Hier, au marché couvert qui ne répond d'ailleurs pas aux conditions d'hygiène requises, nous avons constaté la vente de viande avariée dans quelques étals. Cette viande, qui tire au rouge foncé, voire au noir, signe d'une oxydation avancée, donc d'avarie, est vendue le plus normalement du monde dans ce marché et à des prix, le comble, excessifs (au minimum 700 DA/kg). Devant un étal, un client s'enquiert du prix et de la date de l'abattage de l'animal, le «boucher» lui répond que «la viande date d'hier» (mardi, ndlr). La viande présentée sur l'étal est à peine bonne à donner aux chiens. Elle était pourrie et bien évidemment impropre à la consommation. Ce n'était pas le seul vendeur qui proposait une viande inconsommable aux chalands, mais d'autres étals proposent de la viande corrompue. Le plus sidérant dans tout cela, c'est que les ménages en achetaient sans se poser trop de questions. Ce n'est malheureusement pas la seule entorse portée aux règles d'hygiène et à la santé du consommateur, des «bouchers» ne s'encombrent pas de calculs ni de scrupules pour engranger le maximum de profits, surtout à la veille de l'Aïd où la demande en viande explose littéralement. En effet, comme il est d'usage, la viande doit être contrôlée par des vétérinaires, qui apposent sur la viande un cachet oblong, justifiant de la bonne qualité de la viande. Dans ce marché, les quartiers de viande exposés contiennent pour quelques-uns les cachets humides des vétérinaires avec la mention «inspection vétérinaire». Ce qui pourrait mettre en confiance les chalands. Le poulet vif vendu dans des conditions exécrables Cependant, rusés comme ils sont, quelques bouchers font des mises en scène éhontées pour faire croire que leur viande est contrôlée. Ils exposent un quartier de viande cacheté et découpent des morceaux de viande non cachetée et douteuse qu'ils mêlent à la viande ayant subi un contrôle. Autre subterfuge grave et préjudiciable consiste à imiter le cachet du vétérinaire en l'apposant sur la viande. Il est facile à reconnaître à l'œil nu. Mais beaucoup de clients sont grugés par ce procédé. Au marché des volailles, pourtant interdit par l'APC, c'est le rush des ménages qui s'approvisionnent en viande blanche, histoire de fêter l'Aïd El Fitr. Dans ce marché, qui n'a rien à envier à celui de la viande rouge, les conditions d'hygiène relèvent d'un autre âge. Les poulets vifs sont vendus sans aucune salubrité. A 240 DA/kg, les ménages se payent chèrement des poulets tués dans des conditions déplorables. Egorgés tout d'abord avec des couteaux usés, ils sont mis dans des bidons de fortune pour les achever. Ils sont ensuite trempés dans de l'eau chaude infecte et noirâtre pour être plumés, et mis en fin de parcours dans des sachets en plastique dégoulinant de sang. Les ménages, comme ceux qui faisaient leurs emplettes au marché de la viande rouge, ne semblent pas, eux aussi, trop préoccupés par les conditions dans lesquelles les poulets leurs sont préparés. Pour les vendeurs, l'essentiel, c'est l'argent et les ménages la viande, peu importe sa qualité. L'on est encore loin de ce consommateur modèle, exigeant et à cheval sur l'hygiène et les conditions de préparation, de conditionnement et de vente des denrées alimentaires, pourtant il y va de sa vie.