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Une femme d'ici et d'ailleurs Pourquoi sommes-nous avares de mots du cœur ?
Ouvrage de Fadéla M'rabet
Publié dans Le Temps d'Algérie le 01 - 08 - 2010

Paru aux éditions Riveneuve, cet ouvrage, Une femme d'ici et d'ailleurs, de Fadéla M'rabet est un récit autobiographie qui raconte la vie d'une Algérienne avec ses certitudes, ses convictions, ses appréhensions et ses espérances.
De cette introspection dans les méandres de la mémoire, Fadéla raconte à l'envi des tranches de sa vie à Skikda, puis en France lors de ses études à Strasbourg, ses amies françaises et son mariage avec un Français. De ses rencontres dans divers pays, elle porte un regard synoptique et objectif sur la condition de la femme.
De ses voyages en Afrique noire, l'auteure met l'accent sur cette spontanéité, cette joie de vivre et cette exubérance des femmes malgré leurs précaires et mauvaises conditions de vie. Ces Maliennes de Bamako joyeuses à souhait s'esclaffent de rire entre elles, alors qu'elles vivent le calvaire et sont soumises aux diktats des maris machos.
Au Maghreb, ce qui surprend l'écrivaine, c'est cette malvie et «la tristesse de la foule» selon ses propos. Fadéla est étonnée par les visages taciturnes et chagrinés. A ce sujet, elle dit avec évidence : «La cité est le théâtre d'une comédie permanente, celle de l'être par le paraître. Les grimaces de la gravité sont obligatoires pour affirmer son identité d'homme, d'homme unique indépassable.
Le donneur de leçons universel ? Pourquoi les hommes sont-ils rarement eux-mêmes ?» Faisant référence à la société algérienne, patriarcale, elle met en exergue le silence qui entoure les sentiments. «Pourquoi sommes-nous avares de mots tendres ? Pourtant nous en sommes tous affamés. Ces mots tendres, on ne les a pas appris, peut-être parce que tout ce qui touche au sentiment est perçu comme impudique, tout ce qui touche à l'amour est obscène ! Il nous manque une carte du tendre», dit elle.
Pour Fadéla M'rabet, dire les mots du cœur peut dévaloriser un homme et l'infériorise. De ce constat, Fadéla évoque le sombre sort des femmes dans le tiers-monde, qui, en sus de la misère, de la pauvreté, des maladies, se trouvent confrontées à un manque de liberté flagrant et d'amour. Après avoir passé en revue ces femmes africaines, elle se penche sur des portraits de beurettes voilées et dénonce le racisme ambiant en France.
Cet ouvrage offre un regard autre sur ces tranches de vie de l'auteure, et dans la même perspective dénonce et s'insurge contre les sociétés traditionalistes où la domination de l'homme s'exerce sur la femme. Un livre intéressant pour appréhender l'univers féminin avec toutes ses inquiétudes et ses sujétions. Le poète n'a-t-il pas dit que «la femme est l'avenir de l'homme» ? A méditer sérieusement !


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