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Bordj Badji Mokhtar, cette contrée oubliée
reportage : Privée de panneaux de signalisation routière, de routes, d'électricité, d'internet, d'eau potable
Publié dans Le Temps d'Algérie le 02 - 04 - 2013

A Bordj Badji Mokhtar, ce qui frappe d'emblée les visiteurs, c'est l'absence totale de plaques de signalisation routière. Pourtant, de nombreux camions et autres véhicules circulent, parfois à toute allure. Le goudron est presque inexistant, cédant la place au sable qui couvre toute la commune.
«Nous avons besoin d'une route. Regardez, pas un mètre de route dans cet endroit. Que du sable», affirment de nombreux habitants rencontrés au chef-lieu de la commune de Bordj Badji Mokhtar. L'absence de route n'est pas enregistrée uniquement au centre-ville.
La voie reliant Bordj Badji Mokhtar à Reggane, la ville la plus proche, distante de 650 km, relevant toutes deux de la wilaya d'Adrar, se trouve en piteux état. Sur ces 650 km de route, seuls 250 km sont goudronnés, et le reste est une piste difficilement praticable. «Même les 250 km sont détériorés faute d'entretien», ajoutent de nombreux habitants de Bordj Badji Mokhtar. Le transport se fait rare. «Ici, les taxis prennent 3000 DA par place pour la ligne Bordj Badji Mokhtar-Reggane», avons-nous appris sur place auprès d'usagers de cette ligne.
C'est un lieu presque déserté que nous avons trouvé en nous rendant à la station pour véhicules assurant la ligne Bordj Badji Mokhtar-El Khalil (Mali). «La station est désertée depuis la fermeture des frontières algéro-maliennes. Auparavant, les gens pouvaient prendre le transport ici pour aller à la ville malienne d'El Khalil, distante de 17 ou 18 km d'ici», confie-t-on.
«La route menant de Bordj Badji Mokhtar à Adrar sur une distance de 850 km ne compte que 150 km de route goudronnée. Ici, la plus grande partie des voies est constituée de pistes. On circule sur du sable, comme au centre-ville de la commune», se plaignent les habitants de Bordj Badji Mokhtar que nous avons rencontrés. «Tout ça se répercute sur les prix des marchandises, y compris de consommation courante parce que le transport coûte cher à cause des routes détériorées et impraticables et l'importante distance qui sépare une ville de l'autre», ajoutent-ils.
La fermeture des frontières a fait grimper les prix
Selon de nombreux habitants de Bordj Badji mokhtar, la fermeture des frontières algéro-maliennes a participé à l'augmentation des prix des marchandises. L'explication, selon eux, est que plusieurs de ces marchandises étaient importées du Mali et du Niger dans le cadre du troc ou du commerce, et qu'avec la fermeture des frontières, les distances parcourues pour le transport de ces produits sont plus importantes, donc plus coûteuses, se répercutant de ce fait directement sur les prix.
«Dans tout ça, ce sont les simples citoyens qui payent», disent-ils. La région connue pour le thé préparé sur de la braise connaît une grande consommation de charbon.
«On importait du charbon du Mali et du Niger et ça nous revenait à 20 DA le kilogramme. Depuis la fermeture des frontières algéro-maliennes, nous importons le charbon d'ailleurs, sur des distances plus importantes et le transport nous coûte donc plus cher. Par conséquent, le charbon coûte plus cher depuis la fermeture des frontières et son prix est fixé à 50 DA le kilogramme», lancent-ils, ajoutant également que «presque tout coûte plus cher».
Une conduite de barrage transformée en dépotoir !
«Venez voir dans quelles conditions nous vivons», disent-ils, en nous invitant à les suivre le long de la rue dite Charî'-Lekbir. Quelques centaines de mètres parcourus sur une piste, nous arrivons à la rue dite Charî' El Fawdawi, en référence, selon les habitants de Bordj Badji Mokhtar, «aux constructions illicites qui y existent» juste à côté d'un énorme dépotoir sauvage.
Des tonnes de détritus jonchent un lieu servant de conduite pour un barrage d'eau, nous disent les habitants. «Ce lieu est une conduite pour un barrage d'eau, regardez dans quel état il se trouve. Il est transformé en énorme dépotoir sauvage. Ça illustre l'abandon dont Bordj Badji Mokhtar est victime», commentent ces habitants. Des tonnes de détritus de toutes sortes jonchent les lieux.
8 fours à pain pour plus de 20 000 habitants
Même le pain est difficilement accessible à Bordj Badji Mokhtar. Il existe uniquement 8 fours dans cette commune qui comptait, au dernier grand recensement de la population et de l'habitat (GRPH), plus de 20 000 habitants. Parce que ces fours ne suffisent pas à satisfaire les besoins de la population locale, des baguettes de pain sont vendues à même le sol, dans la rue Chari'Lekbir, et le dernier arrivé n'est pas servi.
Ce sont en particulier des Maliens et d'autres ressortissants africains qui tentent de se procurer du pain et de le vendre. De ce fait, les 8 fours existants ne peuvent pas satisfaire toute la demande de la population de Bordj Badji Mokhtar. «Je passe la journée à tenter de me procurer du pain, parfois en allant jusqu'à Reggane, à 650 km d'ici, pour en ramener et le revendre ici.
Ça me permettra de gagner un peu d'argent qui me permet de survivre», dira Mamadou.
D'autres Maliens et ressortissants d'autres pays africains tentent, au même titre que les gens de Bordj Badji Mokhtar, de survivre aux conditions de vie très difficiles en vendant toutes sortes d'objets à même le sol. D'autres travaillent du lever du soleil jusqu'à la tombée de la nuit dans des chantiers appartenant à des particuliers, sous un soleil de plomb, pour gagner un peu d'argent.
Hasna la Togolaise
C'est à l'intérieur d'un local en parpaing dans la rue dite Chari' El Fawda que nous avons rencontré Hasna. «Je suis togolaise et je prépare ici des plats pour déjeuners et dîners», a-t-elle déclaré. Nous l'avons rencontrée avec un homme. «Lui, il m'aide à préparer les plats», a-t-elle ajouté. Un grand feu est allumé sous une grande marmite et les deux personnes étaient très occupées.
C'était bientôt l'heure du dîner. Les plats devraient être prêts dans peu de temps. «Nous préparons des plats pour les ressortissants africains. Nous proposons les déjeuners et les dîners. Ici, beaucoup de ressortissants africains viennent manger», affirme Hasna. Ici, la vie est dure pour tout le monde. Hasna et son aide tentent de gagner leur vie en proposant des plats dont les prix sont abordables pour d'autres ressortissants africains.
Un seul cybercafé pour toute la commune
A l'extérieur, peu de gens circulaient. Beaucoup préfèrent rester chez eux pour s'abriter du soleil torride qui rend la circulation, l'après-midi à Bordj Badji Mokhtar, presque impossible. «Beaucoup de gens préfèrent faire la sieste en attendant que le soleil baisse d'intensité pour sortir», explique-t-on. Les rues de Bordj Badji Mokhtar sont ainsi presque totalement désertées toute l'après-midi jusqu'à 17h30 ou 18h.
Beaucoup de commerces restent fermés pendant ce laps de temps. Un seul cybercafé et un seul bureau d'Algérie Poste existent à Bordj Badji Mokhtar où aucune agence bancaire n'est ouverte. «Il y avait une agence de la banque algérienne de développement rural (Badr), qui a fermé à la fin des années 1990 à cause du terrorisme. Elle n'a jamais rouvert depuis», précise-t-on. Ce n'est pas tout. Les populations sont souvent confrontées à une pénurie de liquidités dans ce seul bureau d'Algérie Poste.
L'absence de l'agence Badr constitue un grand handicap pour les agriculteurs de la région. A Chari' Lekbir, nous avons rencontré des agriculteurs de la ferme El Wiam (réconciliation) qui ne cachent pas d'ailleurs leur amertume. «La fermeture depuis la fin des années 1990 de la seule agence de la Badr se trouvant dans la commune de Bordj Badji Mokhtar nous pénalise lourdement», nous diront-ils. Ils ne bénéficient pas donc de soutiens financiers et autres accordés par les pouvoirs publics aux agriculteurs des autres régions du pays gérés par cet établissement bancaire.
Parcourir 650 km pour passer le bac
La commune de Bordj Badji Mokhtar dispose, à ce jour, d'un seul lycée. «Il existe un projet de réalisation d'un deuxième lycée», dira le président de l'assemblée populaire communale (APC) de Bordj Badji Mokhtar. En attendant, les lycées arrivant à la classe de terminale trouvent toutes les difficultés du monde pour passer leur baccalauréat.
Ces lycéens sont tenus de passer ces examens à Reggane, distante de Bordj Badji Mokhtar de 650 km. «Vous imaginez les difficultés rencontrées par les élèves de terminale et vous comprenez pourquoi le taux d'échec au baccalauréat est important ici», ont-ils dénoncé.
De notre envoyé spécial


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