On a lu et entendu beaucoup de choses pas très rassurantes ces derniers temps. Il y a eu même des appels, virtuels et réels, à l'intervention de l'armée pour dégoupiller une prétendue crise politique qui serait née du limogeage inattendu de l'ex-Premier ministre. Comme souvent en pareilles circonstances, certains milieux lorgnent par un réflexe quasi pavlovien, vers l'Armée nationale. Certains osent même se mettre au garde-à-vous en offrant leurs services de sous-traitance politique et médiatique pour voir aboutir ce dessein pas très sain… Il y a eu une foultitude de rumeurs, d'intox et de manipulations ces derniers jours, toutes aussi de mauvais augure les unes que les autres. Il fallait donc y mettre le holà. Tuer les rumeurs. Le chef d'état-major de l'armée, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, fortement interpellé, a fini par rappeler l'ordre du jour de l'ANP : depuis Constantine où il effectuait une visite d'inspection à la 5e Région militaire, il a réitéré que l'ANP «demeurera, comme j'ai tant veillé à le répéter, une armée républicaine, engagée à défendre la souveraineté nationale et l'intégrité territoriale du pays, protégeant l'indépendance». Une armée républicaine. Le mot est lâché et rabâché pour quelques aventuriers qui voudraient replacer l'Algérie dans l'instabilité institutionnelle qu'ils dénonçaient eux- mêmes par le passé. Droit dans ses bottes, Gaïd Salah fait cette éclairante mise au point qui sonne comme la fin de la récréation politique à ces milieux incapables d'envisager autre chose que la réintroduction de l'Armée dans la sphère politique. Vue sous cet angle, la prise de parole du chef d'état-major doit être saluée à sa juste valeur. Elle évacue d'un revers de la main la solution aventurière que suggèrent certains politiques prétendument républicains qui appellent au putsch. Ils feignent d'oublier que l'ère des coups d'Etat est révolue. Pis, ils se surprennent à défendre exactement le contraire de leurs convictions passées... Subitement, l'armée tant décriée par le passé pour son rôle décisif dans la vie politique nationale, fait l'objet d'appels du pied à y revenir. C'est à tomber à la renverse face à cet incroyable coup de foudre qu'éprouvent les anti-militaristes d'hier à l'égard de l'Armée à laquelle ils font les yeux doux aujourd'hui. Le chef d'état-major a donc jugé utile de (re)parler hier. Il a rappelé à ces gens-là que l'ANP est définitivement républicaine, c'est-à-dire que son champ d'intervention est bien défini par la Constitution. Le message est d'une clarté diaphane. Inutile de tirer des plans sur la comète ou d'envisager un changement par la force de la baïonnette. Ce n'est plus la mode, et c'est tant mieux. Les soldats de l'apocalypse doivent comprendre qu'il y a une période à tout. L'Algérie d'aujourd'hui n'est plus celle des années 90. Le monde non plus d'ailleurs. Les petites alliances de circonstance et autres calculs mesquins de certains milieux mus par leurs intérêts étroits, ne peuvent ni ne doivent justifier ces accès d'adrénaline. Un peu de retenue, s'il vous plaît ! Ne condamnez pas ce beau pays à revivre son passé douloureux. Patience, et tout ira bien. Incha Allah.