un stade final, devaient attendre entre trois mois et une année pour pouvoir effectuer une séance de chimiothérapie au service d'oncologie. Le plus étonnant encore, c'est que même l'enseigne à l'entrée principale du service d'oncologie du CPMC porte le nom du professeur chef de service. A l'hôpital de jour du service d'hématologie, la situation était plus préoccupante. Une centaine de personnes occupaient le tout petit couloir d'une superficie de quelques mètres carrés.
Nous nous sommes présentés. Une infirmière nous a dit : «Vous êtes de la presse, j'attends depuis longtemps pour faire entendre notre souffrance quotidienne». Et de marteler : «Nous n'avons pas de médicaments, le matériel est au compte-gouttes. La majorité du personnel s'est enfuie pour aller travailler dans les cliniques privées». Elle poursuit : «Moi personnellement, je ne peux plus résister, je reçois 140 malades par jour, dans des conditions de travail désastreuses et catastrophiques. Nous travaillons dans un service qui était auparavant une salle d'attente, avant de se transformer actuellement en salle de soins». La même infirmière, à bout de nerfs, commence à pleurer : «Venez avec moi. Regardez, c'est soi-disant le box où les médecins-assistants exercent. Et voilà aussi les toilettes qui sont derrière ce mur qui les sépare du bureau des médecins». Elle poursuit : «même les femmes de ménage n'arrivent pas à travailler à cause de cette odeur que nous respirons 24/24».
Nous avons pu faire intervenir un médecin hématologue au même service. Il a précisé que le plus grand problème du CPMC, «c'est que la structure est trop petite. Ce qui provoque la charge. Il faut que les autorités réagissent rapidement, et construire d'autres grandes structures». Il ajoute : «les médecins oncologues et hématologues doivent aussi sortir d'Alger. Les wilayas de l'intérieur sont trop négligées. Un manque énorme de médecins spécialistes y est enregistré».
Ce même hématologue ajoute : «On n'arrive pas à accueillir le nombre important de patients venant des 48 wilayas. Nous effectuons ici des urgences thérapeutiques dans des conditions pénibles. Toute la wilaya d'Alger dispose seulement de deux structures d'hématologie, un ici au CPMC, et l'autre à l'hôpital de Beni Messous».
Une commission technique sera envoyée par la tutelle
Une visite surprise a été effectuée dernièrement au CPMC par M. Mokhtar Hasbellaoui, le tout nouveau ministre de la santé, de la population et de la réforme hospitalière (MSPRH), annonce un communiqué de la tutelle.Selon la même source, la tournée du ministre effectuée au service d'oncologie médicale a démontré qu'une demande «débridée» a été constatée, en précisant que «le ministre a signalé l'absence de normalisation du parcours du malade, et aussi du réseau de prise en charge assurant l'accompagnement et l'autonomie des nouveaux espaces d'oncologie médicale de l'intérieur du pays». La visite du ministre au service d'anatomie pathologique lui a permis de constater aussi que «l'espace réservé à cette spécialité n'offre pas toutes les commodités au personnel. A cet effet, il a ordonné l'envoi d'une commission technique d'experts au CPMC pour étudier toutes les possibilités d'une meilleure exploitation des espaces disponibles, notamment aux étages inférieurs». Pour ce qui est du service d'hématologie, le ministre a insisté sur la nécessité de renforcer les capacités en lits, d'accompagner le développement de la greffe de la moelle osseuse au CHU Béni Messous, à l'EHU d'Oran, au CHU de Sidi Bel Abbès et au CHU de Batna.
Reportage réalisé par


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