Quand la côte de popularité d'un homme politique va mal, tout va mal. Avec 29% d'opinions favorables dans les sondages, Nicolas Sarkozy ne pouvait pas espérer pire. Il faut se dépêcher à sortir le karcher des placards de l'Elysée, toutes les bouées pour un éventuel repêchage politique présentent un défaut de fabrication. Non concernée par le dernier remaniement gouvernemental, Fadela Amara peut continuer de faire rêver les moins jeunes avec son plan Marshall. Quant à l'insécurité dans les banlieues, Sarkozy en fait son affaire personnelle. Ce n'est pas la première fois qu'il prend à bras le corps la sécurisation des bus de la RATP et des établissements scolaires mais, cette fois-ci, il semble en avoir un peu plus besoin pour chasser la dernière ivresse électorale de l'UMP. Le parti présidentiel n'a que faire des bouderies et des prises de position «non autorisées» de certains eurodéputés. Contre les déboires et les doutes de l'union pour un mouvement populaire à tant besoin, il est impératif et urgent de prodiguer des stimulants politiques. Voire des anabolisants politiciens. En dépit des sages recommandations du Conseil d'Etat, Nicolas Sarkozy s'est prononcé en faveur d'une karcherisation du voile intégral dans tous les lieux publics. En fera-t-il également son affaire personnelle ? Il s'agit plutôt d'un projet de loi d'origine gouvernementale qui diviserait le risque d'un éventuel échec entre les influents de la majorité. Pas question pour le chef de l'Etat français de bomber le torse sur la première ligne de front anti-burqa quand il cogite la possibilité de se représenter pour un second mandat lors de la présidentielle de 2012. D'ici à se prononcer sur ses ambitions personnelles futures, Nicolas Sarkozy s'attend à ce que le parlement examine dans les plus brefs délais ce projet de loi. Un vote défavorable dans l'hémicycle du palais Bourbon ou un nouvel avis contraire du Conseil d'Etat placerait-il la majorité en très mauvaise posture ? Un nouveau malaise politique au sein du parti présidentiel n'est pas à exclure, mais ce qui est certain il n'aura pas le même impact sur la coalition gouvernementale chez leur voisin belge. Les parlementaires à Bruxelles auraient-ils mal choisi le moment pour ouvrir la voie à l'interdiction totale du port de la burqa sur le vieux continent ? Ce choix tomberait plutôt mal, le royaume de Belgique risque de revivre la même crise politique qui a failli déboucher sur une scission entre flamands et francophones. Faute d'accord sur le récurent problème linguistique, le parti libéral flamand Open VLD menace de faire tomber le gouvernement. A moins que les tenants du projet de loi anti-burqa se dépêchent à le présenter devant les parlementaires pour un vote immédiat, de probables élections anticipées le suspendraient jusqu'à ce que les malentendus chroniques se dissipent, le temps de l'entente cordiale, sur l'échiquier politique belge. Le gouvernement de Bruxelles ratera-t-il l'occasion de devenir le porte-drapeau des anti-burqa en Europe, alors qu'il doit assumer à partir de juin prochain la présidence tournante de l'UE ? Parmi les Vingt-Sept, bien des Etats vont se mobiliser pour éviter que la Belgique ne sombre dans le noir… de la burqa. Il y va de la survie de l'ensemble de la droite européenne.