Plusieurs dizaines, peut-être des centaines de sympathisants de la cause sahraouie étaient, dans la nuit de samedi à dimanche, à l´aéroport Barajas de Madrid, à l´arrivée des vols internationaux. Des cris de «Sahara libre», slogan qu´arborait une banderole dans l´immense hall de l´aéroport, ont fusé à l´apparition des premiers volontaires qui venaient de passer quatre jours dans les camps de réfugiés de Tindouf. Ce groupe de volontaires n´avaient pas des bagages aussi volumineux qu´à leur départ, mardi dernier, essentiellement des cartons de médicaments et de matériel scolaire pour les écoliers sahraouis. Sous des températures avoisinant les 50º Le président de la Confédération nationale de soutien à la cause sahraouie (Ceas), José Taboada, architecte de profession, et ses 22 camarades de Médecins du Monde et de l´association basque Mundubat portaient dans leurs chariots leurs effets personnels, de belles dattes algériennes Deglet Nour, quelques souvenirs de leur séjour, sans doute le plus médiatisé de ces dernières années et comme dirait un confrère, «la chaleur de l´accueil que leur ont réservé les Sahraouis». Plusieurs journalistes spécialistes du Maghreb étaient, eux aussi, du voyage. Les jeunes femmes volontaires, parfois le chèche autour du cou comme les hommes qui portaient tous une barbe de plusieurs jours, avaient visiblement bronzé. La canicule était elle aussi au rendez-vous à Madrid. Rien de comparable, toutefois, avec les températures de Tindouf qui ne descendaient jamais au-dessous des 50º qui n´ont pas eu d´effet sur leur moral. Quatre de leurs camarades qui manquaient à l´appel ont d´ailleurs choisi de séjourner de façon permanente auprès des réfugiés qui étaient devenus pour eux, au fil du temps, des connaissances, des amis, voire la famille dont ils reçoivent chaque été les enfants pour des vacances en bord de mer en Espagne. Eux ont choisi la rudesse du désert. Pour ceux qui étaient de retour, la cause est entendue : «Nous retournerons chaque fois que nécessaire !» L'«alarmisme» du gouvernement espagnol Leur mission en Espagne est aussi noble. Et encore plus difficile. Elle ne consiste pas seulement à collecter l´aide humanitaire pour les populations sahraouies par temps de crise économique sévère, mais plus que jamais, depuis que le gouvernement espagnol a procédé au rapatriement de leurs 13 camarades, le 28 juillet dernier, à contrer cette campagne politique d´isolement du Front polisario «inspirée par le Maroc», selon le Président Mohamed Abdelaziz. Cette campagne avait pris de l´ampleur depuis que trois de leurs camarades avaient été enlevés le 22 octobre 2009 par un groupe terroriste du Mouvement pour l´Unicité et la Jihad en Afrique de l´Ouest, puis libérés, le 17 juillet, moyennant paiement d´une rançon de 15 millions d´euros. Ce rapatriement qualifié de «volontaire» par le gouvernement espagnol avait suscité la colère et l´indignation des partisans de la cause sahraouie et causé une certaine déception au sein du Front Polisario qui dit avoir pourtant renforcé les mesures de sécurité à Rabouni. Ce que les volontaires ont constaté de visu. Les trois ONGs ont remis un communiqué à la presse pour dénoncer l'«alarmisme» sur fond d´une prétendue «imminente prise d´otage» à Rabouni, véhiculée par le gouvernement espagnol pour justifier sa décision et largement médiatisée par la presse marocaine aux ordres. «Le retrait des coopérants a eu des répercussions négatives sur le volume et l'acheminement de l´aide humanitaire internationale aux populations sahraouies. Nous avons pu constater de grandes difficultés dans l´alimentation en eau potable dans les camps et un manque considérable de biens de consommation de base», indique le communiqué. «Vivre avec les Sahraouis !» José Taboada a tenu à lancer un appel pressant au gouvernement espagnol pour qu´il autorise le retour des volontaires afin d´aider les populations sahraouies à faire face à cette dramatique situation humanitaire. L´Espagne est, en effet, le plus important donateur des Sahraouis. La distribution de cette aide est assurée par l´Agence espagnole de coopération Internationale au développement (AECID) relevant de la tutelle du ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Au cours d´une série de rencontres avec les membres des associations de soutien au Front Polisario, le ministre des AE, José Manuelñ García-Margallo, avait assuré que l´Espagne s´acquittera de ses engagements d´aide aux réfugiés de Tindouf. Par contre sur la question de la menace d´une prise d´otages, il campe sur sa position. Le gouvernement soutient que le rapatriement des volontaires n´est que «temporaire», le temps que toutes leurs conditions de sécurité et d´hébergement soient garanties. Il propose que les ressortissants espagnols agissent depuis Alger ou de Tindouf où la sécurité est assurée naturellement par les autorités algériennes. Du moins qu'íls ne dorment pas à Rabouni, situé à 17 km au sud de Tindouf. Pour les ONG, cette proposition n´a pas de sens. Leur communiqué indique d´ailleurs qu´ «en raison de sa responsabilité historique, politique et de ses liens avec le peuple sahraoui, l´Espagne ne doit pas abandonner, une seconde fois, ce peuple en situation d´urgence, et le devoir des coopérants est de vivre avec lui et d´affronter toutes ses difficultés».
