Les rudes batailles, parquetiers, avocats y prennent un goût épicé lorsque du côté de la défense des conseils de la trempe de ce renard de Maître Lamouri... Il appartient au parquet via un de ses représentants de poursuivre à tout moment. A l´audience, le représentant du ministère public qui n´est pas toujours celui qui a poursuivi, peut réparer une bavure du parquetier qui a entendu les parties lors de la présentation. Dans ce cas, la demande en matière de peine de prison ou d´amende peut aller jusqu´à la demande de la relaxe...ce qui n´est pas en soi un blasphème car un représentant du ministère public est un magistrat qui est, contrairement au magistrat du siège, tenu de s´exécuter sans se poser trop de questions, la tutelle étant au-dessus de toute autre considération. L´inculpé du jour a franchement dépassé la ligne rouge celle de s´en prendre à un fonctionnaire d´une société nationale. Le hic, c´est que tout avocat et même tout magistrat peut lire les termes d´un article de loi comme il l´entend. Voyons de près ceux de l´article 144 (loi du 26 juin 2001) qui dispose: «Est puni d´un emprisonnement de deux mois à deux ans et d´une amende de mille dinars à cinq cent mille dinars ou de l´une de ces deux peines seulement, quiconque dans l´intention de porter atteinte à leur honneur, à leur délicatesse ou au respect dû à leur autorité, outrage dans l´exercice de leurs fonctions ou à l´occasion de cet exercice, un magistrat, un fonctionnaire, un officier public, un commandant ou un agent de la force publique, soit par paroles, gestes, menaces, envoi ou remise d´objet quelconque, soit par écrit ou dessin non rendu public...». Que nos lecteurs veuillent bien nous excuser de tronquer cet article de loi des l´alinéas II et III qui concernent les magistrats ou assesseurs jurés...car l´inculpé du jour n´est concerné que par «l´outrage dans l´exercice de ses fonctions du fonctionnaire». Ce sera d´ailleurs le fameux duel autour des mots et des jeux de mots qui va planer, avec pour arbitre, Nadia Bouhamidi, cette juge qui veut toujours s´appliquer pour aller à la vérité et jamais aux dépens d´une quelconque partie. Et les débats allaient cahin-caha, l´interrogatoire serein avançait grâce à la clairvoyance des partenaires... Faïza Mousrati, la représentante du ministère public d´El Harrach venait de demander l´application de la loi, jargon propre aux parquetiers pour demander la relaxe purement et simplement dans cette affaire d´insultes et de menaces à l´encontre d´un employé de...Sonelgaz! Inculpation à haut voltage, il est bon de le signaler car tout fonctionnaire mérite le respect dû à sa fonction, à toutes les fonctions... Nadia Bouhamidi, la juge n´allait tout de même pas sourire en direction de tels inculpés. L´insulte en elle-même est condamnable. Malheureusement, la victime absente à la barre n´était pas debout pour confirmer «mot à mot» le délit. Pire. La victime avait été entendue en l´absence de témoins, des témoins qui auraient, via leurs propos vécus en direct-line, fait pencher la balance. Et comme l´inculpé avait pour défenseur un certain avocat nommé Maître Lamouri, pas Liamine, ni Nacéra, mais ce vieux renard des juridictions, Benouadah, la démarche des débats allait prendre une ligne droite sans bosses ni creux. D´ailleurs, au cours de son intervention, le défenseur s´est demandé pourquoi a-t-on retenu cette plainte en l´absence de témoins et de preuves palpables... «Madame la présidente, pourquoi a-t-on tiré du "chapeau à poursuites" l´article 144 du Code pénal, cette loi n°01-09 du 26 juin 2001 qui ne prévoit pas le salarié saisonnier ou vacataire. L´article en question évoque un magistrat, un fonctionnaire, un officier public etc. mais pas le vacataire. Cela dit, madame la présidente, quand bien même c´est un fonctionnaire, il n´y a rien dans le dossier, à part les déclarations de la victime. Par ailleurs, l´inculpé est, lui, un fonctionnaire en bonne et due forme. Il n´aurait jamais pu franchir la ligne rouge. Il s´agit ici de la liberté des gens et le tribunal aura saisi le sens de toute notre intervention. La relaxe est l´unique verdict», a soufflé le défenseur qui sourira en s´épongeant le front noyé d´humidité polluée, en prenant acte de la relaxe.