Dès lors que les partis de ce qu´on continue encore à nommer «alliance» ont renoncé à leur propre programme pour soutenir celui qui leur est extérieur, il n´y a plus de raison de tenir compte du nombre de leurs élus pour façonner les composantes du gouvernement. Le parti FLN ne pourrait invoquer le fait majoritaire que s´il imposait son propre programme au gouvernement. A ce titre, il serait hautement indispensable de lui confier la conduite du gouvernement, ç´aurait été même un coup d´Etat si une force extérieure l´avait empêché de tenir le pouvoir. Or, le FLN a lui-même décidé de mettre entre parenthèses son programme malgré qu´il détienne la majorité à l´APN et qu´il contrôle la majorité des APC et des APW. Il n´est donc pas normal qu´il fasse jouer le jeu de la majorité pour s´imposer dans la mise en oeuvre d´un programme qui n´est pas le sien. Tous les partis qui soutiennent donc le programme du président, et pas le leur, sont à égalité de chances pour diriger le gouvernement. Le président peut même décider de confier la conduite du gouvernement à un parti comme l´UDR, compte tenu que le seul critère admis est celui du soutien du programme présidentiel, ou alors à une personnalité non partisane, comme ce fut le cas de Smaïl Hamdani et de Benbitour. On comprend le dépit de Belkhadem quand il cherche à faire admettre, à juste titre d´ailleurs, que la paternité de la réconciliation nationale revient au FLN, sans préciser d´ailleurs qu´elle était partagée avec le FFS, face au RND qui l´impute au seul président. Mais Belkhadem doit admettre que c´est le FLN lui-même qui a rendu sans objet la majorité qu´il détient en renonçant à son propre programme et en acceptant que le poste de chef du gouvernement ne revienne pas à son parti. En s´attaquant à l´administration (alors qu´il est ministre d´Etat), Belkhadem conjure pour les élections prochaines la réédition du scénario des élections de 1997, organisées par... Ouyahia, alors chef de gouvernement. Face donc à l´administration, dont il demande à ses élus de ne pas trop faire confiance, notamment lorsqu´il s´agit de provoquer la mise en minorité des présidents d´APC, le SG du FLN sait qu´il serait vain qu´il escompte un quelconque dividende de la planification de l´architecture de ses forces. C´est également pour conjurer un tel scénario que le président de l´APN anticipe que les résultats des futures élections en créditant son parti d´une majorité de 80%. Au-dessous d´un tel résultat, il crierait au scandale. Comment alors le FLN pourrait-il, encore une fois, solliciter la confiance de la majeure partie des populations, alors que tout en détenant la majorité, il se pose en victime tout en avouant son impuissance? Une majorité, pour quoi faire? Le FLN a identifié ses deux adversaires: le RND et l´administration. Quant à l´opposition, il en fait peu cas.