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Les habitants parlent d'un règlement de comptes
Noces sanglantes de Aïn Laghrab (Tébessa)
Publié dans Le Temps d'Algérie le 27 - 06 - 2010

Aïn Laghrab ne s'est toujours pas réveillée du cauchemar qu'elle a vécu jeudi quand, surgi de la nuit, un groupe de tueurs a délibérément et sans vergogne transformé une fête de mariage en massacre.
La famille Aouin, dont trois membres sont morts sous le feu nourri d'un kalachnikov alors qu'elle se préparait à festoyer, n'avait pas encore fait son deuil, samedi, les dépouilles de leurs chers disparus ne leur ayant pas été remises pour les besoins
de l'autopsie encore en cours, leur a-t-on expliqué. Les trois autres familles, les Adjel, Menasra et Naoui, qui ont perdu chacune un fils, attendent elles aussi la décision du médico-légal de l'hôpital Allia Salah de Tébessa pour pouvoir se recueillir sur leurs morts avant de les mettre sous terre.
Samedi à la mi-journée, de nombreux parents et alliés attendaient devant la maison des Aouin, une humble demeure, presque en rase campagne, à la sortie du village de Laghrab. Un village où tout le monde se connaît et où toutes les familles sont plus ou moins alliées par le mariage, si elles ne se revendiquent pas de la même tribu et ici on est en plein territoire Nememcha.
La tristesse est immense sur les visages mais on sent une certaine retenue chez cet oncle, ce cousin ou ce frère, devant le malheur qui les a frappés. Le nombre de morts est évoqué du bout des lèvres par ceux qui acceptent d'évoquer cette nuit tragique en tant que témoins oculaires.
Des tueurs déterminés
L'un d'eux, qui se présente comme un enseignant exerçant dans un CEM de la commune voisine de Stah, souligne la soudaineté et surtout la détermination des tueurs qui ont fait usage d'au moins trois chargeurs d'arme automatique. «Les assaillants étaient tapis dans l'obscurité, à plusieurs dizaines de mètres de la maison.
De là où ils étaient, ils pouvaient voir sans être vus et ils ont dû attendre que le fils Aouin, un jeune militaire, dont on célébrait le mariage, sorte du hammam avec deux de ses amis et se mette à une des tables installées en dehors de la demeure familiale pour commencer à tirer. Ils avaient ouvert le feu pour tuer le plus grand nombre de toute évidence, parce qu'ils arrosaient systématiquement cette zone éclairée. Les premières rafales ont visé le sol, puis les balles ont été dirigées à hauteur d'homme pour ne pas rater quiconque tentait de se soustraire au feu nourri».
Selon ce parent, le jeune marié a pu s'en sortir par miracle, de même que notre interlocuteur qui assure qu'il n'a dû son salut qu'à la présence d'une bâche à eau métallique sur la trajectoire des projectiles, comme en témoignent les impacts. La confusion qui a suivi cette embuscade aurait été indescriptible, rapporte un autre invité de ces noces sanglantes.
«Les gens couraient dans tous les sens, criant en se bousculant et ne sachant où se réfugier. On avait tout à coup l'impression de se trouver dans un tunnel noir, une sorte de couloir de la mort. La situation était même devenue tragicomique au moment où des femmes se trouvant à l'intérieur de la maison des Aouin ont certainement confondu les staccatos des kalaches avec des barouds d'honneur se sont mises à lancer des youyous.
Un crime et des interrogations
Il a par contre été impossible de savoir si la fusillade a été commise par des terroristes, sinon qui pouvaient être les auteurs de cette boucherie. Le simple fait d'évoquer ce sujet a fait fuir de nombreuses personnes. Une forme d'omerta qui conditionnait les habitants, jusqu'aux plus proches des trois familles d'entre eux.
Deux jeunes gens pourtant ont accepté de se confier, rejetant catégoriquement cette possibilité du fait même du mode opératoire des tueurs. Pour ces jeunes qui son originaires de la commune de Ogla, située à une quinzaine de kilomètres, il ne peut s'agir que d'un règlement de comptes que l'on voulait faire passer pour un acte terroriste. Ils se disent prêts à le jurer. «Ce n'est pas la première fois que cela arrive dans cette région et le terrorisme a bon dos.
Les crimes de vengeance sont légion ici et tout particulièrement ces derniers temps à Aïn Laghrab où des crimes sont commis selon des scenarii plus ou moins identiques», dira le plus âgé des deux. «Un commerçant de la localité a été assassiné, il y a deux mois, alors qu'il se trouvait devant sa boutique en plein centre du village de Ogla, à une vingtaine de mètres seulement de la brigade de gendarmerie. Il a été littéralement criblé de balles, de même, plus affligeant encore, qu'un enfant de 6 ans, qui se trouvait à côté de lui, comme cela a été le cas pour les Aouin, jeudi dernier», dira à son tour l'autre jeune homme.
Ce dernier, plus éloquent, parlera de malédiction, de mauvais sort et surtout de banalisation du crime. «Cette tuerie gratuite vient ternir un peu plus la réputation de la région de Ogla Guentiss, qui s'illustre par des exactions de plus en plus nombreuses chaque jour, au point où les gens ont peur de s'y hasarder, même de jour. Nous sommes livrés à des tueurs et à des voleurs, dont on sait rien ou si peu», s'insurge-t-il.
Entre bétail et femme fatale
Il affirme que les habitants des localités de Stah, Ogla Guentiss et le petit village martyr d'Aïn Laghrab font régulièrement l'objet d'expéditions punitives ciblant les éleveurs d'ovins, surtout. «Des centaines de têtes de moutons ont été volées à au moins deux d'entre ceux-ci, depuis l'hiver passé, sans qu'on sache exactement qui est l'auteur de ces pillages.
Cela ne peut en tout cas pas être le fait des poches de terroristes qui se terrent dans l'immense maquis de Stah, car on les imagine mal conduire des grands troupeaux jusque-là bas avec la proximité d'un grand casernement de l'ANP dans les environs», considérera notre interlocuteur.
Pour conclure, il évoquera le cas de M. Aouin, le jeune dont le mariage a été compromis suite à cette tuerie aveugle. Fataliste, il rappellera que celui-ci a déjà échappé à un attentat à la bombe dans la région de Khenchela d'où est originaire sa fiancée et qu'il s'en est tiré avec une partie de sa jambe droite déchiquetée et qu'il a été réformé de l'armée.
«Cela s'est passé au lendemain du jour où sa famille a demandé la main de cette jeune femme, dont on dit qu'elle est d'une grande beauté. C'est par elle que le malheur est arrivé à la famille Aouin. Il n'y a pas de doute», lancera-t-il sans mesurer le moins du monde l'énormité et l'injustice de ses propos…
Par ailleurs, les habitants de la région, notamment ceux des communes de Chréa, la capitale des Nememcha et de Stah, les localités les plus proches du lieu du drame, n'avaient d'autre sujet de conversation que la mort brutale des cinq personnes présentes au mariage des Aouin, dont l'information a, de toute évidence, été répercutée jusqu'au moindre petit hameau. Pour les uns, il pourrait s'agir effectivement d'une action terroriste, comme le prouverait l'utilisation
d'armes automatiques de type kalachnikov lors de l'attentat de jeudi soir, la rapidité avec laquelle le raid a été effectué et surtout le déclenchement d'un ratissage d'envergure juste après que l'exaction eut été perpétrée et qui se poursuivait, hier encore. Pour le plus grand nombre, cette tuerie ne peut être qu'une énième affaire de vengeance, de crime crapuleux. Les gens de Chréa parlent de vendetta familiale ou de règlement de comptes avec au centre le phénomène de la contrebande.
Mais ce ne sont pour la plupart que des supputations ou l'expression d'états d'âme sur fond de désinformation, qu'il faut prendre avec beaucoup de réserve, en attendant que l'enquête ouverte par la gendarmerie aboutisse.


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