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Les femmes face à l'extrémisme
Publié dans Le Temps d'Algérie le 08 - 03 - 2013

Femme, Islam et islamisme, des concepts fortement liés dans les sociétés arabo-musulmanes où le traitement de la question du statut de la femme mène inéluctablement vers un discours religieux ou politico-religieux. Cette situation que connaît l'Algérie depuis des décennies est de plus en plus visible dans les pays de la région qui ont connu la vague de «révolutions» ayant propulsé les partis islamistes au pouvoir. Y a-t-il une instrumentalisation de la religion par les islamistes afin de freiner l'émancipation des femmes ?
«Les islamistes qui voient dans l'émancipation des femmes une contradiction avec l'Islam ne peuvent prétendre à une quelconque conformité avec la religion. Nous prenons comme modèle la femme entrepreneur Khadidja, l'épouse du Prophète (QSSSL), qui jouissait de tous ses droits politiques, sociaux et économiques», a déclaré l'Emiratie, Cheikha Seif Echami, lors du congrès de l'Organisation des femmes arabes (OFA) à Alger. Mais sa crainte est perceptible.
Elle tente de rassurer les plus réticents. «La vision globale de l'organisation reste une vision musulmane du rôle de la femme», a-t-elle déclaré, suscitAnt aussitôt des questions sur les droits des minorités religieuses dans le monde dit arabo-musulman. Ainsi, la nouvelle présidente du conseil exécutif de l'OFA tombe dans le piège des islamistes. Les droits des femmes restent sous l'emprise de la religion.
Lors de l'ouverture des travaux du congrès de l'OFA, la ministre tunisienne des Affaires de la femme, Sihem Badi, a mis en garde contre les dangers qui pèsent sur les acquis et droits de la femme tunisienne et arabe «plus que jamais menacés» dans le contexte régional actuel, qui a vu émerger certains courants politiques hostiles à l'émancipation de la femme.
Très concernée, la représentante de la délégation égyptienne, Souheïr Lotfi, a elle aussi mis en exergue les «nouveaux défis imposés par le printemps arabe en matière de liberté et de justice sociale et la nécessité de protéger les droits des femmes, de plus en plus menacés». Pour sa part, la désormais ex-présidente de l'OFA, Souad Bendjaballah, ministre de la solidarité et de la famille a appelé à «une plus grande vigilance et plus d'efforts pour la préservation des droits et acquis de la femme arabe dans le nouveau contexte régional marqué par les changements majeurs dans plusieurs pays».
Acquis menacés par l'islamisme
Les voix «officielles» se rejoignent ainsi pour mettre en garde contre le péril islamiste qui menace les femmes. Propulsés au pouvoir, en grande partie grâce au soutien médiatique et financier des pays du Golf, principaux alliés des Etats-Unis dans la région, le discours édulcoré des islamistes «modérés» ne réussit pas à tromper la société civile.
Sur les pages Facebook des militants tunisiens, des textes et vidéos reprenant d'anciennes déclarations «rétrogrades» des chefs d'Ennahda, le parti islamiste au pouvoir, sont régulièrement postés, comme pour rappeler aux Tunisiens le passé peu flatteur de ses actuels dirigeants. Idem en ce qui concerne les anciennes positions peu honorables du président égyptien, Mohamed Morsi, membre des Frères musulmans.
Pour la Tunisienne Raja Ben Slama, professeur d'université, bien que les acquis des femmes n'aient pas été touchés – la société y veille, explique-t-elle – ces derniers sont menacés par le parti au pouvoir. «Ennahda a certes été contraint de faire quelques concessions pour assurer sa survie, sa matrice idéologique est intacte», fait-elle remarquer. «Certaines de leurs revendications sont similaires à celles de l'extrême droite européenne, telle l'interdiction de l'avortement ou de la planification familiale, ou la promotion de la sacralisation de la famille sur l'individu dans le droit», a-t-elle expliqué.
Ces propos tenus dans une conférence-débat à l'Ecole supérieure de journalisme et de sciences politiques, avaient choqué nombre d'assistants, principalement des universitaires en post-graduation en droit, en journalisme et en sciences politiques. Des prêches en faveur de l'islamisme et l'islamisation des femmes et contre l'émancipation des femmes, source de décadence de la société avaient été tenus par des participants. L'intervenante syrienne, Lama Tayara, chercheuse en information et en production culturelle et cinématographique, refusera même de répondre à des questions relatives aux femmes arabes et musulmanes par solidarité avec les femmes arabes non musulmanes.
Islamisation de la société
Pourquoi un tel lien entre le discours religieux et la femme ? Pourquoi une focalisation des islamistes sur la femme ? Pour Raja Ben Slama, l'arrivée des islamistes au pouvoir a dévoilé leur amateurisme politique et «l'inexistence d'un programme à même de répondre aux aspirations politiques des attentes socio-économiques des citoyens, d'où leur focalisation sur la femme et la vie sexuelle des citoyens».
L'universitaire se réjouit toutefois des avancées en matière de liberté enregistrées dans le pays, et qui permettent aux femmes de militer pour leurs droits. Un contexte que beaucoup apparentent à la période vécue par l'Algérien au lendemain de l'instauration du pluralisme en Algérie et à la veille d'une décennie de terrorisme, où les femmes ont payé un lourd tribut. Hier, à l'occasion de la Journée internationale de la femme, l'Observatoire des violences faite aux femmes, avec l'association Djazairouna des victimes et familles des victimes du terrorisme, a tenu un sit-in à Alger, à la mémoire des femmes victimes du terrorisme islamiste. Pas moins de 300 victimes ont été répertoriées dans la seule Mitidja.
Le nombre de femmes violées était tel qu'un décret autorisant l'avortement a été, difficilement, reconnaissons-le, promulgué. Les nom des victimes et quelques-unes de leurs photos étaient brandis par leurs familles, pour qu'elle ne tombe pas dans l'oubli. Lamia, 34 ans, avocate, était là pour sa sœur, Amel, égorgée le 26 janvier 1997, au 17e jour du Ramadhan, alors qu'elle se rendait à la fac de droit. Elle était là pour toutes les autres aussi.
«Celles qui ont affronté le terrorisme, celles qui ont résisté à l'obscurantisme», dit-elle. «C'est grâce à elles que nous avons pu faire des études et travailler, que nous pouvons nous habiller comme nous le souhaitons, que nous existons. C'est grâce à leur sacrifice que nous vivons dans une République 'démocratique'. L'Algérie islamiste dont ils rêvaient, ils ne l'ont pas eue, et ils ne l'auront jamais !», martèle-t-elle. Quelques passants sont sceptiques. Les photos de femmes semblent gêner. Et la question fatidique de l'Islam et de l'islamisme s'invite.
Ils rouspètent contre l'emploi du terme «islamiste» et considèrent que l'Islam a garanti les droits des femmes. Après des échanges, on s'entend sur la définition de l'islamisme. Mais les photos des femmes dérangent toujours. «Pourquoi alors on ne se rappelle que des femmes victimes ?». Le nombre élevé de femmes massacrées, kidnappées, violées, et l'occasion du 8 Mars, ne semblent pas convaincre. Pour Lamia, «si l'islamisme n'a peut-être pas vaincu sur le plan politique, idéologiquement, il a gagné la société. Mais nous sommes là», tente-t-elle de rassurer. «Ils peuvent se réjouir des mentalités imprégnées de leur idéologie islamiste, mais nous sommes là et des jeunes comme nous, il y en aura toujours. Nous combattrons toujours ces obscurantistes.»
Les Algériennes, exemple de résistance à l'islamisme ?
Si Lamia estime que les femmes arabes, confrontées au défi de l'islamisme politique, peuvent se référer à l'expérience, «plutôt positive» des Algériennes, Ourida Chouaki, présidente de l'association Tharwa N'Fadhma N'Soumeur, (les enfants de Fatma N'Soumer) et membre de l'Ovif, estime qu'on ne peut pas parler de réussite.
«Si on peut considérer que l'islamisme politique est en perte de vitesse, l'islamisation de la société, elle, a pris et continue de prendre de l'ampleur.» La cause ? «L'absence d'ouverture», explique-t-elle. «Comment une société peut-elle évoluer en l'absence d'ouverture et d'échanges ? Quand l'école ne transmet pas les valeurs universelles ?», interroge-t-elle. La régression des mentalités et l'instrumentalisation de la religion à l'encontre de l'émancipation des femmes sont le résultat d'un travail entrepris il y a une vingtaine d'années, estime pour sa part Dalila Djerbal, sociologue, membre du Réseau Wassila/Avife d'aide aux femmes et aux enfants victimes de violences.
«Les islamistes ont inondé l'espace médiatique et le marché du livre des pires productions du Moyen-Orient, ont envahi l'école. On continue d'avoir droit à des fetwas complètement absurdes, des prêches rétrogrades qui sont une atteinte à l'intelligence de l'être humain», regrette la militante, choquée par la campagne de «voilage» de fillettes par une association islamiste à Blida. «Il s'agit là d'une hyper-sexualisation des enfants.
Cela ne diffère pas de leur mettre du maquillage et ne les protège pas des agressions», explique-t-elle. Mme Chouaki tient les autorités pour responsables en grande partie de l'islamisation de la société. «Le pouvoir ne cesse de céder face aux islamistes comme il l'a fait en 2005, les amendements apportés au code de la famille n'ont finalement pas touché au tuteur matrimonial qui consacre la femme mineure à vie», a-t-elle regretté, soulignant que le code de la famille, seule loi non séculaire, est un «cadeau aux islamistes».
Mme Djerbal estime que la société doit faire un travail de réflexion sur elle-même. «Une grande part de responsabilité incombe aux religieux, complices par leur silence sur les exactions du terrorisme islamiste et les fetwas absurdes. Mais la responsabilité est celle de toute la société. Elle doit lutter et réfléchir à un projet de société, où nous nous acceptons tels que nous sommes. Il n'y a pas un modèle d'Algériens et d'Algériennes.
En hidjab, en djilbab, en jupe ou en pantalon, nous devons lutter ensemble pour la dignité, pour qu'on reconnaisse nos droits», a expliqué Mme Djerbal. Les féministes, présentes hier au sit-in, ont toutes dénoncé l'instrumentalisation de la religion. «Cet argument n'est brandi que lorsqu'il s'agit de la femme et du code de la famille, les autres lois sont séculaires et cela ne dérange personne», regrettent-elles. «Notre combat est un combat à l'échelle maghrébine et arabe. Nous ne sommes pas sorties d'affaire. C'est un combat mondial.
Un combat pour la sécurité, la dignité et l'intégrité physique et mentale des femmes. Des solidarités entre les femmes du monde doivent se tisser sur le terrain», explique Mme Djerbal qui ajoute : «C'est aussi un combat contre les différentes forces sous l'emprise desquelles nous sommes, notamment les forces impérialistes qui tentent de nous vendre ces ‘révolutions' menées de l'extérieur. Une révolution vient de l'intérieur du pays, de sa population, de ses différentes catégories, de ses intellectuels, de ses jeunes et de ses femmes.»


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