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Voyage dans les yeux de l'innocence
Travail des enfants
Publié dans Le Temps d'Algérie le 02 - 09 - 2009

On dit que les yeux disent les choses. Les yeux d'un enfant expriment son insouciance, sa joie de vivre, ses petites tristesses. L'expression innocente et joyeuse des yeux d'un enfant ne doit jamais être teintée par l'expression du regard d'un adulte. Nadjet a de jolis yeux noirs.
Elle accourt dès qu'une voiture s'immobilise sur le bas-côté de l'autoroute reliant Chéraga à Zéralda. Elle a un regard de braises et vous fixe dans les yeux en vous interrogeant sur le nombre de galettes que vous voulez acheter. Nadjet a 12 ans, habite dans une habitation précaire à l'entrée de l'autoroute. Elle vend de la galette pour aider ses parents.
Un bus s'arrête, Nadjet laisse tomber notre conversation et tente de se frayer un chemin parmi les autres enfants pour placer sa galette. Elle y arrive, c'est elle qui tend sa galette et empoche les 25 DA. Nadjet est très dynamique, elle sait s'y prendre, sa dextérité prouve qu'elle a dû commencer très jeune à travailler.
A la sortie de Bouharoun, sur le bord de la route, Hayet et Fatma-Zohra, des jumelles de 14 ans, sont assises devant un panier en plastique recouvert d'un torchon vert et blanc. La couleur verte du torchon ressemble à celle de leurs yeux. Fatma-Zohra est plutôt silencieuse, pas de problème, Hayet parle pour deux.
On apprendra que les deux sœurs ne vendent que lors des vacances car la priorité va aux études. Au fil des minutes qui s'engrangent Hayet explique que lorsqu'elles étaient sur les bancs de l'école primaire, elles sortaient chaque jour après les cours pour vendre le pain préparé par leur maman. Seulement en accédant à la 3e année moyenne leur maman exige d'elles d'étudier sérieusement.
Fatma-Zohra et Hayet ne vendront de la galette que durant les vacances et les week-ends.
Pour les jumelles, cette activité n'est pas une obligation mais c'est la seule manière de contribuer, même si c'est infime, aux frais de la maison : «On n'amasse pas des tonnes, mais ces sous aident la famille. Cela servira par exemple à acheter les fournitures scolaires pour la rentrée», affirment-elles. A proximité d'eux, de jeunes garçons exposent des figues, de la salade, des radis…
Loin d'eux, à des kilomètres, on retrouve ces yeux identiques qui vous fixent. Une multitude de gamins, pour certains pas aussi gros qu'une pomme, investissent l'entrée de l'autoroute menant vers Hydra. Un petit bout de chou traîne son panier, il est sans doute trop lourd pour ses frêles bras.
Faut-il en vouloir aux parents qui les poussent à travailler sous un soleil de plomb face aux dangers de la rue ? Ou faut-il en vouloir à cette terrible misère dans laquelle se débattent ces familles ? La corrélation entre le travail des enfants et la pauvreté n'est plus à prouver. La précarité des familles est la cause principale de ce phénomène causé également par la déperdition scolaire. Par ailleurs, des enfants travaillent juste pour se procurer de l'argent de poche, ils parlent de «la débrouille».
L'enquête menée en 1999 par les pouvoirs publics, en partenariat avec l'Unicef, indique que 1,8% des enfants âgés de 5 à 14 ans activent, à côté du secteur informel (vendeur à la sauvette, gardien de parking, vendeur de cigarettes…) dans le secteur de l'agriculture, de l'artisanat et du commerce.
Ils sont aussi nombreux à être exploités dans le secteur du bâtiment. On minimise considérablement l'exploitation des enfants qui travaillent la terre par la nature familiale des exploitations agricoles. Même cas pour le commerce.
Lutte contre le travail des enfants
Même s'il est occasionnel, le travail des enfants est interdit. L'Algérie exprime clairement dans sa législation, et à travers les ratifications des conventions internationales, son refus de l'exploitation des enfants. Parmi les instruments internationaux interdisant le travail des enfants figurent les conventions de l'Organisation internationale du travail (OIT), N°138 (relative à l'âge minimum d'admission à l'emploi, adoptée par la conférence générale de l'Organisation internationale du travail le 26 juin 1973 et ratifiée par l'Algérie le 3 septembre 1983)
et N°182 (concernant l'interdiction des pires formes de travail des enfants et l'action immédiate en vue de leur élimination, adoptée par la conférence générale de l'Organisation internationale du travail le 17 juin 1999 et ratifiée par l'Algérie le 28 novembre 2000).
La loi N° 90-11 du 21 avril 1990 relative aux relations de travail en Algérie stipule dans son article 15 l'interdiction du travail des enfants dont l'âge est inférieur à 16 ans, exception faite pour ceux engagés dans le cadre de contrats d'apprentissage.
Les mineurs ne peuvent accéder à un poste de travail seulement s'ils fournissent une autorisation de leur tuteur légal. La législation interdit aux employeurs de recruter des travailleurs mineurs dans des travaux dangereux, insalubres, nuisibles à la santé et pouvant porter atteinte à leur moralité. Les dispositions pénales prévues dans l'article 140 infligent à ceux qui transgressent cette loi des amendes de 1000 à 2000 DA. Les récidivistes sont passibles d'une peine de prison de 15 jours à deux mois.
Dans son rapport de l'année 2008, les chiffres présentés par les services de l'inspection du travail révèlent un pourcentage de 0,17% d'enfants occupés. Sur un échantillon de 4 820 entreprises visitées, les opérations de contrôle ont détecté parmi les 38 650 travailleurs, 68 enfants n'ayant pas atteint l'âge légal du travail.
Un pourcentage qui a connu une tendance à la baisse, puisqu'en 2006, il était de l'ordre de 0,54% représentant 156 enfants de moins de 16 ans. L'enquête a été réalisée au niveau de 3853 entreprises employant 28 840 salariés. Le pourcentage avait atteint 0,56% lors de la première enquête de 2002. Les contrôleurs avaient découvert 95 enfants sur les 16 895 employés pour les 5847 organismes sujets d'enquête. Ce phénomène n'est pas très bien étudié. Les données statistiques ne sont pas très présentes ni les enquêtes. Les données ne sont pas exhaustives et sur terrain la réalité est tout autre.
L'OIT estime que pour combattre cette exploitation des enfants, chaque pays devrait avoir un système national de statistiques sur le travail des enfants. Il ne suffit pas de donner un pourcentage sur un petit échantillonnage d'organismes ou d'entreprises, mais un système qui informe à travers des données sur l'âge, le sexe, la profession, la branche d'activité économique, la situation dans la profession, la fréquentation scolaire et la localisation géographique.
Les divers experts de l'Organisation internationale du travail et leurs partenaires affirment que la réussite ou les progrès et les avancées des plans d'actions mis en œuvre pour lutter contre le travail des enfants doivent passer par une identification de ces enfants travailleurs.
Les informations citées plus haut ne suffisent pas à analyser le phénomène.
D'autres données plus détaillées, identifiées par des experts, sont nécessaires comme «les caractéristiques socio-économiques de ces enfants, le statut, le niveau et les résultats scolaires, le temps consacré à diverses activités non scolaires, le montant des
revenus ou des dépenses du ménage auquel l'enfant appartient et l'impact des activités économiques qu'exercent les enfants sur leur santé, leur bien-être et leur moralité».
Un fléau mondial
Des millions de jeunes enfants travaillent à travers le monde. Considéré comme une violation des droits de l'homme, ce phénomène est destructeur pour les enfants et présente un risque immense pour leur santé (lésions physiques et psychiques), leur éducation et leur développement. Ils sont employés dans des travaux périlleux (mines, carrières, à des hauteurs vertigineuses…) qui menacent leur existence même, sont exposés à des émanations dangereuses (produits chimiques, poussière, gaz…), sont asservis et cloîtrés dans des services domestiques et sont utilisés comme de la chair à canon dans les conflits armés.
Dans son édition «Les règles du jeu : brève introduction aux normes internationales du travail année 2009», le Bureau international du travail (BIT) recense plus de 166 millions d'enfants, dont l'âge varie entre 5 et 14 ans, occupant un travail. Ils sont 8,4 millions à connaître les pires formes de travail d'enfants (servitude, prostitution, conflit armé, traite d'être humain). Les enfants travailleurs recensés à travers le monde sont généralement plus nombreux en milieu rural qu'urbain.
L'Asie est en pole position, c'est là ou on dénombre le plus grand nombre d'enfants travailleurs, suivie par l'Afrique et l'Amérique latine. Les enfants, bien sûr, sont payés au rabais et plus ils sont jeunes, plus leur salaire est minable. Ils ne bénéficient d'aucune protection et doivent se soumettre à la loi de l'employeur qui peut les faire travailler des heures supplémentaires sans les rétribuer et dans des conditions dangereuses.


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