Même si les électeurs marocains se sont rendus hier en masse aux urnes, on ne peut, en aucune manière, parler de désaveu pour les jeunes du mouvement du 20 Février qui n'ont eu de cesse depuis cette fameuse date-éponyme de battre régulièrement le pavé. Les partis politiques ont eu jusqu'à jeudi minuit pour tenir leurs meetings et expliquer leur positions. L'accès aux médias pour les partisans du boycott a été très inégal. Si la radio et la télévision marocaines ont tiré leur épingle du jeu, il n'en a pas été de même pour la presse écrite marocaine qui a fait preuve, à cette occasion, d'un unanimisme flagrant en faveur du oui. Il faut dire que l'appel à voter «oui» a encombré, ces jours derniers, l'espace public marocain. Les rassemblements et les manifestations pour le Oui auront accompagné, de long en large, cette campagne référendaire, première du genre sous le règne de Mohammed VI. Des moyens colossaux ont été mis en œuvre de sorte à assurer une large approbation du texte du roi. D'après le ministre marocain de l'Intérieur, le corps électoral s'élève à 13.106.948 électeurs inscrits sur les listes électorales. L'opération de vote a commencé hier dans les 40 000 bureaux de vote répartis sur l'ensemble du territoire marocain. Elle a débuté hier à 8 heures pour prendre fin à 19 heures. Le code électoral marocain ne prévoit aucune possibilité de prorogation. La wilaya du grand Casablanca compte, à elle seule, 3400 bureaux. Dans l'un d'entre eux, au centre-ville, des dizaines d'électeurs se sont présentés dès son ouverture. Le bureau de vote était supervisé par un président assisté par trois assesseurs et trois autres adjoints. Le nombre total de personnes réquisitionnées pour le référendum serait de 320 000 personnes. Et pour permettre aux fonctionnaires d'aller voter le jour du référendum qui tombe un vendredi, donc un jour ouvrable au Maroc, le Premier ministre a instruit les administrations publiques, les collectivités locales et les établissements et entreprises publics de veiller à accorder toutes les facilités à l'ensemble des fonctionnaires et employés afin qu'ils puissent accomplir leur devoir électoral. Ce référendum populaire prend l'allure au Maroc d'une opération de charme pour la personne du roi qui, dans le cas d'espèce, renoncerait, en vertu de la nouvelle Constitution, à certaines de ses prérogatives. Il n'empêche que ses détracteurs continuent à estimer que son rôle politique et religieux devrait être encore beaucoup moindre, constitutionnellement parlant. Et quand bien même les électeurs marocains se sont rendus hier en masse aux urnes, on ne peut, en aucune manière, parler de désaveu pour les jeunes du mouvement du 20 Février qui n'ont eu de cesse depuis cette fameuse date-éponyme de battre régulièrement le pavé. L'appel à l'avènement d'une monarchie parlementaire devient aujourd'hui récurrent. Dans la ligne de mire, le modèle espagnol semble emporter l'adhésion d'une partie de la rue marocaine. Et au moment où l'on évoque, à tort ou à raison, un essoufflement du «printemps arabe», il est à parier que chaque dimanche, jour de repos hebdomadaire au Maroc, des milliers de Marocains continueront à déferler sur les grands boulevards et dans les quartiers populaires afin de se faire entendre, de nouveau, par qui de droit. A l'heure où nous mettons sous presse, la proclamation des résultats devait se tenir à Rabat au cours d'une « soirée référendaire ». Nous y reviendrons ! Correspondance particulière de Rabat Mohamed-Chérif Lachichi