Si pour le moment aucune date n'a été avancée pour la tenue de la tripartite, il est néanmoins évident que l'augmentation des salaires, donc du salaire national minimum garanti (SNMG) constituera le point le plus important de l'ordre du jour de la rencontre. Qu'en pensent les syndicats autonomes ? Que proposent-ils ? Ils sont unanimes à considérer que le SNMG ne doit pas descendre en dessous de 30 000 dinars, d'autant plus que «le budget de l'Etat peut aisément répondre à cette exigence». Pour le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Mohamed Salem Sadali, la revalorisation des salaires ne peut se faire sans l'abrogation de l'article 37 bis. «Tout débat sous d'autres conditions est un débat biaisé» a-t-il dit. Pour lui, la question des salaires ne doit pas être abordée du point de vue du SNMG seulement. S'il a estimé que la revalorisation des bas salaires est indispensable, même si elle touche seulement «une petite frange», l'autre condition sine qua non à prendre en considération lors de la tripartite, considère encore notre interlocuteur, est la revalorisation du point indiciaire. Il proposera dans ce contexte la création d'un mécanisme qui puisse indexer le point indiciaire sur le pouvoir d'achat des algériens. Interrogé sur un «Smig idéal», Sadali a affirmé que «tout salaire inférieur à 30 000 dinars est insuffisant pour une famille de 5 membres.» Relever le SNMG de seulement 3000 dinars n'aura aucun effet sur le pouvoir d'achat» a-t-il commenté, suggérant une véritable politique salariale. Le chargé de la communication au sein de la coordination des lycées d'Alger (CLA), Idir Achour, abonde dans le même sens. «Il faut relever le point indiciaire à 165 dinars», a-t-il suggéré, estimant que «le budget de l'Etat peut aisément le supporter». «Il faut permettre au travailleur d'en bénéficier» a-t-il estimé, ajoutant que «c'est lui qui a payé le réajustement structurel, et maintenant qu'il y a une embellie financière, elle doit se répercuter sur les salaires.» Le SNMG qui garantirait une vie décente à un ménage de 5 personnes devrait être de 32 000 dinars, a dit M. Idir, s'appuyant sur une étude sur le pouvoir d'achat. «Nous allons organiser un rassemblement le jour même de la tripartite» a fait savoir M. Idir, qui réitère la demande du syndicat d'ouvrir les discussions sur le statut particulier et la révision du régime indemnitaire. Même son de cloche chez le Syndicat autonome des professionnels de l'enseignement secondaire et technique (Snapest). Son coordinateur national, Meziane Meriane, qui regrette l'exclusion des syndicats autonomes de la tripartite, a lui aussi insisté sur l'abrogation de l'article 87bis, «préalable à toute discussion» qui permettra selon lui à tous les travailleurs de toucher au moins le SNMG. Le Snapest qui tient actuellement son université d'été va adresser une missive à la tripartite avec des propositions qui prendront en compte le pouvoir d'achat des algériens et l'inflation qui caractérise le marché, a fait savoir notre interlocuteur. Il a estimé qu'en vue de relever le pouvoir d'achat, le SNMG doit être de l'ordre de 35 000 dinars. Ce qui induirait selon lui la relance de la chaîne économique. «Lorsqu'il y a une crise, nous la supportons ensemble et lorsqu'il y a embellie, nous devons également la partager» a-t-il dit pour conclure, estimant inconcevable qu'un député ou un magistrat touche 300 000 dinars, alors que le citoyen fait face tout seul aux retombées de la crise économique.