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La xénophobie se dévoile en France
Voile, polygamie, nationalité
Publié dans Le Temps d'Algérie le 28 - 04 - 2010

Le port du «voile intégral» par les femmes musulmanes continue d'agiter la classe politique et les médias en France, se taillant la part
du lion du débat politique dans ce pays depuis plus d'une semaine.
Cette fois-ci, la perche a été tendue aux islamophobes de tout bord par une jeune femme conduisant une voiture à Nantes, qui a été verbalisée par deux agents de la circulation, au motif qu'elle portait un vêtement (niqab), jugé incompatible avec le code de conduite car, semble-t-il, voilant la champ de vision de la conductrice. L'affaire aurait pu se limiter à un simple fait divers, si la femme en question, qui a refusé de payer l'amende de 23 euros qui lui a été infligée, n'avait pas pris un avocat et alerté les médias. Elle n'aurait pas dû devenir une affaire si les deux policiers, certainement guidés par des préjugés, avaient laissé faire.
En France, le corps de la police possède des syndicats politiquement alignés. Les deux agents à l'origine de cet épiphénomène seraient-ils affiliés au syndicat de police proche du parti de Nicolas Sarkozy? Du coup, c'est le branle-bas de combat, aussi bien pour les partisans de «la liberté de la femme» au sens laïque du terme, et ceux qui défendent depuis des lustres dans ce pays le respect des libertés de culte, notamment les musulmans les plus orthodoxes.
Une première
C'est la première fois, en France, qu'une conductrice portant le voile intégral est ainsi verbalisée pour son accoutrement vestimentaire. Et s'il y avait eu des précédents, ils n'ont pas été portés sur la place publique. Pour la jeune femme, le voile qu'elle portait ne l'empêchait nullement d'être dans des conditions normales de conduire, puisque ses yeux ne sont pas voilés, et par conséquent son vêtement ne limitait guère son champ de vision.
Ce fait divers intervient à un moment où le débat polémique sur l'interdiction de la burqa, par une loi, enfle en France. Il intervient également dans un contexte politique marqué par la montée des stigmatisations des musulmans en particulier, constatée surtout lors du débat ouvert par la droite sur l'identité nationale. Il faut savoir que dans ce pays, la communauté musulmane est forte d'environ six millions de personnes, mais les statistiques officielles parlent de moins de 2000 femmes qui portent le voile intégral.
Les promoteurs de cette loi, majoritaires à droite, «travaillent» depuis plus d'une année à convaincre les Français du bien-fondé d'un tel paravent juridique nécessaire, selon eux, à la préservation des «valeurs de la République», qu'ils jugent menacées par la montée de l'islamisme. Dans leur quête d'arguments, ils ont saisi ce fait divers pour enquêter sur l'époux de la femme mise en cause.
C'est ainsi que l'affaire a pris d'autres dimensions, lorsqu'on a découvert que le mari en question, un ressortissant algérien naturalisé français, portant barbe et qamis, était polygame ! Or sa polygamie n'est pas prouvée au sens de la loi française, puisqu'il n'est marié «civilement» qu'avec une seule femme. L'homme a bien calculé son coup. Ses trois autres épouses auxquelles il s'était lié «religieusement» ne sont pour lui que des «maîtresses» comme il en existe des millions en France.
Les R.G. mis à contribution
Le ministre français de l'Intérieur, Brice Hortefeux, et son collègue de l'Immigration et de l'Identité nationale, Eric Besson, veulent coûte que coûte punir la dame en s'en prenant à son mari. Les renseignements généraux sont ainsi mis à contribution. Il fallait prouver que l'homme, né à Alger, aurait acquis la nationalité française à la faveur d'un mariage, mais aussi qu'en tant que polygame, il frauderait le système de protection sociale, qui verse des allocations à ses enfants déclarés au nom de leurs mères. En France, la loi reconnaît les enfants nés hors mariage civil déclarés par leurs mères !
Les deux ministres soutenus par la majorité parlementaire s'échinent à trouver des artifices juridiques pour déchoir l'époux de la nationalité française. Du coup, des voisins de cet homme sont mis à contribution pour témoigner de sa polygamie, en assurant qu'il dispose de deux maisons dans le quartier, où il loge ses trois épouses. Pour l'heure, aucune plainte officielle dans ce sens n'est connue. Ainsi, approché par les médias, le procureur de la République à Nantes, Xavier Ronsin, a assuré qu'il n'avait été saisi d'«aucune plainte de la part d'un organisme social» et qu'il n'avait pas d'«enquête achevée sur son bureau» à ce sujet. Il a en outre estimé que «s'il y a une suspicion de fraude, il est légitime qu'il y ait une enquête».
Prudence
Evoquant les reproches faits au mari de la femme, soit son statut de polygame qui serait utilisé pour le déchoir de la nationalité française, le magistrat a averti qu'il fallait «être extrêmement prudent et examiner tous les liens pour vérifier» ces faits. «Si un homme est marié civilement mais a cinq maîtresses, l'adultère n'est plus puni par la loi», a-t-il tranché ainsi en faveur de l'époux. Aux yeux de la loi française, cet homme n'a rien à se reprocher.
En effet, l'article 25 du code civil français stipule que «l'individu qui a acquis la qualité de Français peut, par décret pris après avis conforme du Conseil d'Etat, être déchu de la nationalité française s'il est condamné à un crime ou délit précis tels que l'atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation, le terrorisme ou encore le fait de se livrer au profit d'un Etat étranger à des actes incompatibles avec la qualité de Français et préjudiciable aux intérêts de la France».
En outre, l'article 27-2 de ce code dispose qu'«une personne peut néanmoins perdre la nationalité sur avis conforme du Conseil d'Etat si la décision a été obtenue par mensonge ou par fraude». Et c'est sur ce point-là que planchent les accusateurs du mari. Mardi, face à la minceur du dossier, Hortefeux a évoqué devant les parlementaires de son parti le fait que le mari violente sa femme légitime (la conductrice verbalisée), qui allait déposer plainte contre ces maltraitances.
Que ne chercherait-il pas pour incriminer ce mari «indélicat», qui profiterait des largesses sociales offertes par la loi française, tout en se singularisant par ses pratiques allant à l'encontre des valeurs républicaines ? Fort de ses droits, l'homme a contre-attaqué en déclarant qu'il dépose plainte contre ses détracteurs pour diffamation (la fraude à la sécu) et l'accusation de polygamie. Le mari serait père de 12 enfants ! Pour l'heure, pendant qu'il se bat en solo contre le système, son épouse a trouvé des soutiens auprès de la communauté musulmane.
Le gouvernement botte à côté
Ainsi, à Nantes, c'est le collectif des mosquées qui a protesté contre «la médiatisation de l'affaire du voile intégral», déplorant que l'affaire de la conductrice verbalisée pour port du niqab au volant ait tourné à «la controverse politique». Dans un communiqué distribué aux médias, ce collectif estime que «la verbalisation d'une conductrice relève de procédures judiciaires courantes».
Il «s'indigne devant l'islamisation d'un tel événement» et fait état de l'inquiétude des musulmans nantais face à «cette stigmatisation systématique qui va à l'encontre des valeurs de la République». A cet égard, il invite «les pouvoirs publics à prendre leurs responsabilités», estimant qu'«encore une fois, les musulmans et l'islam ont été fortement médiatisés par rapport à un événement insignifiant, non représentatif de leur immense majorité et qui ne répond aucunement aux préoccupations réelles de nos concitoyens».
Cette affaire qui «n'est pas dirigée contre les musulmans en France», selon le gouvernement français, vient s'ajouter aux polémiques ayant agité ce pays ces derniers mois et qui ont donné du grain à moudre à l'extrême droite, qui a fait une remontée remarquée lors des dernières élections régionales. Pour la majorité des Français, le gouvernement botte à côté, en focalisant sur ces faux problèmes, au moment où le chômage touche plus de 2,8 millions de personnes et que la crise sociale bat son plein, avec les grèves et autres protestations de nombreuses catégories sociales.


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