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«La guerre entre Riyad et Téhéran n'est pas inévitable»
Publié dans Le Temps d'Algérie le 12 - 11 - 2017

Tewfik Hamel, politologue et chercheur en histoire militaire
L'escalade des mots entre Riyad et Téhéran va crescendo. L'instabilité de la région est de plus en plus prononcée. Entre l'Arabie saoudite et l'Iran, le conflit n'est jamais conjoncturel. Les atavismes latents reprennent surface induisant un climat de tension permanent.
« Les lignes de fractures identitaires (arabes versus perses) et religieuses (sunnites versus chiites) se superposent aux ambitions géopolitiques », soutient Tewfik Hamel. Pour lui, si la confrontation entre les deux pays a pris jusqu'ici une forme horizontale, (tactiques d'harcèlement, déclenchement de zones de crise et guerre par procuration) ; rien ne dit que le conflit reste confiné à ce stade. Un risque de débordement sur toute la région est-il réel ? Eléments de réponse avec le chercheur en histoire militaire Tewfik Hamel.
Le Temps d'Algérie : Les événements au Moyen-Orient semblent s'accélérer. L'Arabie saoudite et l'Iran s'échangent des accusations belliqueuses. Quelles pourraient être les conséquences immédiates de cette guerre des mots ?
Tewfik Hamel : Une instabilité régionale, au pire une guerre régionale. Il est plus probable que la rivalité irano-saoudiene prenne la forme d'une confrontation horizontale- c'est-à-dire déclenchement de zones de crises ici et là, guerres par procuration, stratégies d'épuisement et tactiques d'harcèlement-, que verticales : conflit ouvert et direct. Un élément important à souligner : Avec l'accord sur le nucléaire, l'Iran se trouve renforcé sur le plan politique d'autant plus que les Etats-Unis, eux-mêmes, ont détruit ses ennemis héréditaires, Saddam et les Talibans. Le climat de tension entretenu et sans cesse ravivé entre Riyad et Téhéran n'est pas seulement conjoncturel. Les lignes de fractures identitaires (arabes versus perses) et religieuses (sunnites versus chiites) se superposent aux ambitions géopolitiques. L'hostilité qui oppose Riyad et Teheran a pour origine leurs visions divergentes de l'avenir du Moyen-Orient. L'« imaginaire de sécurité » (c'est-à-dire « la partie de l'imaginaire social qui traite de la compréhension du monde sécuritaire et rend possible les pratiques sécuritaires ») des deux capitales divergent. Du fait de l'insécurité politique du régime saoudien et de l'aventurisme du ministre saoudien de la Défense, Mohammed ben Salmane al-Saoud, la guerre entre Ryad et Téhéran n'est pas inévitable (pas plus que la paix ! ). Ni la paix, ni la guerre entre les deux pays ne semble souhaitée par la majorité des dirigeants arabes. Ceux-ci continuent à préférer le retour au statut quo qui garantirait, à leurs yeux, la sécurité au moindre coût. Mais les saoudiens sont désormais sur une ligne tout à fait différente de leurs alliés arabes et dangereusement glissante. La manière dont les dernières arrestations ont été faites montre une certaine insécurité politique qui hante la famille royale dirigeante.
Le Yemen est devenu un terrain d'affrontement où l'Arabie saoudite et l'Iran se mènent la guerre à distance. Y a-t-il selon vous un risque de voir ces affrontements larvés déborder sur toute la région ?
L'Iran est devenu un acteur incontournable dans la plus part des questions arabes, y compris au Liban, en Palestine, en Syrie et au Yémen. Les Etats du Golfe ont toujours été méfiants sur la question des pourparlers entre Washington et Téhéran. Ils souhaitent éviter une nouvelle secousse pour la région tout en désirant en même temps l'échec de toute tentative de dialogue sérieuse entre Washington et Téhéran, dont l'entente se ferait nécessairement à leur détriment. Toutefois, pour des raisons internes, l'Iran est plus que jamais, aux yeux de la monarchie saoudienne, l'ennemi dont on a besoin pour détourner l'attention de la population de l'impasse dans laquelle se trouve de plus en plus évidemment le système politique du royaume. Plus la répression augmente à l'intérieur, plus le ton des saoudien augmente face aux iraniens.
Le Liban a brutalement replongé dans l'incertitude après la démission du premier ministre Saad Hariri. Ryiad est-il véritablement à la manœuvre comme le suspectent le Hezbollah et d'autres observateurs ?
L'influence de Riyad n'est pas négligeable. La mobilisation de l'opinion publique arabe autour de la menace iranienne traduit des dysfonctionnements institutionnels et des faiblesses structurelles internes. Le sentiment d'insécurité de Riyad ne peut pas vraiment être apaisé ; et aucun contrat d'armement ni aucune mesure de confiance ne mettra fin à la paranoïa des dirigeants saoudiens. Lorsque le dilemme de la sécurité est le résultat des politiques de sécurité extérieures des Etats, les Etats peuvent désamorcer les tensions grâce à des mesures de renforcement de la confiance. De telles mesures sont importantes pour surmonter (au moins temporairement) la nature anarchique du système international, notamment entre l'Iran et ses voisins du Golfe. En revanche, les bases psychologiques des vulnérabilités internes sont beaucoup plus difficiles à apaiser. En effet, l'insécurité intérieure présente un défi particulier pour les décideurs. Les craintes d'ingérence interne des Saoudiens sont générées non pas par les politiques des autres Etats, mais par les vulnérabilités internes de l'Etat saoudien lui-même. En effet, les Etats ayant des vulnérabilités internes ne peuvent pas être facilement apaisés par des mesures de renforcement de confiance avec leurs voisins. Tout changement sera considéré par les décideurs saoudiens comme une instabilité et une menace. Les Etats confrontés à l'insécurité politique n'ont pas réussi à produire ce que Dominique Schnapper a appelé des « citoyens formels ».
D'où le recours à un appareil idéologico-sécuritaire fortement coercitif et répressif pour compenser l'absence de la « sécurité politique » qui peut être assimilée à la légitimité politique.
La crainte d'une nouvelle guerre civile au Liban est-elle, selon-vous, réelle ?
Théoriquement, le risque d'une guerre civile est minime. Tous les acteurs de la société libanaise y compris Hezbollah s'efforcent de préserver et même de renforcer une paix et une stabilité aussi précaires soient-elles. Ils sont conscients des conséquences. En outre, contrairement à la Syrie, les puissances extérieures n'ont aucun intérêt à déstabiliser le Liban. Toutefois, le Royaume saoudien semble de plus en plus imprévisible. La rupture diplomatique avec le Qatar n'en est que le dernier exemple en date, d'une série de décisions jugées excessives et irrationnelles. L'échec de la stratégie saoudienne au Yémen et en Syrie (les objectifs annoncés n'ont pas été atteints) pourrait conduire Riyad à élargir sa confrontation horizontale et indirecte avec l'Iran.
Le prince héritier Mohammed ben Salmane bénéficie d'un soutien inconditionnel des Etats-Unis. Le nouvel homme fort de l'Arabie saoudite peut-il être un « instrument » au service d'une reconfiguration géopolitique de toute la région souhaitée et menée par les USA ?
Les Etats-Unis maintiennent certes une grande influence dans la région, mais l'Arabie saoudite a aussi son propre agenda. Une certaine inquiétude prévaut chez les petits Etats du Golfe, qui craignent pour leur existence dans l'ombre d'un puissant voisin doté de capacité nucléaire. En outre, au-delà de la question nucléaire, l'obsession de tous les Etats sunnites, du Caire jusqu'à Riyad, c'est l'idée de voir émerger un pôle chiite en Irak, voire la création d'un pôle chiite allant de Téhéran à Beyrouth incluant Damas, et Sanaa, et qui contrôlerait l'essentiel des ressources pétrolières. L' « imaginaire sécuritaire » (un élément très important de la sécurité politique d'un Etat) des Saoudien est obsédé par le menace iranienne. Il n'est pas sûr que Washington apporte un soutien inconditionnel à Riyad comme l'illustre l'ambigüité des positions américaines sur la rupture des relations avec le Qatar. La guerre avec l'Iran sera d'une autre dimension. La politique étrangère de l'Iran ne peut plus donner l'image d'un grand délinquant. Les iraniens sont très habilles. Ils ne négocient qu'une fois le contrat est signé. La stratégie iranienne apparaît ainsi comme un mélange de visées régionales et de dissuasion face à certaines menaces ; le tout associé à une tentative de créer un système coopératif d'alliance. L'Iran veut installer au Moyen-Orient un ordre alternatif à l'hégémonie américaine.

Entretien réalisé


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