Un commissaire principal obtient la relaxe au tribunal pour abus de confiance et d´autorité. Devant Megari, la victime, une commerçante en habits de fête a crié sa douleur après le verdict. La victime d´abus de confiance, Madame Bihil, couturière à Alger, avait interjeté appel contre le verdict du tribunal de Bir Mourad Raïs, juridiction qui relève de la cour d´Alger car la relaxe accordée au commissaire de police, criant lui-même à l´injustice, devant les poursuites engagées à son encontre, avait été jugée inadéquate par le parquet, entre autres. «Madame, que s´est-il passé entre vous et l´inculpé?» dit, avec un regard clair, aussi clair que le ciel de ce dimanche 28 juin 2009, qui domine le siège de la cour d´Alger du Ruisseau. Ce monsieur s´est rendu coupable d´abus de confiance et d´abus d´autorité à mon encontre car il s´est présenté dans mon magasin se proposant d´acheter un burnous et une robe de mariée pour un mariage et m´a assuré que si jamais ces habits ne l´intéressaient pas, il me les rendrait aussitôt. Résultat: jusqu´à ce jour, je n´ai plus revu mon bien. L´inculpé relaxé en première instance était ce jour prévenu d´abus de confiance et d´autorité, debout, la face jaune-citron. Il voulait parler en même temps que la dame qui verra son employée, une Russe témoigner que le monsieur n´était revenu que quelques semaines plus tard avec des habits déjà utilisés lors de fêtes et évidemment sales, les résidus de la confiserie orientale ayant fait le travail. Ce qui a soulevé l´admiration de l´assistance, c´est que Karima Megari, la présidente de chambre pénale avait discuté, avec le témoin dans la langue de Raspoutine! La dame parlera longtemps poussant même la juge à taper du poing sur le pupitre pour obtenir le silence en ce midi douze minutes. L´inculpé lui, n´avait pas réussi à trouver ses repères. Son avocat avait, dans un arabe plus que parfait, tenté d´arracher une relaxe définitive surtout qu´il avait entendu Zaâtout, le procureur général, requérir une peine de prison ferme de un an. Expliquant les rapports de ces deux antagonistes d´une même région montagneuse et démunie, l´avocat a surtout insisté sur la valeur intrinsèque de son client, un cadre apprécié de la Dgsn qui n´avait pas besoin de «ça» pour être déséquilibré, troublé, ému et empêché de s´exprimer au boulot qu´il exerce, loin de la capitale au Sud. Ce qui allait faire ricaner madame B.H.L. qui savait, elle, pourquoi elle était dans cette salle. Pourtant, son avocate lui avait expliqué les termes de l´article 376 qui évoque sur quinze lignes «l´abus de confiance» où l´on souligne outre la mauvaise foi, le détournement, la dissipation, l´emprisonnement de trois mois à trois ans ferme et d´une amende de cinq cents à vingt mille dinars. Du reste de l´article, elle n´en a rien retenu. Avant les demandes du représentant du ministère public, Maître Habiba Madhkour, l´avocate de Madame B.H.L. avait surtout axé son intervention sur le fait que l´abus de confiance est établi. En attendant le verdict attendu et espéré dont le dossier est mis en examen patiemment pour le 13 juillet 2009, la victime exaspérée avait vidé son coeur, ses tripes et surtout asséché le palais et les yeux... Cette battante du commerce d´habits traditionnels a eu cette réflexion envers Megari à propos de l´abus de confiance: «Il faut seulement avoir en tête, l´expression de pseudo-clients venus choisir et éventuellement acheter pour que l´idée d´une quelconque escroquerie vous parvienne au plus profond de vos neurones. Je suis déçue, car abusée: déçue par le verdict du tribunal et abusée par ce fonctionnaire. Rendez-moi justice!» Et cette pauvre B.H.L. va devoir encore pleurer sur le verdict qui a relaxé définitivement le commissaire qui a enduré le calvaire des poursuites. «Je fais un pourvoir en cassation.» Les deux décisions de Bir Mourad Raïs et du Ruisseau sont, pour moi, nulles. A la Cour suprême, on verra bien que l´abus de confiance y est! pense tout haut la grand-mère qui a dû penser se faire une bonne raison de baisser les bras pour le moment, en attendant le burnous et la robe sont toujours dans le coffre de l´auto du commissaire blanchi et heureux..