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Entre le charnel et le spirituel
L'art en Méditerranée
Publié dans Le Temps d'Algérie le 15 - 12 - 2009

La Méditerranée a toujours fasciné les poètes, les romanciers et les peintres. C'est le puissant organisme où les règnes minéral, végétal, animal et humain mêlent leurs qualités et échangent leurs énergies. La Méditerranée, c'est aussi une mer et une terre de conflits amoureux et de haines ancestrales.
Cette nouvelle manière de peindre ou d'écrire, plus encore peut-être que le choix délivré de «morceaux de nature» ou de «tranches de vie» saisi sur le vif, est proprement révolutionnaire et inaugure l'art moderne. La volonté de restituer la réalité, non pas selon les principes que la renaissance avait élaborés en découvrant les lois de la perspective et en s'attachant à l'exactitude figurative de la représentation, mais en la transportant telle qu'elle était perçue émotionnellement par l'artiste,
a profondément bouleversé l'art de peindre et d'écrire. Gaitan Picon dit : «Le propos de peindre en plein lumière, sur le vif et dans l'instant, substitue à la profondeur de l'espace ou les objets échelonnent une surface plate qui se donne immédiatement et globalement, non pour l'illusion d'un modèle extérieur, mais pour l'évidence interne des couleurs, des lignes et des touches dont les rapports se règlent sans que l'œil ait quitté le tableau.»
Le symbolisme a poursuivi cette inspiration à travers la poésie
Ainsi, la couleur se met elle à exister pour elle-même, le geste de peindre devient-il primordial, et la sensation pure, produit du tempérament de l'artiste, l'emporte-t-elle sur toute entreprise de représentation d'un monde préexistant à la toile. Van Gogh, Vlaminick et Matisse ont exacerbé les audaces des impressionnistes en faisant de la couleur d'objet même de leur inspiration.
Paul Verlaine, dans Romances sans paroles, décrit des choses vues dans leur fugacité ou dans la violence impersonnelle de leurs couleurs, mais porteuses d'un rythme et d'une force mystérieuse de suggestion qui les rattachent à la musique autant qu'à la peinture. Rimbaud, dans Illuminations, peint aussi pour leur lumière et leur violence colorée, des «morceaux» de nature, dont la puissance sauvage recrée un mystère, primitif et non idéal.
Partagé entre le charnel et le spirituel, la recherche et l'instinct, Cézanne travaille non à dissoudre la forme, mais à la confirmer, en soulignant, par les taches de couleurs, la géométrie des lignes des paysages. Méridional, il est hanté par les violents contrastes de couleurs, et ses tableaux rendent compte de la pureté de la lumière et de la sensualité de son tempérament, mais il est obsédé par la volonté de retrouver, à travers la profusion des sensations, les lois qui réagissent la beauté.
Derrain, Marquet, Manhuin et Matisse trouvent, en Provence et au Maghreb, l'éblouissement des sens
Une mythologie nouvelle naît ainsi de la rupture avec les modèles classiques dans la recherche des sensations et la reconnaissance de l'instinct à l'œuvre dans toutes les sociétés et les modes de vie : mythe du paradis perdu, dont l'orient est le berceau, ou mythe de la barbarie des origines, dont l'homme porte en lui trace.
Littérature et peinture se changent alors non plus de représenter le monde, mais de faire surgir des sensations un ordre primordial, dont l'œuvre d'art est l'accomplissement idéal. Le symbolisme a poursuivi cette inspiration à travers la poésie.
La synthèse, dont Baudelaire a fixé le principe, dans son poème Correspondance, résume les efforts accomplis par les artistes pour retrouver la totalité dont les avaient éloignés les peintres impressionnistes et les écrivains naturalistes. Ils prennent le parti de décomposer les sensations et de découper la vision préconçue de paysages imaginés dans leur globalité en perceptions butées et limitées par l'amplitude de l'artiste.
Derrain, Marquet, Manhuin et Matisse trouvent, en Provence et au Maghreb, l'éblouissement des sens. Ils atteignent la rigueur de l'ordre qu'ils recherchaient. Fidèle à la leçon de Cézanne, Matisse a la révélation de l'innocence. Au cours de ses séjours au Maroc, il réalise de grandes toiles où s'exprime le bonheur dont est irradiée sa peinture.
Luxe, calme et volupté accomplissent les aspirations de ses prédécesseurs, impressionnistes naturalistes et symbolistes. Eloge au poème de Baudelaire, la puissance architecturale du tableau évoque la stabilité et la sensualité de l'age d'or.
Cézanne disait : «Peindre d'après nature, ce n'est pas copier la nature, c'est réaliser ses sensations», et pour Gauguin : «Ne peignez pas trop d'après nature, l'art est une abstraction.» Matisse, en relisant une synthèse personnelle des apports de l'expressionnisme et du cubisme qui l'amène à concevoir l'autonomie du champ pictural, conduit à l'art abstrait de Picabia, Kandinsky, Klee.
L'Américain Rothko, qui se réclame de Matisse, s'exprime uniquement par des surfaces colorées sans aucun motif, la lumière est devenue sujet de la peinture, pur objet de contemplation où le spectateur crée lui-même son émotion. La terre méditerranéenne, ayant quitté les régions éthérées et décolorées du ciel de la culture gréco-romaine, consacrée par des siècles de mémoire, reste pour les écrivains et les artistes source d'énergie instinctive et d'extase éternelle.


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