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Au soir de la vie,l'impasse
Personnes âgées
Publié dans Le Temps d'Algérie le 08 - 09 - 2009

Le vécu des personnes âgées n'est souvent pas rose comme nous avons pu le constater au long de ce reportage. Même quand elles ne sont pas SDF et qu'elles vivent au sein de leur famille
, les effets de l'âge, mais surtout les mutations de tout ordre qui ont affecté les rapports intrafamiliaux les poussent à la marginalisation qu'elles vivent comme un douloureux isolement. Il ne leur reste, alors, qu'à se regrouper avec leurs semblables pour des séances interminables de papotage ou de dominos dans les cafés ou d'autres lieux publics, comme les jardins municipaux ou les places publiques.
Que ce soit aux jardins de Bab El Oued ou de Dély Ibrahim, ou encore place Meissonier, vous verrez des groupes et des grappes de vieillards passer des heures à se raconter, à se donner cette chaleur humaine qui leur manque chez eux. Car, quand ils y sont, personne de la famille où règne désormais, malheureusement, l'esprit du «chacun pour soi», ne fait attention à eux. D'où la nécessité pour eux de sortir.
Ce que ne peut pas faire ce retraité quasiment handicapé et relégué dans une chambre par les siens avec lesquels il n'a jamais eu de bonnes relations, surtout avec un de ses fils converti à l'islamisme politique et qui n'a cessé, avant de se marier et de partir à l'étranger, de lui reprocher sa propension à l'usage de la dive bouteille.
Maintenant, encore, il continue de fuir son isolement moral en se rendant quotidiennement dans «les jardins du seigneur», ce que tolèrent, avec quelque mépris, les membres restants de sa famille, qui vont même jusqu'à l'approvisionner en jus de raisin fermenté.
L es mœurs du temps, où la solidarité familiale reste une expression vide de sens, font que le vieillard, même lorsque c'est avec l'argent de sa retraite que la famille subsiste, est relégué à un rang marginal qui lui fait cruellement ressentir son inutilité.
Et encore, il s'agit là d'une catégorie somme toute privilégiée, puisque ces personnes ont un toit et sont en milieu familial même si ce dernier subit des tensions.
La rue, le hammam, certains centres : c'est du pareil au même !
Que dire alors des vieillards qui se retrouvent à la rue ou qui sont contraints de se «caser» dans les centres pour personnes âgées ? Qui ne croise pas ces errants vieillis, hirsutes et déguenillés dans les rues de toutes les villes d'Algérie, et qui, au soir, allongent leur corps fatigué n'importe où, parfois à même le ciment ?
Ceux qui veulent dormir avec un minimum de sécurité, vu que les agressions sont loin d'être rares, choisissent des lieux proches des bâtiments des services de sécurité ou hantent les services des urgences des hôpitaux.
S'agissant de ceux qui trouvent refuge dans les centres d'accueil, nous avons visité ou reçu des témoignages sur certains d'entre eux, qui prouvent, hormis quelques exceptions notables, que leur vécu est à peine meilleur que ceux restés dans la rue, et parfois pire ! Illustrons cela par le témoignage de ce commerçant en gros ruiné et, le malheur ne venant jamais seul,
rejeté par sa famille, rencontré dans un hammam, car, pour les besoins du reportage, nous avons poussé le zèle jusqu'à passer deux nuits dans ces dortoirs pouilleux, au sens littéral du terme, et qui pullulent de vieillards échoués là pour de multiples raisons, les unes plus tragiques que les autres.
«J'ai passé plusieurs mois dans un centre où j'ai vécu dans la saleté, la vermine, les agressions et les vols, car le centre accueillait les personnes âgées, mais aussi des délinquants s'adonnant presque tous à la drogue et au vol, ainsi que des déséquilibrés mentaux. C'était l'enfer au quotidien. Après m'être accroché avec un voyou que soutenait un des gardiens du centre pour je ne sais quel motif, j'ai fui cet endroit maudit et je jongle chaque jour pour réunir les 80 DA que coûte une nuitée au hammam.
Ce n'est pas le Pérou, mais le fils du patron qui le gère a réussi à imposer la discipline et la sécurité. C'était ce que je cherchais. Mais je n'arrive pas à trouver du travail à cause de mon âge, hélas !» Notre interlocuteur est âgé, certes, mais encore solide. Combien de temps va-t-il résister ainsi ?
Nous avons ensuite visité les centres de Birkhadem et de Sidi Moussa, tous deux sous tutelle du ministère de la Solidarité. C'était le jour et la nuit.
Autant le centre de Birkhadem traite ses pensionnaires âgés avec attention, dans un décor qu'il n'est pas exagéré de qualifier de luxueux, les nourrit bien et leur assure tous les services nécessaires allant jusqu'à les soutenir moralement par l'intermédiaire d'un psychologue, autant le centre de Sidi Moussa paraît à l'abandon dans lequel les pensionnaires errent comme des ombres fantomatiques.
Et ils font vraiment de la peine à voir, leur regard est terne et leur démarche hésitante.
De plus, ils ne sont pas liants et se refusent à nous parler. Nous comprenons pourquoi il a été fui par cette deuxième personne rencontrée dans un hammam et que nous avons abordée en la voyant, un livre à la main, de mathématiques, s'il vous plaît ! C'est que tout bonnement ce monsieur est un ancien professeur de mathématiques dans un lycée, même s'il dort dans le hammam depuis deux ans !
«Je ne pouvais plus rester dans ce centre, et je ne veux rien vous en dire tant il m'a laissé des souvenirs douloureux.
Je suis au hammam, car j'ai dû fuir la maison familiale après la mort de mon père. Mon frère aîné qui refuse de partager l'héritage m'a agressé à plusieurs reprises, une fois avec une hache. Je suis parti, car je ne veux ni tuer ni être tué.» On peut multiplier à l'infini le calvaire que vit une partie importante des gens du troisième âge.
Ce serait superflu, les cas et les situations évoqués le démontrant amplement. Il est réellement urgent que les autorités se penchent, comme elles viennent d'ailleurs d'en signaler l'intention récemment, sur la situation morale et matérielle des personnes âgées, y compris celles qui sont en rade dans l'émigration.


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