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Un musulman d'une très grande science
REFLETS HOMMAGE AU TRADUCTEUR DU CORAN, LE SAVANT MUHAMMAD HAMIDULLAH
Publié dans L'Expression le 09 - 02 - 2003

Tous les spécialistes des religions révélées le reconnaissent comme tel.
Le monde musulman vient de perdre une grande personnalité religieuse, un militant de l'absolue conformité avec la science de l'ensemble de la Révolution coranique. Le savant et traducteur du Coran, Cheikh Muhammad Hamidullah s'est éteint le 17 janvier 2002 à Jacksonville, en Floride (USA). Le 19 février 2003, il aurait eu 95 ans.
Cet immense savant en science religieuse n'a eu, sa vie durant, ni repos ni cesse qu'il n'ait expliqué le Coran avec une clarté exceptionnelle et une tolérance dans la pensée et dans l'action. Sa traduction du Coran (plusieurs millions d'exemplaires diffusés à travers le monde francophone), accomplie avec une compétence scrupuleuse et une humilité infinie qui n'ont d'égale que sa foi inébranlable en Dieu, fait autorité. Il n'est aucun spécialiste qui n'en fasse bon usage. Polyglotte et linguiste talentueux, Hamidullah cherche et trouve, au mot coranique, son équivalent plus juste dans la langue humaine dans la mesure où cette langue prête intelligemment aux nuances et aux subtilités de celle du Coran qui est, elle, une Révélation «en langue arabe pure» (XXVI, 195), «en une langue arabe claire» (XVI, 103). C'est ce qui, probablement, motive sa méfiance à l'égard de certaines théories que les scientifiques, par expérience et analyse, savent qu'elles sont changeantes et n'ont donc qu'une valeur relative, immédiate, étant entendu qu'avec les progrès de la recherche, et grâce aux moyens techniques de plus en plus sophistiqués qui permettraient des observations fines et raisonnables, ces théories seraient infirmées, réfutées ou abrogées, tôt ou tard.
Cette remarque est également valable, en ce qui concerne les traductions du Coran. On en a recensé quelques-unes même en vers, celles d'Ullmann (Crefeld, 1840) et de Henning (Leipzig, 1 901) ! Pour la plupart, des toutes premières aux toutes récentes, ces traductions valent ce qui valent leurs traducteurs, ou plus exactement ce que valent la qualité et la formation de leurs traducteurs - car toute traduction est déterminée par les intentions qui y sont mises. C'est ainsi que l'on trouve des versions de traducteurs chrétiens, musulmans, mystiques, non-croyants, etc. Cela ajoute à cette vérité courante qu'«Une traduction du Coran, si parfaite qu'elle soit, si chargée de commentaires qu'elle se présente, ne peut se suffire à elle-même». A titre d'exemple, que d'explications, que de justifications trouvées à l'expression coranique «Iqra», traduite par «Prêche!», par «Lis!» ou par «Récite!»! Que de commentaires superflus, et souvent en surcharge, alourdissent la traduction! Que de titres, de sous-titres et d'intertitres sont parfois insérés entre les sourates et entre les groupes de versets pour tenter d'en éclaircir le sens, mais qui deviennent - Hélas! - autant d'interpolations pouvant induire en erreur le lecteur non averti le laissant croire qu'elles font partie du texte sacré!
Dans leur bref avant-propos au livre Initiation à l'Islam de Muhammad Hamidullah - petit livre par le format mais dense par le contenu -, les traducteurs et spécialistes de l'islam justifient la version française en écrivant, en 1966: «C'est pour répondre au besoin certain et croissant d'une saine connaissance de l'Islam que cet humble effort est entrepris.» Oui, en Islam, toute action doit être «humble» et «en vue de Dieu».
D'emblée dans ce «petit» livre, l'auteur, indirectement, déclare son sentiment intime face à l'humanité. Esprit, à la fois, ouvert au modernisme et très attaché à ses convictions islamiques, Muhammad Hamidullah rappelle, à l'homme de raison, les repères de conduite humaine. «A en juger par les traces les plus anciennes de l'homo sapiens, écrit-il, l'homme a toujours eu conscience de l'existence d'un être suprême». Et précisant sa pensée, il ajoute: «Nombreux sont ceux qui, au cours de l'histoire, consacrèrent leur vie à la réforme socio-religieuse de leurs peuples; nous en rencontrons à toutes les époques et dans tous les pays. Dans l'Inde, il y a ceux qui ont reçu la révélation des Véda, et il y a le grand Bouddah; la Chine a son Confucius; l'Iran a ceux qui lui transmirent le Zend-Avesta. La Babylonie a produit un des plus grands réformateurs, Abraham (pour ne pas parler d'Enoch et de Noé, ses ancêtres, dont nous n'avons que de maigres souvenirs). Le peuple Juif peut à juste titre être fier d'une longue série de réformateurs: Moïse, Samuel, David, Salomon, Jésus...entre autres.»
95 ans, une vie entièrement consacrée à l'étude de l'Islam et à l'approfondissement d'une spiritualité sans cesse enrichie et renforcée. Muhammad Hamidullah est né le 19 février 1908 à Hyderabad, capitale de l'Andhra Pradesh, dans le Deccan (Inde). Il a enseigné le droit dans sa ville natale et à l'étranger, à partir de 1947, peu après la proclamation de l'indépendance de l'Inde et sa partition en deux Etats: le Pakistan et l'Union indienne. A cette époque, près de quinze millions de personnes ont été déplacées. Muhammad Hamidullah est alors à Istanbul, à Genève, puis à Paris où il trouve asile chez des amis avec lesquels il crée bientôt, comme dans les villes précédentes qui l'avaient accueilli, des associations islamiques. En 1958, à Paris, il fonde le Centre culturel islamique en vue de promouvoir l'amitié islamo-française et instaurer le dialogue interreligieux en France. Dans les années 60, ce projet se développe tant bien que mal. en 1962, est née, à l'initiative de Hamidullah, l'Association des étudiants islamiques de France (AEIF). Le savoir religieux et la pédagogie moderne du «Professeur» (ainsi seulement nommé par ses étudiants) ont attiré des étudiants étrangers musulmans d'Afrique, du Maghreb, du Moyen-Orient et des prosélytes de plusieurs nationalités. On peut dire qu'à cet égard, il a été un pionnier des relations islamo-chrétiennes.
De plus, ses «initiatives de rapprochement» se sont développées à la faveur de son entrée au CNRS, des échanges aussi qu'il a pu avoir avec les grands orientalistes français (Louis Massignon, Jacques Berque, Henri Laoust, Georges Marçais, etc) et tout particulièrement, grâce à l'organisation, sous l'égide de l'Eglise catholique représentée par le Père Michel Lelong du Secrétariat pour les relations avec l'Islam (SRI), les premières réunions entre musulmans et chrétiens dans la paroisse de Saint-Séverin, à Paris.
Mais le poids des ans est là, ainsi que la maladie. En 1997, le professeur Muhammad Hamidullah finit par rejoindre sa famille à Jacksonville, aux Etats-Unis où il décède, après cinq années de soins et de traitements médicaux dispensés par sa petite-nièce Sadida. Et puis, Dieu est souverain en son Décret...Aujourd'hui, tous ceux qui l'ont connu de près, ses amis, ses étudiants ou qui ne le connaissent qu'à travers ses ouvrages, rien ne les étonne plus de tout ce qui touche à ce «puits de science», ce Professeur qui «avait soutenu, écrit son admirateur et disciple, Amara Bamba, non moins de cinq thèses de doctorat sur l'histoire, la botanique et bien d'autres domaines encore». Rien non plus n'étonne ceux qui l'ont côtoyé et aidé de ce qui se rapporte à sa modestie, à sa vie frugale, à sa passion pour l'étude et la recherche, et à son immense fraternité humaine.
Muhammad Hamidullah a écrit plus de 2000 articles. Ses principaux ouvrages sont: Le Coran, avec la collaboration de Léturmy (M.), traduction intégrale et notes, Paris, Club français du Livre, 1959 (avec une liste des traductions parues dans toutes les langues depuis le XIIe siècle). Le livre des Généalogies d'al-Baladhûrî, dans Bulletin d'Etudes orientales, XIV, 1952-1954. Introduction to Islam, Paris, 1958. Le Prophète de l'Islam, sa vie, son oeuvre, 2 vol., Paris, Vrin, 1959. Les rapports économico-diplomatiques de La Mecque, dans Mélanges Massignon, t. II, Damas, 1957. The Muslim conduct of state, dans Islamic culture, XV-XVI, 1941-1942. the Batterfields of Prophet Muhammad, Working, 1953. Le chef de l'Etat musulman à l'époque du Prophète et des califes, Recueils de la Société Jean-Bodin, 20, 1970, 481-514. Administration of justice under the early Caliphate, Journal of Pakistan Historical Society, 19, 1971, 1-50.
D'autres publications sur la botanique (à partir de dictionnaires arabes tels que Lissân al arab), sur l'Océan (al bahr al-mouhîte), une biographie d'Ibn Ishaq ou sa traduction du Livre de la conduite d'Etat du jurisconsulte hanafite Assarkhassi. Tout cet ensemble de travaux fait définitivement de Muhammad Hamidullah «un savant musulman orthodoxe et un chercheur scientifique de haut niveau».
(Sources diverses)


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