«Regarder ´´loin´´, c´est regarder ´´tôt´´», Hubert Reeves "Extrait de Patience dans l´azur" Il n´y a pas que Rabah Saâdane qui doit tirer des enseignements de cette CAN, puisque même les téléspectateurs algériens ont découvert que l´Algérie avait une télévision peu crédible et vide où la critique et le professionnalisme n´ont pas de place. Avant-hier, les Tunisiens nous ont donné une leçon de liberté d´expression. La Tunisie, qu´une certaine presse algérienne présentait comme un pays politiquement fermé, a démontré au moins qu´elle avait des télévisions libres et plus ouvertes dans certains domaines. Sur le plateau de Stade 7, une question a été posée à un analyste tunisien sur la présence d´une forte critique dans le monde du football arabe et plus particulièrement sur les plateaux de télévisions tunisiens. Ce dernier a déclaré qu´il n´existait pas, dans le passé, ce genre de comportements en Tunisie parce que l´Equipe nationale était considérée comme un tabou et qu´il était interdit de critiquer leur fédération. Alors que les Tunisiens ont dépassé aujourd´hui le stade de la critique, en Algérie on reste au stade basique et primaire de la critique. Après le match contre l´Egypte, les analystes invités sur les plateaux de l´Entv, avaient le même langage. Aucune critique envers l´entraîneur sur sa tactique de jeu, alors que sur une petite chaîne tunisienne Nessma TV, on a décortiqué le jeu des Algériens et on a critiqué l´attitude de Chaouchi sur le terrain. Même chose sur la chaîne MBC ou encore Al Arabya. En plus d´avoir des analystes de qualité sur les télévisions tunisiennes, ils ont investi en invitant des analystes étrangers, qui ont le pouvoir de critiquer une équipe qui n´est pas la leur. Sur ce plan, l´Entv a été placée hors jeu avec un Hassen Djaber, incolore et indolore. Des entraîneurs sans relief et des sujets des envoyés spéciaux à sens unique, l´Entv donnait l´impression qu´elle était dirigée par une seule pensée, une seule vision et un seul parti. Quant à Canal Algérie et son émission Canal Foot, on avait plus l´impression d´être dans un café avec quatre copains discutant gentiment, que sur un plateau de télévision, où le débat contradictoire devait être de rigueur. Une véritable «mahchacha». Il ne manquait que les cafés et les «gazzouzate». Adel Saâdoun, le responsable du Service des sports à Canal Algérie, s´est vraisemblablement trompé de cage, en invitant trois joueurs issus de la même génération, qui ont un sens de l´analyse limité et qui ne connaissent pas les rouages de la Coupe d´Afrique. Seul Chaâbane Merezkane, qui a une petite expérience d´entraîneur a été un peu critique. Mais Merezkane s´est fortement calmé, dans le passé personne ne l´invitait à la télévision. Même cas pour les deux Bouiche qui sont complètement déconnectés de la réalité algérienne. Parfois ça sert, d´avoir un bon ami à Canal Algérie. On notera également que contrairement aux télévisions arabes et tunisiennes en particulier, aucun journaliste de la presse écrite n´a été invité sur les plateaux de l´Entv pour donner son avis sur la Coupe d´Afrique. Les journalistes de la presse écrite ne sont pas désirés à l´Unique, car ils sont critiques et défoncent souvent les portes fermées, mais surtout, ils ne connaissent pas la politique de la boîte Entv, qui consiste à ne pas critiquer le ministre, le président de la Fédération ou l´entraîneur. Finalement on a gagné une équipe, mais on a vraiment perdu une télévision juste et crédible. [email protected]