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La loi du plus cher !
Sur les traces des spéculateurs
Publié dans Le Temps d'Algérie le 30 - 08 - 2009

Comme chaque année et durant le mois sacré de Ramadhan, les prix flambent, mettant ainsi les familles dans une situation des plus délicates. Légumes, fruits, viandes ou même les produits de seconde nécessité montent en flèche durant ce mois
, pourtant censé être pour la communauté musulmane une période où elle compatit avec ses frères qui vivent à longueur d'année dans le besoin. Hier, très tôt le matin, à l'heure du s'hour, nous avons pris la destination du marché de gros de Tadmaït, accompagné de deux commerçants, il s'agit de Yazid et de Rezak qui sillonnent tous les jours que Dieu fait ce marché en long et en large à la recherche de la bonne qualité, mais surtout des bas prix. La journée d'hier s'annonçait très «chaude» dès 3 h, l'heure à laquelle nous avons mis nos pieds à l'intérieur du marché.
Des fellahs, des commerçants, des revendeurs mais surtout et, malheureusement ils sont très nombreux, les spéculateurs, un genre humain hors du commun. Ils déambulent le long du marché à la recherche d'un agriculteur ou d'un marchand de légumes avec lequel ils pourront s'aligner et faire monter les enchères.
Première victime à subir les affres d'un spéculateur bien connu du souk, il est l'un des mafieux des fruits et légumes, Omar. C'est un quinquagénaire qui vit de ce commerce, moralement illicite. Nous l'avons suivi et vu à l'œuvre. Il a commencé par décourager le pauvre fellah qui était derrière ses cageots de tomate en lui indiquant que sa marchandise est avariée ! Et que son prix n'atteindra pas les 22 DA le kilo. Le fellah n'obtempère pas, il répond en disant : «C'est de la bonne qualité et je vais la vendre à un prix raisonnable, vas-y voir ailleurs.»
Un coup très mal digéré par le spéculateur qui est passé à la menace : «Je te jure que tu vas regretter ces paroles !» Et au fellah de répliquer : «Moi je crains Dieu, on en a marre de vos pratiques, vous êtes musulman vous aussi non ? Si je vends à 22 DA le kilo, je serais gagnant dans l'affaire sans vider les poches des citoyens, comme toi ou pire.»
Autre destination du spéculateur, mais cette fois-ci le bonhomme en question commence à se douter de notre présence et se retourne vers nous en furie : «Vous êtes de la police ? Pourquoi vous me suivez comme ça, il est 3h, allez faire vos achats comme tous les autres.» Nous rechignons en expliquant que nous voulons apprendre le métier. Et nous sommes très épatés par sa manière de marchander.
Le spéculateur a mordu à l'hameçon. Omar nous ouvre son cœur et nous fait quelques confidences :
«Vous savez, l'Etat ne fait rien pour nous, alors qu'ailleurs les démarcheurs (c'est ainsi qu'il s'identifie) ont une grande valeur dans l'équilibre du marché.» Omar nous renseigne en quoi consiste réellement son travail : «Nous aidons les fellahs à s'en sortir car les commerçants du détail font tout pour acheter à bas prix !»
Nous l'interrompons : «Vous avez dit nous, vous êtes nombreux dans ce marché ?» Et à lui de répondre : «Nous sommes un groupe de 10 à 15 démarcheurs, nous achetons très tôt le matin pour libérer les fellahs et nous revendons après aux commerçants qui commencent à affluer à l'aurore.» Quelle stratégie ! Même les inventeurs du marketing moderne n'ont pas pu atteindre un tel seuil.
Des bénéfices à la pelle
Vers 4h30, alors que nous faisons le tour du marché, Omar est derrière un camion de pastèques, il en a acheté à 13 DA le kilo et il la revend à 20 DA, énorme bénéfice pour un soi-disant grossiste. Non loin de Omar, un autre spéculateur, Saïd, est un professionnel de la pomme de terre.
A 3h45, il a acheté un camion de pommes de terre à 23 DA le kilo et à 4h30 il la revend à 32 DA, il ne s'est pas trop encombré de calculs, il a juste inversé les chiffres et le compte est bon. Nous poussons le bouchon un peu avec ce «truand» commerçant : «Nous avons vu ce camion ce matin très tôt et il vendait sa marchandise à 23 DA le kilo, comment se fait-il qu'elle saute à 32 DA ?» «C'est la loi de l'offre et de la demande qui régit le marché, c'est comme ça et pas autrement», réplique Saïd tout rouge.
«Mais c'est vous qui faites monter les prix au détriment de vos concitoyens, c'est injuste, non ? D'autant plus que vous pouvez bien marchander en prenant une marge beaucoup plus basse et vous serez gagnant dans l'affaire.» Saïd a haussé le ton et a déclaré : «Si vous êtes venus pour acheter, voilà mon prix, si vous êtes là pour me juger, allez voir ailleurs !» Très en colère, le spéculateur ne veut même plus nous vendre son produit.
Le lobby du souk, la phobie du marché
Omar, Saïd et les autres sont ceux-là qui font grimper les prix des fruits et légumes sans se soucier du consommateur qui paye dans la plupart des cas la facture très salée. C'est à travers leur bêtise que le citoyen craint tout déplacement au marché pour d'éventuelles emplettes.
Ils sont les maîtres des lieux, ils décident de tout, sans que l'Etat vienne à la rescousse et sauve le consommateur des filets de ces chasseurs hors normes.
Ils sont un groupe et s'entraident, ils décident de la faillite de l'agriculteur, ils sauvent d'autres de la banqueroute si le produit existe à profusion. Ils sont derrière la flambée des prix, ils sont la source de la pauvreté du consommateur.
Certains fellahs nous ont confié que leurs collègues sont d'appoint avec ces spéculateurs et travaillent avec eux. Ils craignent la perte de leur récolte.
Ces chambres froides qui chauffent les marchés
Autre phénomène qui pourrit encore cet espace, les chambres froides qui sont aussi de la partie, elles accordent leurs cordes avec celles des spéculateurs pour faire flamber les prix et punir le consommateur déjà châtié par dame nature.
Nouredine, commerçant du côté de la ville de Tizi Ouzou, nous expose sa version : «Les patrons des chambres froides ne se limitent pas à la conservation des produits pour les fellahs seulement, mais ils achètent aussi la marchandise qu'ils revendent à des prix exorbitants, puisqu'ils n'ont pas de frais à payer car ils sont propriétaires.» Mais pourquoi le fellah vend sa marchandise à ces gens ?
Notre interrogation a été de courte durée, Nouredine revient en expliquant : «Le fellah ne s'intéresse pas à l'acheteur, le plus important pour lui est de vendre sa marchandise au prix qu'il juge acceptable, sans plus. Le reste ça ne l'intéresse pas.»
Et l'Etat dans tout cela ? Kamel, un ami de Nouredine, explique : «L'Etat, enfin les services concernés prennent leur part de ce gigantesque gâteau, ils travaillent avec le plus fort. Vous savez, ces gens ont gagné du terrain, ils nous ont devancés, que ce soit avec l'argent, le matériel ou encore les connaissances, on subit et on se tait.»


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