La polémique estivale entre Ouyahia et Belkhadem fait sourire dans les chaumières, tant elle rappelle le remake d´un film populaire déjà vu, et tant de fois revu. Par exemple, après le succès de Rocky, l´équipe du tournage réunie autour de Silverster Stallone, acteur et scénariste, a eu l´idée d´exploiter le filon en lançant Rocky II, suivi bientôt de Rocky III et ainsi de suite. On a eu également l´exemple d´Un gendarme à Saint Tropez, avec Louis de Funès et Michel Galabru, ou bien Alien avec Sigourney Weaver, dans ses différentes versions réalisées par Ridley Scott, James Cameron, David Fincher ou Jean-Pierre Jeunet. Tant que ça marche pourquoi ne pas continuer? se disent les promoteurs. Alors, la polémique Ouyahia Belkhadem, un remake? Non, plutôt un avatar du grand débat qui avait eu lieu tout au long des années 90, et qui opposait éradicateurs et réconciliateurs. Les acteurs ont changé : on n´a plus affaire aux Aït Ahmed, Mehri, Abassi Madani, Saïd Sadi, Ali Yahia Abdenour, le conflit idéologique est moins apparent, mais c´est toujours le même. Il prend d´autres appellations, d´autres dimensions. On ne parle plus de dialogue politique et d´application immédiate de la loi sur la généralisation de la langue arabe, le discours a quelque peu changé, mais on distingue toujours les lignes de fracture, au sein de la coalition au pouvoir. Ça aussi c´est une nouveauté. Ce n´est plus l´opposition, réunie autour du contrat de Sant´Egidio, qui anime le débat, mais celui-ci se déroule au sein même du sérail. L´impression générale qui se dégage de ce débat escamoté, c´est que les acteurs politiques essaient d´amuser la galerie, pendant que les affaires sérieuses se passent ailleurs. Cette impression est d´autant plus frappante, que maintenant on fait intervenir des seconds couteaux comme Seddik Chihab du RND ou Abdelkrim Abada du FLN. Alors que le président s´apprête à livrer sous forme d´ordonnance la nouvelle loi de finances complémentaire, qui porte également la première tranche du plan de relance économique de 55 milliards de dollars et que des entreprises comme Sonatrach et Eriad-Setif font le nettoyage dans les rangs de leur personnel, en se délestant des cadres qui auraient, laisse-t-on entendre, passé outre les procédures de passation de marchés, les partis qui forment l´Alliance présidentielle, détournent l´attention de l´opinion, en organisant de faux débats sur la nature du régime (présidentiel ou parlementaire), sur l´amnistie générale ou sur le sexe des anges. Après Alien Vs Predator, version algérienne, opposant les pour et les contre la levée de l´état d´urgence, on attend maintenant les suites de Terminator et de Rambo. Et pourquoi pas une suite de Hassan Terro au maquis? Reste à savoir qui de Ouyahia ou de Belkhadem est mieux dans le rôle d´Alien et qui est mieux dans la peau de Predator! Ces crêpages de chignon, purement politiciens, et qui créent des clivages artificiels, permettent pendant ce temps au vrai détenteur du pouvoir de gouverner au centre, et d´apparaître ainsi dans toute sa sagesse et sa pondération devant l´opinion publique. On avait vu comment, à propos du code de la famille, il y eut tant de querelles de chiffonniers, pour finalement aboutir à un texte qui satisfait le loup sans fâcher le berger. Dans ce contexte, on pourra dire que si Ali Kafi ou même Zeroual étaient des enfants de choeur, il en va autrement de Bouteflika, qui a l´art consommé de laisser filer, voire s´effilocher le débat, de le pousser à aller en guirlande, avant de le rattraper au dernier moment, pour apparaître comme le sauveur.