Avec la vague de froid sans précédent que traverse notre pays, les citoyens ont recours aux appareils à gaz pour chauffer leurs foyers. Toutefois, les différents systèmes ainsi que les installations sont souvent dans un état lamentable. Ils sont rarement ramonés ou nettoyés. Ce laisser-aller se répercute, malheureusement, sur les vies humaines, victimes d'asphyxie au monoxyde de carbone. Selon le bilan établi par la Protection civile, 44 décès ont été recensés depuis le début du mois de janvier suite aux émanations de monoxyde de carbone. Les pompiers sont arrivés à temps pour sauver 104 personnes trouvées dans un état comateux. Le monoxyde de carbone est, rappelons-le, un gaz très dangereux car très toxique, d'aspect incolore, inodore et donc indétectable en cas de fuite. «Nous avons enregistré ces dernières 48 heures 8 décès dus aux baisses de température et à la surutilisation des sources de chaleur», nous a déclare M. Farouk Achour, commandant, chargé de la communication de la Protection civile. Durant ces derniers jours, les températures, qui ont fortement chuté, atteignant, dans certaines zones, moins zéro, ont contraint les gens à utiliser les chauffages, réchaud, cheminée, etc. à outrance et oubliant souvent d'aérer. «Il fait tellement froid ces derniers jours que les gens bouclent porte et fenêtres, ne laissant pas passer l'air», explique le chargé de communication. Lors de la combustion, au niveau de tout appareil de chauffage, la flamme a besoin d'oxygène pour brûler. Lorsque l'aération atteint un niveau bas, l'oxygène est épuisé et la combustion est incomplète. Il y a alors dégagement de gaz carbonique dont la toxicité ne laisse aucune chance de survie.» Lors de la combustion, les appareils de chauffage dégagent de la chaleur, de la vapeur d'eau et du gaz à brûler, nocif pour la santé», signale M. Achour. Les conditions sociales en plus des phénomènes météorologiques (froid intense, brouillard) accentuent les risques (habitat vétuste, défaut d'entretien des appareils, chauffage d'appoint), et n'importe qui peut être victime d'intoxication. Le monoxyde de carbone a la particularité d'être absorbé facilement par l'organisme, se fixe sur l'hémoglobine et atteint tout le corps. Maux de tête, étourdissements et nausées sont les premiers signes d'une intoxication au monoxyde de carbone, et l'aération et la ventilation de la maison permettent de remédier au phénomène. En revanche, lorsque l'organisme est exposé durant une longue période au gaz, les symptômes sont accentués et la victime souffre de vertige, vomissement, perte de connaissance, et coma dans les cas les plus graves. «Malgré les campagnes de sensibilisation, les spots télévisés et radiophoniques, on a enregistré une augmentation de 30% des accidents liés au monoxyde de carbone», souligne le chargé de communication. Prévention et vigilance C'est généralement la négligence et le manque d'information qui sont à l'origine des asphyxies. Etant donné que c'est l'accumulation de ce gaz toxique dans les foyers qui est à l'origine des accidents, le premier conseil que donnent les médecins est l'aération et la ventilation quotidiennes des habitations. Il est aussi nécessaire de ramoner régulièrement les conduites et les cheminées afin d'évacuer le surplus de fumée toxique. Les spécialistes conseillent également de faire examiner ses installations par des professionnels à même de détecter les éventuelles fuites. Il est aussi important de prévoir des sources d'aération durant les périodes de grand froid. Par ailleurs, il est nécessaire de procéder à l'installation des chauffe-eau et des chauffages par un spécialiste en respectant les normes requises et éviter d'acheter des produits bas de gamme à des prix alléchants et qui ne sont pas munis des précautions nécessaires. Il est aussi important de rappeler qu'après une intoxication au monoxyde de carbone, la réintégration des lieux ne doit se faire qu'après le passage d'un professionnel qui procédera à une inspection pour détecter les anomalies et proposer les travaux à effectuer. Enfin, rappelons que des dizaines de personnes meurent chaque année d'intoxications survenues en pratiquant les gestes simples de la vie au quotidien : allumer le chauffage ou le chauffe-bain. Ces accidents peuvent être évités en adoptant les bons gestes et en redoublant de vigilance, spécialement durant la période hivernale.
