«On peut cacher toute la vérité, une partie du temps, on peut cacher une partie de la vérité tout le temps, mais on ne peut pas cacher toute la vérité tout le temps.» Abraham Lincoln La chronique sur la bataille des documentaires sur le 8 Mai 1945 continue de faire parler d´elle, provoquant des réactions outre-mer. Ainsi, après Yasmina Adi, c´est au tour de Pierre-Olivier Krepper, producteur délégué de Mémoires du 8 Mai 1945 réalisé par Mariem Hamidat, qui nous écrit «gentiment» pour apporter quelques précisions. Ainsi, le producteur précise que la réalisatrice n´a pas bénéficié seulement de 15.000 euros (on n´en doute pas), mais d´un budget global avoisinant les 100.000 euros, financé conjointement par le CNC français, TVRennes35, le ministère de la Culture algérien dans le cadre de «Alger, capitale de la culture arabe 2007» et évidemment, sa société de production HKE Production. Il précise que les autres 15.000 euros du budget alloué par l´Algérie n´ont pas été «pris» par le producteur algérien, mais font partie de l´accord conclu avec le coproducteur algérien, qui prévoyait un budget de fonctionnement et une participation à la production exécutive du film en Algérie. Il est clair et établi que pour écrire ou réécrire l´Histoire, l´argent et la nationalité du réalisateur ne sont pas déterminants. Le plus important est d´offrir aux téléspectateurs la vérité sur des faits longtemps étouffés en profitant de l´existence physique et mentale de quelques témoins-clés de cet épisode douloureux de l´Histoire de l´Algérie. Loin de nous, l´ambition et l´intérêt de détruire ou démolir ce travail de recherche. Il est néanmoins, de notre droit de critiquer, encore une fois, non pour détruire, un travail qui, à notre sens, sert surtout certains intérêts politiques non exposés sur la page de l´Histoire. Pourquoi faut-il que cela soit des réalisatrices algériennes vivant en France, travaillant pour des producteurs français dont l´intérêt pour l´Algérie ne s´est pas affaibli ou affiché? Pourquoi ces documentaires ne sont jamais diffusés par les diffuseurs algériens et restent confinés à l´espace exclusivement français alors qu´il s´agit d´une Histoire commune? Ce ne sont que des questions. Il est clair que Yasmina Adi et Hamidat Mariem, n´ont pas encore l´expérience de Daniel Costelle qui nous a fait aimer le documentaire historique grâce à sa série le Monde en Guerre; elles n´ont pas encore l´étoffe de Ken Burns, grâce à qui Apple a créé le zoom Burn qui fait bouger une image immobile, ou encore Michael Moore, qui a donné à l´image d´actualité un vaste sens politique. «On peut cacher toute la vérité une partie du temps, on peut cacher toute la vérité une partie du temps, mais on ne peut pas cacher toute la vérité tout le temps», dixit Abraham Lincoln. [email protected]