Beaucoup de parents vivent un calvaire, voire un cauchemar, face à leur progéniture. Ce n´est pas propre à notre seule société, mais tout de même... Il y a des avocats qui refusent de défendre des auteurs d´homicides volontaires. D´autres ne veulent pas s´approcher des amateurs de «Bacchus». Maître Fodil, lui refuse obstinément de se mettre aux côtés des inculpés de coups sur ascendants. Mieux, ce procès lui a permis de défendre une maman victime de coups et blessures de la part de son fils. L´auteur de coups et blessures sur sa maman a souffert le martyre à la barre du tribunal d´El Harrach (cour d´Alger). Rachid M.H., la trentaine, est poursuivi sur la base de l´article 267 du Code pénal, un article qui date, tenez-vous bien, de 1975, de l´ordonnance n°75-47 du 17 juin 1975- et donc, prévu treize ans seulement après l´indépendance i-e. l´Algérie venait de se tourner résolument vers des lois algériennes et ordonnances dûment signées par feu le président Houari Boumediène qui voulait dans la foulée sortir du code «français». Le calvaire et le martyre vécus par cet auteur de coups et blessures volontaires à l´encontre de sa...maman venue à la barre flanquée de Maître Djamel Fodil pourtant contacté par le tonton de l´inculpé: «Jamais, vous entendez, jamais je ne me constituerai pour un coupable d´agression d´un individu sur ses parents!», avait fulminé l´avocat qui avait alors décidé de se mettre du côté de la maman-victime, heureuse de trouver un défenseur à titre gracieux. La présidente de la section correctionnelle avait eu ce mot en direction de la maman: «Hadja! Que s´est-il passé, il y a trois jours chez vous? Racontez sans haine, ni pleurs. Le tribunal est là pour rendre justice», dit la juge qui allait apprendre que l´inculpé avait auparavant tout brisé. La vaisselle après le poste TV, le fer à repasser vendu! La parabole et la tête revendues. Les miroirs «créations du diable» brisées. C´est lorsque je lui ai demandé de partir qu´il a usé de violences. Le premier acte a eu lieu, il y a un peu plus d´un mois. Il m´a poussé depuis l´entrée du salon. J´ai traversé sur les fers tout le couloir jusqu´à la porte d´entrée. Il y a quinze jours, il m´a craché sur le visage lorsque je lui ai refusé de l´argent de poche. Mais là où il a dépassé le seuil de l´intolérable c´est la série de coups assénés sur la tête et sur le dos... «Mais pourquoi donc?» coupe la présidente en s´adressant au détenu qui n´a pas cess é de murmurer: «Pourquoi me fais-tu ça maman?» Rachid M.H. répond par des propos graves et à la limite du supportable pour une magistrate mère de famille: «Elle ment oui, j´ai cassé tous les symboles de Satan mais je n´ai jamais levé la main sur elle». «Quoi? vous aggravez votre cas? Traiter votre mère de menteuse. OK le tribunal est édifié, Madame la procureure, faites vos demandes SVP merci.» «Cinq ans de prison ferme. Vous aurez tout le temps de méditer votre geste durant toute cette période», avait sifflé la représentante du ministère public, qui allait rester bouche-bée devant l´assaut inattendu de Maître Fodil qui avait d´abord pris la maman par les épaules en expirant très fort et invoquant Allah par trois fois avant de citer un verset du Coran où Allah recommandait de prendre soin des parents. «Cet enfant de trente n´a pas suivi le conseil d´Allah», s´est écrié le défenseur qui a ajouté que «non seulement, il n´a pas pris soin de sa mère, mais encore, il l´a agressée et lui a porté des coups sans discontinuer!» Ensuite en demandant le dinar symbolique, Maître Fodil s´est dit triste de malmener un enfant devant sa mère mais heureux d´avoir vu la face de l´inculpé virer au «jaune citron» au moment où il avait entendu les cinq ans requis. Avant de se retirer aux côtés de Hadja Mériem qui n´avait pas bronché lorsque la juge avait renvoyé Rachid aux «Quatre Ha» pour quatre longues années. En quittant la barre, le frais condamné lança: «Pourquoi ma mère?» Cette dernière lança: «Reste le verdict d´Allah car moi, humaine et mortelle, j´ai déjà oublié la peine mais pas les misères infligées répétées et durables.» La présidente, elle, était déjà derrière un inculpé de conduite en état d´ivresse. Tout un programme.