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«Aqmi est devenue fortunée grâce aux Occidentaux qui payent les rançons» Serge Daniel explique comment l'organisation a pu se doter en armes et effectifs humains :
Dans un entretien paru au site Maliweb, Serge Daniel, l'auteur du livre Aqmi, l'industrie de l'enlèvement, paru aux éditions Fayard, présenté comme étant «l'un des fins connaisseurs du Sahel et de la mouvance islamiste dans la région», dénonce les «rançons payées» par certains pays occidentaux à l'organisation terroriste d'Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossaâb Abdelouadoud. «Si les mouvements djihadistes ont pu si facilement prendre pied à Gao, à Kidal et à Tombouctou, c'est à mon avis pour trois raisons : ils avaient depuis dix ans commencé l'opération d'infiltration de ces zones. De l'installation de cellules dormantes dans le nord du Mali, on est passé, il y a cinq ans déjà, à l'installation de structures actives, sans oublier les relations par alliances tissées», dira-t-il. «Lors de l'entrée des djihadistes à Tombouctou, les autochtones étaient surpris de voir, parmi les assaillants, des jeunes de Tombouctou qui étaient censés être en Libye ou dans un autre pays maghrébin, en train de travailler pour aider matériellement la famille restée sur place. Maintenant on le sait, ces jeunes étaient dans des katibates sahéliennes, et l'argent qu'ils envoyaient aux familles restées à Tombouctou venait d'Aqmi», explique-t-il. Il ajoute que «puisque ces sommes venaient parfois en euros, on pourrait penser qu'il s'agissait d'une partie des rançons payées par les pays occidentaux». Serge Daniel dénonce, en effet, le paiement de rançons à Aqmi par certains pays occidentaux qu'il cite dans l'entretien. «L'Espagne a payé 8 à 9 millions d'euros pour obtenir la libération de ses otages. Le Canada a payé quelques millions d'euros, l'Autriche a payé entre 2 et 3,5 millions d'euros pour la libération de deux Autrichiens. C'est même un officiel autrichien qui a convoyé par vol spécial le magot. L'Italie a payé 3 millions d'euros pour libérer ses citoyens, en 2002/2003, l'Allemagne a payé 5 millions d'euros pour la libération d'otages européens, la Suisse a été aussi généreuse avec les preneurs d'otages. Aqmi est devenue fortunée grâce aux pays occidentaux qui paient les rançons», lance l'auteur du livre Aqmi, l'industrie de l'enlèvement. Il tire la sonnette d'alarme, avertissant qu'en encaissant les rançons, l'organisation terroriste ne pourrait être que fortifiée et menacer davantage la sécurité et la stabilité dans la région du Sahel. «Actuellement, pour libérer des otages européens, l'Europe est prête à mettre près de 200 millions d'euros sur la table. C'est énorme, et ça va permettre à Al Quaïda de recruter des hommes, d'acheter des armes, de commettre des attentats», selon Serge Daniel. Invité à parler du Mouvement pour l'unité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), Serge Daniel rappelle que «les djihadistes du mouvement ont commis un attentat au sud de l'Algérie», et, ajoute-t-il, «plus récemment, l'enlèvement du consul algérien à Gao, que je connais bien». Quel est l'objectif du Mujao, présenté comme étant une «dissidence» d'Al Quaïda ? «(…) même si, pour eux, l'objectif reste de porter le djihad en Afrique de l'Ouest, il faut s'attaquer à la grande Algérie», répond-il.
