Sans les histoires de voisinage, nos magistrats seraient plus heureux sur le pupitre... La victime de harcèlements répétés, insultes, injures, vol, menaces, coups et blessures volontaires, a été descendue en flammes par l´inculpé de coups et blessures, un inculpé qui a osé aller au-delà de la raison en accusant la victime, en le nommant de «barbeau du quartier». Et ce dernier qualifie, à son tour, de menteur, l´inculpé, lequel, à son tour, déplore l´attitude de cet occupant d´une villa voisine et que le père à renié pour son comportement vis-à-vis des voisins. Et les voisins, Boualem Bekri, le président de chambre n´en a cure. Il a tellement vu passer de mauvais voisins qu´il invite les parties à aller à l´essentiel. Mais la victime, elle, avait saisi l´occase pour «scier» carrément le père et le fils inculpés de coups et blessures. Il va entrer dans un long monologue, passant vraiment pour une victime de hogra émanant de voisins: «Il m´a poursuivi jusque chez moi avant que son père ne vienne l´aider à me corriger d´une honteuse manière», a dit la victime qui n´y va pas avec le dos de la cuillère en accusant la famille adverse de lui avoir porté des coups à l´aide d´une arme blanche. «J´ai fourni un certificat médical. J´en veux beaucoup à mes voisins, surtout qu´ils m´ont manqué de respect et ce, devant ma mère qui a mal avalé cette situation. Je demande la protection de la justice», avait conclu la victime qui n´a pas pu voir le papa de Moumen hocher la tête comme pour signifier: «Quel menteur, ce voisin!» Et lorsque son tour arrivera, il prononcera le mot «menteur» cinq fois. Il ira même jusqu´à dire «le procureur de la République» au lieu de «procureur général» à l´encontre de ce brave Abdelghafour Kahoul, qui a dû ne pas en vouloir à la victime qui ignore tout des concepts judiciaires. Maître Rachid Daoui, le jeune avocat de l´inculpé, a rappelé que son client avait déjà déposé plainte à l´encontre de ce fils de famille au très mauvais comportement. «C´est le cas-type d´une victime à étudier dans son tout. C´est presque un malade, allant jusqu´à balancer des sachets pleins de détritus.» Puis, l´avocat, passant à l´étudiant Moumen, inculpé de coups et blessures a évoqué l´article 53 bis 4 du Code pénal et donc, une amende assortie du sursis serait amplement suffisante. «Il est vrai, monsieur le président, que la victime avait présenté un certificat médical mais, comme vous l´a si bien expliqué mon client, ce monsieur, qui ne travaille pas, est insupportable. Il rackette les voisins, manque de respect aux jeunes étudiants du quartier, menace les gens qui ne lui ont rien fait et, comble de la méchanceté, il lui arrive de remplir des sachets de détritus de toutes natures pour les balancer par-dessus les clôtures des villas voisines», a dit le longiligne avocat qui a perdu beaucoup de salive pour tenter d´exhiber les circonstances atténuantes les plus larges en vue de sauver ce sexagénaire et son fils de la peine de prison infligée par le tribunal, même si elle est assortie du sursis. Bekri, qui a l´art de ne pas laisser les avocats aller au-delà du dossier, va penser haut: «Ah! ces voisins! On n´a jamais fini d´en écouter, alors qu´il y a autre chose à faire!»