Réunies hier à l'hôtel El Aurassi, les organisations patronales et la centrale syndicale ont exprimé leur vive préoccupation après le traitement réservé au président du Forum des chefs d'entreprise, Ali Haddad, le samedi 15 juillet à l'Ecole supérieure de la sécurité sociale, lors d'une visite d'inauguration effectuée par le nouveau Premier ministre. La rencontre qui réunissait les dirigeants d'organisations patronales et responsables de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) s'est tenue à huis clos durant toute la matinée d'hier. Une déclaration dite des «Signataires du Pacte national économique et social de croissance» a été rendue publique. Dans cette déclaration, portant l'en-tête de l'UGTA et de son secrétariat général, les huit signataires (UGTA, FCE, CNPA, CAP, UNI, CGP-BTPH et AGEA) ont tenu à exprimer leur préoccupation quant à l'avenir du Pacte économique et social signé avec le gouvernement pour poursuivre l'effort de croissance et de développement du pays, après le traitement qui a été réservé par les services du protocole du premier ministre au président du FCE, Ali Haddad, lors de l'inauguration de l'école supérieure de la sécurité sociale. «La sagesse et la sérénité nous commandent de ne pas y voir pour l'instant un coup de canif dans le consensus douloureusement construit et qui porte, par ce geste de Monsieur le Premier ministre, indéniablement préjudice à l'esprit et la lettre du Pacte National Economique et Social de Croissance, moment fondamental de la consécration de la culture du dialogue social entre le gouvernement et ses partenaires socio-économiques», ont mis en garde les signataires de la Déclaration. Tout en exprimant leur disponibilité à respecter le Pacte social et à considérer que seul le dialogue peut assurer et assurera la paix et la stabilité sociale, les organisations patronales et la centrale syndicale relèvent cependant que «ce dialogue, fruit de la confiance entre tous les partenaires, initié et porté par son excellence Monsieur le Président de la République, vient d'être entaché par un acte difficilement admissible», faisant référence au traitement réservé au chef du FCE par les services du premier ministre. Malgré cet aléa, les signataires de la Déclaration se disent «déterminés à poursuivre le dialogue social dans le respect mutuel au service du développement économique et social initié par le programme de Monsieur le Président de la République». Réitérant leur engagement «sans faille à agir pour traduire dans la réalité les engagements contenus dans le Pacte, les signataires de la Déclaration ont tenu à exprimer par la même occasion leur attachement indéfectible et leur fidélité totale à la seule personne du président de la République, Monsieur Abdelaziz Bouteflika». On constate bien que les termes mesurés de la présente déclaration situent de manière claire les responsabilités des uns et des autres. Les partenaires du gouvernement tiennent à sauvegarder le dialogue, la confiance et la sérénité. «Un geste préjudiciable» A l'issue des travaux de cette réunion, le président du FCE, sollicité par la presse, a refusé de polémiquer sur cette affaire, demandant aux journalistes de se référer à la Déclaration finale. Le SG de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, et le chargé de l'organique, Achour Telli, ont également refusé de faire des déclarations à la presse. Ils se sont contentés de dire qu'ils sont entièrement solidaires avec le président du FCE. Quant aux dirigeants d'organisations patronales, ils étaient également unanimes à dénoncer le traitement réservé à Ali Haddad, considérant cet acte comme inadmissible. Le président de l'Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA), Mouloud Kheloufi, qui a déploré cet incident, a estimé que tous les patrons algériens sont profondément touchés et solidaires. «Nous sommes signataires et partenaires du pacte économique et social. Nous n'acceptons pas qu'un membre de notre organisation soit victime d'un tel traitement. Malgré cet incident, nous restons toujours ouverts au dialogue et à défendre l'intérêt du pays», a-t-il confié, précisant que la démarche initiée par l'ensemble des associations patronales et l'UGTA est permanentée avec d'autres contacts dans les prochains jours. Le président de l'AGEA affirme aussi que les signataires de la Déclaration ne demandent pas une réaction officielle du Premier ministre, mais souhaitent voir son adhésion totale au Pacte social scellé lors de la tripartite.