Dans toute affaire de trafic de drogue, c´est simple. Il y a ou il n´y a pas de délit. Il n´y a jamais de demi-mesure. Maître Lamouri va encore le démontrer... C´est connu que dans notre pays, le trafic de came fait des siennes. Et ce fléau est combattu férocement et par les services de sécurité et par l´appareil judiciaire. C´est pourquoi, lorsque les éléments de la police judiciaire et leur chef, le procureur se trompent de cible, les juges du siège corrigent et quelquefois très bien même, pour le renom de la justice, voire pour le repos des âmes des citoyens dont beaucoup redoutent des poursuites entamées sur du vent. Samedi, Maître Benouadah Lamouri était sur un brasero du fait avéré et dangereux, que son client, inculpé très lourdement dans une affaire de trafic de drogue, risquait une moche peine de prison ferme, outre une forte amende. Pauvre Hakim L. vingt-trois ans, la jeune juge met du sien en interrompant les propos de Tarek, le coinculpé, dont les réponses aux questions de l´avocat Brun «soulageaient» le client. Hakim tient bon. Il déclare au tribunal qu´il connaît Tarek.F. à Staouéli. «Comme ça» et que c´est même pas une connaissance. «Je n´ai jamais touché à la drogue. Je n´ai pas encore compris pourquoi il m´a mouillé.» Tarek.F. maintient ses dires: «Hakim a déposé le paquet chez moi. Trente minutes après, les policiers sont arrivés et découvert le pot-aux-stups», mâchonne-t-il avant que Messaoud Kennas, le procureur, ne s´exclame sur le «pourquoi Hakim et pas un autre jeune». «Les deux inculpés revendent de la drogue.» Rien que pour cela, il requiert un an de prison ferme pour chacun des deux prévenus, en prenant soin de regarder en direction du pupitre du juge, où se trouvent les preuves matérielles du délit. Même grippé, Maître Lamouri, prend à bras le corps sa percutante et bruyante plaidoirie en s´appuyant sur la personnalité du codétenu venu aujourd´hui en qualité de prévenu en liberté provisoire. «Si Tarek est un drogué notoire en pleins soins, Hakim, mon client, un tôlier, est loin de tout ce qui peut mener en taule», a affirmé le conseil qui saute une ultime fois sur la personnalité de son client. «Il ne fume même pas de tabac ordinaire, relaxez-le au nom de l´innocence et surtout de l´absence de preuves, car nous sommes en correctionnelle et c´est tout dire autour de cette juridiction que nous refusons comme étant une machine à peines.» Méfiante, mais honnête, la présidente, prononce le verdict en fin d´audience. Tarek est condamné à une peine de prison de six mois ferme, tandis que Hakim a été relaxé purement et simplement. A-t-il été victime d´une méprise? Mais la justice est là. Elle veille à la bonne réputation et tant pis pour ceux qui n´y croient pas, surtout, lorsque des magistrats sont là, depuis neuf heures tapantes avec le souci principal de se poser à l´issue de chaque audience, cette douloureuse question: «Combien de ratages ce jour avec ma centaine d´affaires en cours et surtout la cinquantaine traitée dont la moitié est restée en examen? "Ou" nous respectons ce genre de magistrats et ce n´est pas ce valeureux avocat Maître Mohammed Djediet, qui pourrait nous contredire, lui qui adore plaider devant des magistrats propres, corrects, et surtout courageux...»