La forte augmentation des populations de méduses pourrait bien être l'une des causes de la contraction des stocks halieutiques constatée en mer Méditerranée et en mer Noire, constate un nouveau rapport publié jeudi par la FAO. "La surpêche, qui fait disparaître les grands prédateurs marins, est l'un des facteurs expliquant cette prolifération de méduses", a précisé le rapport, ajoutant qu'un cercle vicieux peut s'ensuivre, puisque les méduses se nourrissent de larves de poissons et de juvéniles, ce qui réduit encore la résilience des populations halieutiques déjà frappées par la surpêche". Selon le rapport, normalement, seule l'incidence de la pêche pratiquée par l'homme est prise en compte pour fixer les seuils de référence pour une pêche durable. "Mais les méduses peuvent avoir des répercussions considérables sur les œufs et les larves de poisson, soit directement, soit parce qu'elles entrent en concurrence avec d'autres espèces pour leur nourriture", ont expliqué les rédacteurs du rapport, préconisant de "prendre en compte les méduses dans toute approche écosystémique de la gestion des pêches". Les méduses sont de plus en plus présentes dans les océans du monde entier, ce qui conduit certains experts à parler d'un changement global de régime, d'un océan de poissons à un océan de méduses, dans lequel les méduses supplanteraient les poissons, selon la FAO. Bien que les raisons expliquant ce phénomène ne soient pas parfaitement comprises, elles incluent sans doute, outre la surpêche, le réchauffement climatique, qui favorise les espèces tropicales, l'eutrophisation, qui s'accompagne d'une augmentation de la richesse de l'eau en nutriments et le recours massif aux digues pour prévenir l'érosion des côtes et le grand nombre de ports touristiques, habitat idéal pour les méduses qui au début de leur vie sont des polypes, a-t-on précisé. Pour prévenir la prolifération des méduses ou y faire face, les rédacteurs du rapport ont préconisé certaines mesures dont "l'intégration de la recherche sur les méduses aux recherches halieutiques et le développement de produits à base de méduses pour l'alimentation - certaines espèces sont consommées dans plusieurs pays - ou la médecine". Il est recommandé également, "l'utilisation de la +méduse immortelle+ capable d'inverser le processus du vieillissement et riche de promesses, pour l'élaboration de produits régénérants pour les êtres humains" ainsi que "l'adoption de systèmes d'alerte précoce signalant le pullulement des méduses, associés à des barrières de protection dans les élevages aquacoles".