Les prix des produits d'importation destinés à une large consommation commencent à se remodeler, et ce, au lendemain de l'entrée en vigueur de la loi de finances complémentaire. Qui dans le souci de réduire la facture des importations resserre l'étau un tant soit peu sur les importateurs. Lesquels en guise de prélude à la nouvelle donne font dans la surenchère sur les prix du café. Et c'est à partir du marché de Semmar que la couleur a été annoncée ce week-end. Ce jeudi matin au marché de gros du café en grains à Semmar, dans la banlieue d'Alger, les prix du café affichaient une augmentation de 10 DA sur le kg, atteignant la barre de 300 DA , «une augmentation qui ne peut être qu'une avant-première pour un bond plus important que sont susceptibles de faire les prix de ce produit dans les prochains jours», nous déclare un grossiste, tout en ne manquant pas de préciser que le marché du café est en train de vivre une certaine effervescence vu le déséquilibre ressenti ces derniers jours dans le mécanisme de l'offre et la demande de ce produit, dont la disponibilité sur le marché commence à s'effriter. Chose due essentiellement, d'après les vendeurs en gros, aux nouvelles dispositions prises dans la loi de finances complémentaire. Qui pour rappel, dans le souci de diminuer le montant de la facture des importations, impose un numéro d'identification fiscale (NIF) comme base à toutes les procédures de domiciliation bancaire et de dédouanement liées aux opérations de commerce extérieur. Cette fameuse facture des importations, qui a atteint en 2008 le montant effarant de 40 milliards de dollars, a réservé rien que pour l'importation du café quelque 300 millions de dollars, alors que le montant n'était que de 220 millions de dollars en 2007. Pour revenir à la hausse actuelle des prix du café qui commence à se dessiner, et dans le souci de s'informer sur ses répercussions, on sollicita quelques torréfacteurs de la place d'Alger, dont quelques-uns s'en sont allés se mettre au diapason des «nouveaux tarifs». Et chez eux, le kilo de café s'affiche d'ores et déjà sur une balance de qui varie de 420 à 450 DA. Une certaine anarchie qui en dit long sur la spéculation qui a commencé à frapper le marché du café, juste au lendemain de l'entrée en vigueur de la loi de finances complémentaire. Et de là à se questionner sur ces délais de répercussion record de la nouvelle loi : est-ce que ce ne sont pas les vieux stocks qui ont été tout simplement soumis à la hausse ? Par ailleurs, dans les rayons des grandes surfaces, de même que chez les grossistes dans les produits alimentaires, le prix du café conditionné a tout de même gardé sa stabilité durant ce week-end, qui va de 440 DA à 490 DA le kilo. Rencontré dans son atelier de torréfaction dans les environs de Bab El Oued, un concitoyen a déclaré que ce n'est pas l'augmentation qui étonne, «mais c'est le fait qu'en Algérie, on affiche les mêmes prix pour le produit quel que soit sa provenance, le Brésil, la côte d'Ivoire ou le Vietnam, un pays quatre fois plus loin que notre voisin d'Afrique». Alors que chez les cafetiers les tractations sont de mise afin de se conformer à la nouvelle donne, «il demeure raisonnable que nous qui proposons la tasse à 15 DA, nous pouvons rebondir sur la barre de 20 DA, mais ceux qui l'affichent à 20 DA depuis un bon bout de temps, quelle sera leur réaction ?», a questionné un gérant de café à Hussein Dey. Reste que l'algérien en sa qualité de grand consommateur de café doit calculer sa bourse d'ores et déjà en fonction de la hausse prévisible du prix de son breuvage préféré. Tout en allant dans la foulée du mois de Ramadhan, où tous les records dans les prix des produits de large consommation ne sont pas à exclure.