L'opposition en Mauritanie a une nouvelle fois dénoncé une «fraude massive» lors de la présidentielle qui a vu la victoire dès le premier tour du général putschiste Mohamed Ould Abdel Aziz et va déposer un recours devant le Conseil constitutionnel. Mais les missions d'observation de six organisations internationales, dont l'Union africaine (UA) et l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), se sont félicitées de leur côté du «déroulement satisfaisant des opérations de vote». L'attitude de la communauté internationale, et notamment des principaux bailleurs de fonds (Union européenne, France, Etats-Unis...), est très attendue. Cette élection est censée en effet mettre un terme à la crise née du coup d'Etat militaire du 6 août 2008. Une commission se met au travail pour permettre le dépôt d'un recours devant le Conseil constitutionnel au plus tard hier à 19H00, selon le porte-parole du Front national pour la défense de la démocratie en Mauritanie (FNDD, anti-putsch). Une opération de vérification à même de permettre d'avancer des preuves tangibles sur cette fraude massive. Le meneur du putsch et ex-chef de la junte, le général Ould Abdel Aziz, 53 ans, a été élu dès le premier tour avec plus de 52% des voix. Pour le porte-parole du FNDD, dont le candidat Messaoud Ould Boulkheir arrive en 2e position (avec 16,29% des voix) loin derrière le général putschiste, «le vote a été manipulé aussi bien en amont qu'en aval». En amont par la violation de l'accord (de sortie de crise) de Dakar, la neutralité de l'armée qui n'a pas été observée et les moyens de l'Etat utilisés par le candidat Ould Abdel Aziz. L'orateur dénoncera dans ce sillage «l'utilisation des avions de l'armée et la distribution de vivres aux populations en pleine campagne par les institutions étatiques» ainsi qu'une «manipulation du fichier électoral». Mais quatre candidats (sur neuf) ont déjà reconnu les résultats et félicité le nouveau président. Parmi eux, le candidat islamiste modéré Jemil Ould Mansour qui a obtenu 4,76% à la présidentielle, dont le parti Tewassoul fait pourtant partie du front anti-putsch. Le nouveau président, lors de sa première conférence de presse dimanche soir, avait écarté toute fraude : «En tout cas, notre camp n'a pas fraudé. Il ne suffit pas de dire qu'il y a eu fraude, il faut apporter des preuves». Et les observateurs de six organisations internationales n'ont pas relevé de graves irrégularités le jour du scrutin. «Tout en se félicitant du déroulement satisfaisant des opérations de vote, elles exhortent les candidats à recourir aux voies légales en cas de contestation», indique un communiqué conjoint publié à Nouakchott. Elles pointent toutefois du doigt des «insuffisances», comme la «présence parfois envahissante des forces de l'ordre et la présence de militants de certains candidats». Les organisations signataires sont : l'UA, l'OIF, la Ligue arabe, l'Organisation de la conférence islamique (OCI), l'Union du Maghreb arabe (UMA) et la Communauté des Etats sahélo-sahariens (Cen-Sad). La Commission européenne a pour sa part estimé qu'il était «prématuré de se prononcer» sur les résultats provisoires. En avril, l'UE avait officiellement suspendu pour deux ans sa coopération avec la Mauritanie en raison du coup d'Etat, assurant que cette coopération ne pourrait reprendre sans «retour à l'ordre constitutionnel». Réagissant hier, l'Espagne s'est félicitée du bon déroulement et de la «transparence» de l'élection présidentielle mauritanienne, estimant qu'elle a contribué à «consolider le processus de transition» vers la démocratie dans ce pays. Le gouvernement espagnol, «dans l'attente des résultats définitifs», ne se prononce pas toutefois sur la victoire annoncée avec plus de 52% des voix dans cette élection du général putschiste Mohamed Ould Abdel Aziz, que conteste l'opposition mauritanienne. Le communiqué rappelle que l'Espagne a «contribué activement» à ce processus de transition pour essayer de mettre un terme à la crise née du coup d'Etat militaire du 6 août 2008.