Selon une source judiciaire mauritanienne, la session de la cour criminelle, ouverte le 13 octobre à Nouakchott, examinera 14 dossiers d'instruction dont 8 pour 49 prévenus poursuivis dans des affaires de terrorisme, parmi lesquels 20 détenus, 8 personnes sous contrôle judiciaire et 5 suspects en cavale et jugés par contumace. Plusieurs détenus pour des affaires de terrorisme, notamment le meurtre à Nouakchott d'un ressortissant américain en juin 2009, la préparation d'attentats et l'exécution de raids contre l'armée mauritanienne, ne comparaissent pas lors de cette session. Il s'agit de détenus présentés comme dangereux car ayant évolué dans les katibate radicales d'Aqmi, notamment Tarek Ibn Ziyad dirigée par Abou Zeid et sa phalange Al Forkane commandée par Abou El Hamam. Il s'agit du troisième procès du genre, après un premier, tenu le 18 mai, ainsi qu'un deuxième organisé pour juger les meurtriers des touristes français à Aleg, condamnés le 25 mai à la peine capitale. Le procès, entamé le 13 octobre, concerne au total 20 djihadistes, dont 5 jugés par contumace (trois Mauritaniens : Tiyeb, Ould Djibril et Brahim, ainsi que deux Buissau-Guinéens : Baldé et Fety). Les prévenus appartiennent en majorité à l'organisation mauritanienne Ansar Allah El Mourabitoune fondée en septembre 2007 par Khadim Ould Semane et comprennent des membres du groupe de Nouadhibou ainsi que des détenus liés directement à Aqmi et sans connexion avec les groupes locaux. Khadim Ould Semane doit comparaître aujourd'hui devant la cour. Son frère, Mohamed Ould Semane, jugé pour appartenance à une organisation créée pour commettre des actes terroristes, a écopé de 5 ans de prison. Il avait plaidé non coupable, dénonçant des «tortures» subies durant l'enquête policière. Selon l'accusation, il avait accueilli et soutenu, pendant leur fuite à Dakar, fin décembre 2007, deux des assassins de quatre touristes français à Aleg, Sidi Ould Sidna et Maarouve Ould Haiba, condamnés en mai 2010 à la peine de mort et qui comparaissent dans ce deuxième procès pour leur brève appartenance à Ansar Allah El Mourabitoune avant son démantèlement en avril 2008. Rappelons qu'au terme de sa première journée d'audience, la cour criminelle a condamné un Algéro-Italien Abou Hamza Abdel Kader pour espionnage. Le prévenu qui a vécu 20 ans en Italie s'intéressait pour le compte d'un sécuritaire italien aux activités de certains occidentaux musulmans vivant en Mauritanie. Le 14 octobre, la cour condamnait trois jeunes Mauritaniens : Mohamed Ould Semane, Abou El Maaly Ould Sidi et Hamoud Ould Elemine à des peines de trois à cinq ans de prison ferme (pour le premier) et à payer, chacun, une amende de 500 000 ouguiyas. Le verdict concernant un quatrième prévenu El Khalil Ould N'Tahah, en prison depuis avril 2007 pour appartenance à une organisation terroriste et détention d'armes et d'explosifs, a été mis en délibéré.