Lors de la conférence de presse qui avait suivi la signature du contrat de sponsoring liant la Fédération algérienne de football à l'entreprise Nedjma, le 7 décembre dernier, une question avait été posée au patron du football algérien au sujet de l'aide qui devait être attribuée au football amateur Une semaine auparavant, la FAF avait annoncé qu'elle consentait à dégager une enveloppe de 1 million de dinars pour chacun des 32 clubs professionnels afin d'alléger leurs charges en matière de déplacements lors du championnat national. Quand on sait tous les privilèges dont il a bénéficié de la part de l'Etat tant sur le plan de la fiscalité que sur celui du financement, le football professionnel a de quoi faire preuve d'un minimum de réticences pour son activité. Pourtant, les présidents des 32 clubs professionnels ne cessent de se voir et de se réunir pour demander encore plus de privilèges. Leur dernière lubie a été de suggérer au ministre de la Jeunesse et des Sports qu'il fasse un geste en leur faveur en octroyant au football professionnel une autre aide de 200 milliards de centimes. Il est heureux que tous les présidents de clubs professionnels ne soient pas situés sur la même longueur d'ondes en matière d'idées. Il y en a, malheureusement en très petit nombre, qui savent rester dans les normes de la logique et se gardent de toute déclaration intempestive contre cet Etat qui n'est pourtant pas obligé de consentir autant de faveurs à une poignée de clubs. Comme par hasard, le groupe des clubs les plus revendicatifs se recrute dans le lot de ceux qui sont loin d'avoir répondu aux critères du cahier des charges du professionnalisme. Des clubs qui sont dirigés par des entités qui n'ont de conseil d'administration que le nom puisque dans la plupart des cas ils ne sont dirigés que par une seule et même personne. 32 clubs ne sont pas tout le football Quelques clubs professionnels (pas tous donc) veulent faire la loi dans notre football alors qu'en matière de développement de la discipline ils ne représentent qu'une petite goutte d'eau dans un océan. Il y a en Algérie quelque 1540 communes. On peut estimer qu'il y aurait donc 1540 clubs de football dans notre pays et parmi ceux-ci seuls 32 sont professionnels. Le reste, tout le reste, est amateur. S'il faut parler de développement du football c'est vers cette masse qu'il faut se tourner. Une masse qui fournit, à terme, le gros de nos équipes nationales, sauf celle des A qui est, essentiellement, composée de joueurs émigrés. Car il faut bien admettre que les vedettes que les clubs professionnels utilisent sont, dans une écrasante majorité, formées dans les clubs de petite catégorie. Pourtant, ce sont les 32 clubs professionnels qui vont avoir des assiettes de terrain pour ériger leurs centres de formation ; ce sont eux qui vont bénéficier d'un prêt à taux bonifié (pour ne pas dire sacrifié) de 100 millions de dinars ; ce sont eux dont les catégories de jeunes vont être prises en charge dans le cadre de leurs compétitions respectives ; ce sont eux dont les entraîneurs de ces catégories de jeunes vont être pris en charge en matière de salaire. Et nous en passons. Le reste, tout le reste, le football amateur base du système, socle de toute la pyramide, n'aura que les yeux pour pleurer. Quand on a posé la question au président de la FAF au sujet de ce football amateur, il a répondu que la fédération qu'il gère n'a pas les capacités financières d'une grande fédération étrangère pour venir en aide au football amateur. Mohamed Raouraoua faisait référence, sans la citer, à la Fédération française de football. Cette dernière enregistre de colossales entrées d'argent, notamment sur le plan du sponsoring, et une grande partie de cette somme va au football amateur. Même les clubs professionnels consentent qu'une partie de l'argent qui leur revient, notamment celui des droits de publicité et de télévision, aille au football amateur parce qu'ils savent que sans ce dernier, c'est tout le système qui s'écroule. Pas chez nous où quelques présidents de supposés clubs professionnels pensent que sans leurs clubs le football algérien va disparaître de la scène. Des états généraux pour la survie Le président de la FAF a indiqué que celle-ci a accepté de prendre en charge les catégories de jeunes des 28 clubs du championnat national amateur lors de leurs déplacements dans cette compétition. Il a invité l'Etat à s'impliquer dans l'aide au football amateur. Il n'a pas dit comment mais on ne peut manquer de s'interroger sur la nécessité de voir cet Etat payer les entraîneurs des équipes de jeunes des 32 clubs professionnels et non pas ceux des clubs amateurs qui sont le véritable vivier de la discipline. Des états généraux sur le football ont eu lieu, récemment, en France. D'autres vont se dérouler en Angleterre. On se demande s'il ne serait pas utile qu'en Algérie on fasse de même pour voir comment trouver le moyen de venir en aide à un football amateur qui pourrait aller à la dérive si on n'y prête pas garde.
