La colère monte d'un cran à Alger. Pour la seconde journée consécutive, la capitale continue de connaître une tension particulière et vit au rythme du dernier match décisif qui opposera l'équipe nationale à son homologue égyptienne qui se déroulera mercredi au Khartoum Stadium. Des centaines de milliers de jeunes ont, hier encore, bloqué le boulevard Didouche Mourad à Alger centre où ils scandaient des slogans hostiles à l'équipe égyptienne, jurant d'une victoire certaine et écrasante de l'équipe algérienne dans le prochain match. Les jeunes ont crié haut et fort leur soutien et leur solidarité indéfectible avec les autorités algériennes et l'équipe nationale qui ont fait l'objet d'humiliation et de mépris sur la terre égyptienne. Ils ont juré de partir et d'utiliser tous les moyens pour arriver à Khartoum mercredi afin d'assister au match et à la qualification de l'équipe nationale. Tous les slogans ont été scandés à cette occasion pour exprimer la colère des algériens face au comportement irresponsable des égyptiens. Les jeunes ont également dénoncé les incidents qui ont eu lieu après le match face à l'Egypte, qualifiant ces comportements de «sauvages et de manque de respect». Du stade 5 Juillet à Khartoum Hier encore, les jeunes ont réitéré leur volonté et leur disponibilité à se déplacer à la capitale soudanaise. Ils ont réclamé des billets et des visas pour aller supporter et soutenir les joueurs de l'équipe nationale à Khartoum dans ce dernier match décisif pour le compte des qualifications à la coupe du monde 2010. «Atouna l'billet, attouna l'billet et khalouna nrouhou» (donnez-nous les billets, donnez-nous les billets et laissez-nous partir) ont scandé les jeunes durant toute la journée d'hier. «Djich, chaâb, maâk ya Saâdane», «Rana djaine, rana djain maak yal khadra», «vive l'Algérie», «vive le président, vive Bouteflika», «nous sommes avec vous Bouteflika», ont encore répété les milliers de jeunes qui jurent la victoire et la qualification à la coupe du monde. Cela s'est passé quelques heures après l'annonce du déplacement de la vente des billets d'avion de l'agence Air Algérie située à l'avenue Pasteur vers le stade du 5 juillet. Là encore des regroupements de jeunes ont été constatés sur les lieux. Ils sont arrivés de partout pour acheter un billet et prendre la route vers Dar El Beida afin de rejoindre Khartoum. «Je suis venu prendre un billet pour aller directement à l'aéroport et là, on m'a informé que la vente se faisait au stade du 5 juillet. Je me rends là-bas tout de suite», nous a expliqué un jeune. «Tout se passe au 5 juillet. L'agence s'est avérée trop exiguë pour accueillir les milliers de supporters venus prendre leur billet. Au stade, c'est plus spacieux et la vente va commencer dans l'après-midi», dira un agent de cette agence. Les éléments des services de sécurité présents sur place ont tenté de calmer les jeunes et de les orienter. Ils ont également tenté de les rassurer sur la disponibilité des billets avec des quantités suffisantes. Des cortèges de voitures bondées de jeunes ont vite pris la route vers le stade du 5 juillet où ils attendaient l'ouverture des bureaux pour acheter leurs billets. Le parking et toute la route menant vers le 5 juillet sont inaccessibles vue le nombre impressionnant de personnes qui affluent de partout. Les jeunes jurent de se déplacer directement vers Khartoum après l'obtention du billet. Trois heures pour renouveler un passeport La même ambiance est vécue au niveau des APC et des circonscriptions administratives de la wilaya d'Alger. Les jeunes sont arrivés aux premières heures de la journée pour récupérer les documents nécessaires pour faire leur passeport. Les mairies comme les daïras ont été prises d'assaut. Les guichets sont mobilisés pour faciliter la procédure de délivrance des passeports. «Une instruction nous a été transmise par le ministère de l'intérieur pour travailler 24h/sur 24 si cela est nécessaire et délivrer des passeports à tous ceux qui le réclament. Tous les fonctionnaires sont réquisitionnés pour cette opération, ce qui fait qu'aucun autre document ne peut être fait ou délivrer avant jeudi prochain», a expliqué un jeune employé. Des temps records sont annoncés pour la délivrance des passeports. Le renouvellement de ce document administratif se fait en trois heures et parfois moins alors que la délivrance d'un nouveau passeport se fait en six heures. «Je suis là depuis ce matin avec mes amis. j'ai obtenu mon passeport et je suis venu pour faire celui de mon cousin et de mes voisins», nous dira un jeune. «Je ne travaille pas mais je peux me débrouiller les 20 000 dinars en une journée, c'est vraiment rien. Le plus important c'est de partir et d'être avec l'équipe nationale à Khartoum», nous dira un autre jeune rencontré à la daïra de Bir Mourad Raïs. «J'ai décidé d'aller à khartoum et je me fous des conséquences. On m'a interdit au travail de m'absenter ce jour-là et on m'a même menacé de me licencier mais je tiens à partir quelles que soient les conséquences», nous dira un autre. Les informations sur les déplacements des algériens vers la capitale soudanaise affluent d'une minute à l'autre. Les contacts sont intensifs et le climat est décrit avec le moindre détail. «Quelques algériens parmi ceux qui étaient en Egypte vont devoir passer par la Libye pour atterrir au Soudan alors que ceux résidant à Marseille commencent déjà à arriver au Soudan. beaucoup sont sur place», a affirmé un jeune. «Le premier vol à partir d'Alger a décollé hier soir. de nombreux algériens sont déjà à Khartoum», raconte un autre. La même ambiance est vécue à la daïra de Hussein Dey. Les jeunes attendent dehors la réception de leur passeport. Un dispositif de sécurité important a été déployé pour assurer la sécurité de cette agence, aménagée récemment à l'occasion du lancement du passeport biométrique. «Donnez-nous nos passeports et laissez-nous partir. Ailleurs, les choses sont plus rapides que cela. il faut faire un peu vite», ont clamé les jeunes qui attendent depuis les premières heures de la journée. Il faut noter que l'opération de délivrance des passeports biométriques est suspendue pour le moment puisque la procédure pour la fabrication de ce document, selon les nouvelles règles, prend plus d'un mois.
