Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) est-il un parti à géométrie politique variable ? Vraisemblablement, compte-tenu des positions changeantes de cette formation d'obédience islamiste. Faisant partie hier du conglomérat de l'Alliance présidentielle et considéré tel un parti au pouvoir, le MSP s'autoproclame aujourd'hui de l'opposition à caractère constructif, comme a tenu à le souligner Bouguerra Soltani. Ce dernier nous apprendra lors d'une conférence de presse tenue à Alger que le slogan de «l'Islam comme solution» validé dès le premier congrès constitutif du parti, organisé en 1991, ne constitue plus la devise du MSP. «Nous ne disons plus désormais que l'Islam est la solution. Nous avons abandonné cette devise adoptée en 1991 à un moment où le pays était confronté à la tragédie nationale. Aujourd'hui, les conditions ont changé et nous nous adaptons à ce changement. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous tiendrons notre prochain congrès sous le signe du renouveau», expliquera Bouguerra Soltani. Il informe en outre que la date du 5e congrès du MSP est fixée pour les 1er, 2 et 3 mai, rappelant sa décision de ne pas briguer un nouveau mandat à la tête du parti. Soltani ne cache pas pour autant son ambition de figurer parmi les postulants à la magistrature suprême à l'occasion de la présidentielle de 2014. Pour cette compétition, il tiendra tout de même à préciser que sa candidature reste tributaire de la prochaine révision constitutionnelle et sa validation par le nouvel état-major du MSP, dont la composante sera désignée lors du prochain congrès. Il poursuit en mettant l'accent sur l'instauration d'un régime parlementaire que son parti revendique dans le cadre de la révision de la loi fondamentale du pays. A une question au sujet d'un éventuel bilan de la présence du MSP dans la sphère officielle, en qualité de parti au pouvoir, aujourd'hui reconverti dans l'opposition, le successeur du défunt Mahfoud Nahnah ira jusqu'à réclamer la médaille du mérite pour avoir choisi d'être aux côtés de l'Etat, plus particulièrement pendant la décennie 90.
Une médaille du mérite pour avoir soutenu le système «A cette époque-là, le système avait besoin de soutien pour sauver la République. C'est pourquoi nos avons choisi de nos positionner au sein du pouvoir depuis 1994», répondra Soltani. Il renchérit en évoquant sa présence, remontant à 2004, au sein de l'Alliance présidentielle, en expliquant que le retrait du parti de ce conglomérat est dû au refus exprimé par ses ex-partenaires de mettre en application une partie du programme du MSP. «Nous avons demandé à ce que l'Alliance présidentielle se mue en véritable partenariat politique devant nous permettre d'appliquer une partie de notre programme, ce qui nous a été refusé. Cependant, je persiste à dire que le MSP est en droit de demander la médaille du mérite pour les années qu'il a passées au pouvoir», ajoute Bouguerra Soltani. Evoquant les dossiers de l'actualité nationale, entre autres les scandales de corruption touchant Sonatrach et ses partenaires qui font l'objet de rebondissements successifs, le président du MSP rappellera que son parti était l'auteur, en 2006, de l'initiative «Corruption, stop». C'était, en effet, cette année-là que Bouguerra Soltani avait défrayé la chronique en affirmant publiquement qu'il est en possession de dossiers impliquant de hauts responsables de l'Etat dans des affaires de corruption. Dossiers qu'il n'a d'ailleurs pas remis à la justice, ce qui a laissé perplexes beaucoup d'observateurs quant à l'utilité d'une telle revendication. Hier encore, Bouguerra Soltani avait soutenu que «la corruption a nettement pris de l'ampleur de 2006 à aujourd'hui et que ses partisans se passent désormais du dinar algérien et réclament des pots-de-vin en devises».
